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Lucie Percevault de Agrimer, Stephanie Lennon de Polaris,   Frédéric Faure de Algaia, Christophe Lombard de Algosource. Tout à droite : Roland Conanec de Biotech Santé Bretagne.
Lucie Percevault de Agrimer, Stephanie Lennon de Polaris, Frédéric Faure de Algaia, Christophe Lombard de Algosource. Tout à droite : Roland Conanec de Biotech Santé Bretagne.
- Chronique -
Algues bretonnes : Recherche, développement et espoirs d'une nouvelle industrie
La Station biologique de Roscoff, ce centre emblématique de la recherche bretonne, accueillait mardi 29 novembre un colloque sur les algues, une ressource naturelle sur laquelle l'industrie agro-alimentaire bretonne est en train de construire un futur durable et oui radieux
Philippe Argouarch pour ABP le 1/12/22 11:44
Forum Blue Cluster 2022 à la Station Biologique de Roscoff :
Réalisation : Pôle Mer Bretagne Atlantique
(124 vues)

La Station biologique de Roscoff, ce centre emblématique de la recherche bretonne en biologie marine, accueillait mardi 29 novembre, un colloque sur les algues, une ressource naturelle sur laquelle l'industrie agro-alimentaire bretonne est en train de construire un futur durable et oui, radieux. Intitulé La valorisation des macro et micro algues "Les biotechnologies bleues au service d'une industrie agro-alimentaire durable, de l'aliment à l'emballage.", le colloque était organisé par le Forum Blue Cluster pour le pôle Mer Bretagne-Atlantique avec la collaboration du Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA) basé à Pleubian, de Blue Train qui vise à positionner le territoire breton en tant que pôle d’excellence en formation professionnelle dans le domaine des biotechnologies marines, le projet ULVANS qui travaille à transformer les algues vertes en aliments pour les animaux et de Seaweed for Europe, une agence européenne auteur d'un rapport pour le développement de cette industrie en Europe

Un peu plus de 150 entrepreneurs et scientifiques (beaucoup sont les deux) se sont rassemblés pour écouter une demi-douzaine de présentations et de tables rondes. La crème des start-up, et des entreprises bien établies comme Olmix, créée en 1995, sont intervenues pour présenter non seulement leur produits mais asussi leurs recherches et leurs espoirs. On citera Aberactives (Roscoff), Agrimer (Plouguerneau), Algaia (Lannilis), Algawell (Sautron), Algood (Trégueux), Algosource (Saint-Nazaire), Eranova (Port-Saint-Louis-du-Rhône), Polaris (Quimper), Ceatech (Quimper), Notpla (London). Les problématiques des réglementations et les financements ont aussi été abordés.

Quoi de neuf ?

Jusqu'à maintenant les polysaccharides, ces molécules aux propriétés étonnantes des algues brunes, étaient extraites par des procédés industriels coûteux et fastidieux, souvent en milieu acide agressif. Aberactives, une start-up fondée par trois biologistes de la station de Roscoff : Bernard Kloareg, Gurvan Michel et Robert Larocque, a mis au point une procédure d'extraction des polysaccharides basée sur les enzymes, appelée "bioraffinage par procédé enzymatique". Une innovation respectueuse de l'environnement et durable qui devrait faciliter l'extraction de ces molécules.

Au niveau des algues alimentaires, on ne peut que signaler une petite révolution en ce qui concerne l'offre. Jusqu'à maintenant il n'y avait que les tartares d'algues qui avaient séduit les consommateurs européens. Ils sont vendus dans les supermarchés. Algood, une start-up de Trégueux a opéré une petite révolution dans le processing de l'algue alimentaire on offrant des algues lactofermentées. La lactofermentation est un procédé naturel qui s'opère quand il n'y a pas d'oxygène. Les algues ne sont plus saumurées, déshydratées, cuites, tartarisées ou congelées, elles sont fermentées comme de la choucroute. Ça ne coûte aucune énergie et ces légumes de la mer se conservent plusieurs mois à température ambiante. Certes, la procédure de fermentation est plus lente qu'avec les légumes, mais il suffit d'ajouter le bon ferment pour accélérer le procédé (10 jours au lieu de 50)

Vincent Doumeizel, l'auteur de La révolution des algues, qui a clôturé la journée par une présentation de son livre, l'a bien compris. La biomasse des algues représente une énorme source de protéines. Les algues ne demandent ni arrosage, ni engrais, ni pesticides, juste de l'eau de mer et de la lumière. Si on y ajoute la lactofermentation, on aurait finalement la possibilité de nourrir la planète entière.

Micro-algues et macro-remèdes

Au niveau des microalgues, il faut noter le développement de cultures de micro-algues pour en extraire des huiles riches en Omega-3. Ces compléments alimentaires qui contiennent de l'acide eïcosapentaénoïque (EPA) et de l’acide docosahexaénoïque (DHA) contribuent à la santé du système cardiovasculaire. La société Polaris, basée à Quimper, est passée maître dans la purification de ces huiles, y compris celles extraites de poissons sauvages. Elle a percé le marché américain. A noter deux autres start-up, Tinctura de Ploudaniel, qui produit de la spiruline sous forme liquide, et Algawell basée à Sautron dans le 44 qui produit à la fois pour l'alimentaire et la cosmétique.

Il reste un long chemin !

Les statistiques de familles de brevets ci-dessus concernent tout brevet dont les algues sont une composante. Cela va de l'algoculture à l'industrie agro-alimentaire, la pharmaceutique et la cosmétique. Crédit groupe Vidon

Damien Guiffant du groupe Vidon a présenté la situation mondiale des recherches. La Chine qui produit 10 millions de tonnes d'algues cultivées par an est loin devant avec environ 10 000 familles de brevets publiés, dont la priorité est Chinoise. Elle est suivie par la Corée du Sud et le Japon, puis les USA. La France est en 5e position mais avec seulement 430 familles de brevets dont la priorité est la France.

Philippe Argouarch

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 5 commentaires :
Jack Leguen Le Vendredi 2 décembre 2022 09:10
Les algues sont l'or brun breton. Nous devons nous engager à fond dans l'exploitation, le développement et la préservation de cette ressource. Alimentaire, cosmétique, pharmaceutique, agriculture, tout y est ! Ca pousse tout seul et sans intrants. Nous devons rattraper notre retard dans l'algoculture au plus vite.
(1) 

Al Coin Le Vendredi 2 décembre 2022 09:10
Il n'ai pas démesuré de penser qu’une BRETAGNE indépendante (ou d’une très forte autonomie et non pas un gadget par lequel l’état parisien se débarrasserait des charges qu’il ne veut plus assurer), et cela depuis au moins 1945 aurait eu un présent et un avenir différent ; si une Assemblée Nationale de Bretagne (ANB) totalement libre de ses décisions (en compétences), et de créer ses ministères, commissions et services spéciaux et particuliers fin d’étudier toutes les possibilités naturelles diverses et répertoriées du pays ! Pour un futur d’Hommes libres !
Ces commissions composées obligatoirement d’acteurs politiques et économiques, industriels et de la société civile bretonne, seraient dédiées au développement, découvertes, et valorisation global des possibilités naturelles « connues ou à découvrir », inventer sur tout le territoire de la BRETAGNE « et des eaux territoriales sous sa responsabilité ».
L’on peut donc parfaitement imaginer que pour la BRETAGNE seule, il y aurait bien davantage que 136 brevets déposés ? Et pas seulement dans la valorisation des algues ? Imaginons un peu, rêvons mais sérieusement !? Pour « réaliser » dans tous les domaines! Vous avez dit AUTONOMIE sous contrôle? Ou INDÉPENDANCE dans l'interdépendance nécessaire?
(2) 

KLG Le Vendredi 2 décembre 2022 10:00
Merci pour cet article intéressant, où la Bretagne a une évidente carte à jouer.
"Les algues ne sont plus saumurées, déshydratées, cuites, tartarisées ou congelées, elles sont fermentées comme de la choucroute. Ça ne coûte aucune énergie et ces légumes de la mer se conservent plusieurs mois à température ambiante. Certes la procédure de fermentation est plus lente qu'avec les légumes mais il suffit d'ajouter le bon ferment pour accélérer le procédé (10 jours au lieu de 50) "
"Les algues ne demandent ni arrosage, ni engrais, ni pesticides, juste de l'eau de mer et de la lumière. Si on y ajoute la lactofermentation, on aurait finalement la possibilité de nourrir la planète entière."
Dans l'absolu pour faire pousser des choux-fleurs, des oignons etc il suffit juste de d'eau de pluie, de lumière, de la terre avec ces minéraux non ?
Mais c'est dans l'absolu, car pour nourrir la planète entière, baisser les prix etc on ne se contente évidemment pas de laisser faire la nature, à sa vitesse. Vous parlez d'ailleurs déjà de ferments pour "accélérer le procédé".
In fine, si nous voyons bien une opportunité économique évidente pour le secteur agro-alimentaire breton d'exploiter de nouvelles ressources littorales, il ne faut pas penser que l'exploitation des algues va permettre un développement écologique. Il s'agit en réalité d'exploiter de "nouvelles terres", jusqu'ici exploitées avant tout comme des "réserves de chasse" (pêche traditionnelle, puis industrielle), et qui vont se transformer en gigantesques "champs" et exploitations agricoles
(2) 

Christian G. Le Vendredi 2 décembre 2022 19:41
Félicitations à ces scientifiques, entreprises et à la station biologique de Roscoff pour ces travaux qui montrent l'excellence de la recherche bretonne, notre savoir-faire gastronomique et aussi pour valoriser notre belle langue sur son visuel et diaporamas ! Merci à Algaia tout particulièrement.
(2) 

jakez Lhéritier de Sant Nazer Le Mardi 6 décembre 2022 17:32
2 sociétés de Loire Atlantique dont Algo source de St Nazer -Très connue et qui travaille depuis longtemps avec le Nord Finistère.
Un rappel des liens avec les japonais et la Bretagne dans ce domaine est à faire.
Ca c'est du positif.
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