Publié le 23/01/23 23:20 -- mis à jour le 25/01/23 10:04
Selon le New-York Times, le Canada a déclaré samedi 21 janvier qu'il avait accepté de payer 2,8 milliards de dollars canadiens, soit environ 2 milliards d'euros, pour régler la dernière d'une série de poursuites judiciaires visant à obtenir des réparations pour le préjudice causé aux peuples autochtones (1) par le biais d'un système de pensionnats obligatoires qu'une commission nationale a appelé génocide culturel.
La décision de justice résout un recours collectif intenté en 2012 par 325 "Premières Nations" (1) qui demandaient une compensation pour l'éradication de leurs cultures et langues. Le gouvernement canadien a alors créé une commission, la Commission de vérité et réconciliation. Elle a produit un rapport accablant . Rozenn Milin cite amplement ce rapport dans sa thèse récente intitulée Du sabot au crâne de singe : histoire, modalités et conséquences de l’imposition d’une langue dominante dans sa section sur le Canada.
Le Canada s'engage à réparer les préjudices collectifs causés par le système des pensionnats et la perte de la langue, de la culture et du patrimoine - communiqué le ministère des Relations Couronne-Autochtones du Canada.
Des milliers d'élèves autochtones éduqués dans environ 130 pensionnats du XIXe siècle aux années 1990 se sont vu interdire, parfois par la violence coercitive, de parler leurs langues ancestrales et de pratiquer leurs traditions un peu comme en Bretagne où l'on mettait un sabot autour du cou d'un élève surpris à parler breton (le symbole). Les enfants travaillaient aussi dans les établissements. Ils maintenaient les lieux propres et fonctionnels, travaillaient en cuisine, dans les buanderies, faisaient le ménage, etc. Des emplois non-salariés que l'on peut assimiler à de l'esclavage. Le froid, la faim, la violence et les abus de toutes sortes semblent avoir été la règle. Les punitions étaient le plus souvent corporelles. Les enfants étaient fouettés avec une lanière de cuir.
Le gouvernement canadien semble blâmer les institutions religieuses mais les auteurs du rapport ont retrouvé une déclaration du Premier ministre du Canada datant de 1883. Il déclare « pour soustraire autant que possible les enfants sauvages à l’influence de leurs parents, le seul moyen d’y réussir serait de placer ces enfants dans des écoles industrielles centrales, où ils adopteraient les habitudes et les façons de penser des blancs ».
Lorsque l’école est sur la réserve, l’enfant vit avec ses parents, qui sont sauvages ; il est entouré de sauvages, et bien qu’il puisse apprendre à lire et écrire, ses habitudes, son éducation domestique, et ses façons de penser, restent celles des sauvages. En un mot, c’est un sauvage capable de lire et d’écrire. On a fortement insisté auprès de moi, comme chef du département de l’Intérieur, pour soustraire autant que possible les enfants sauvages à l’influence de leurs parents. Or, le seul moyen d’y réussir serait de placer ces enfants dans des écoles industrielles centrales, où ils adopteraient les habitudes et les façons de penser des blancs - le premier ministre du Canada, sir John A. Macdonald, s’adresse ainsi à la Chambre des communes en 1883.
Les enfants autochtones étaient parfois enlevés de force à leur famille et envoyés dans ces écoles. Selon le rapport, les pensionnats indiens au Canada étaient principalement financés et gérés par le gouvernement du Canada, l'Église catholique, les Églises anglicane, méthodiste, presbytérienne, et l'Église unie.
Beaucoup d'enfants ont été maltraités ou mal soignés et sont décédés dans ces établissements, les corps n'étaient pas rendus aux familles. Plus de 1300 tombes auraient été identifiées. Dès leur arrivée les enfants n'avaient plus le droit de parler leur langue maternelle. Ils ne devaient parler qu'anglais et dans certaines écoles le français. Si on les entendait parler leur langue ils étaient battus ou on leur lavait la bouche avec du savon. La plupart ne connaissaient pas un mot d'anglais ou de français en arrivant.
Alphonsine McNeely fréquentait l’école catholique d’Aklavik dans les années 1940. À un certain moment, une sœur les a entendues, elle et son amie, s’enseigner leurs langues respectives : Elle m’a pris... je ne sais pas pourquoi elles étaient toujours contre moi. En tout cas, elle m’a menée à l’évier, elle a pris ça, le savon Sunlight qu’ils avaient, une sorte de grosse barre, elle a pris une brosse, une brosse à plancher, j’ai pensé qu’elle allait me faire frotter le plancher ou quelque chose comme ça. À la place, elle, elle m’a tirée par les cheveux et elle a commencé à me frotter la bouche avec--Dans "Les survivants s'expriment", un des rapports de la Commission.
Pour Marcel Guiboche, de l’école de Pine Creek, l’expérience a été effrayante : Une sœur, une religieuse a commencé à me parler en anglais et en français, et elle criait après moi. Je ne parlais pas anglais et je ne comprenais pas ce qu’elle, ce qu’elle demandait. Elle est devenue très fâchée et elle a commencé à me frapper partout sur le corps, sur les mains, sur les jambes et dans le dos. J’ai commencé à pleurer, à crier, et j’ai eu très peur, et ça l’a rendue encore plus furieuse. Elle a pris une ceinture noire et m’a frappé encore plus. -Dans "Les survivants s'expriment", un des rapports de la Commission.
En juillet dernier, alors en visite dans l'Alberta au Canada, le pape François avait présenté des excuses historiques aux peuples autochtones au sujet "des abus physiques et verbaux, psychologiques et spirituels" qui ont eu lieu dans ces pensionnats. Il a demandé pardon.
Oui, les écoles peuvent être aussi des lieux d'ethnocides, voire de génocides culturels. Elles ne servent pas uniquement à l'éducation, elles sont aussi des lieux privilégiés de politiques d'assimilation menées par les états qui incluent des minorités nationales ou des peuples conquis. Quant aux églises, elles ont rivalisé de zèle. Ce fut à qui convertirait le plus à sa version du christianisme, bannissant toute forme de spiritualité qui existait parmi les peuples autochtones.
L'école peut devenir le lieu de rupture entre un peuple et une nation dominante. Certes ces enfants apprenaient de petits métiers , mais la commission a reconnu que le Canada a « séparé les enfants de leurs parents en les envoyant dans des pensionnats. Cela n’a pas été fait pour les éduquer, mais principalement pour rompre leurs liens avec leur culture et leur identité. ». Si la culture est ce qui est transmis d'une génération à une autre, ces pensionnats étaient des lieux de transculturations, c'est-à-dire du passage forcé d'une culture à une autre.
(1) Les Premières Nations (en anglais : First Nations) sont les peuples autochtones du Canada inscrits et non-inscrits en vertu de la Loi sur les Indiens. L'expression s'est répandue dans les années 1970 afin de remplacer le mot « Indiens », jugé offensant.
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Après plusieurs décennies de propositions, tous les médias (progressistes) ont adopté une ligne de conduite pour le respect des gens et peuples cités dans leurs articles.
- FINI les INDIENS : pour parler des peuples qui ont vécus avant l'arrivée des colons européens et survécus de nos jours en Amérique. Ni des Amer-indiens mais des natifs, des autochtones ou nommés par le nom de leur peuple : Apache, Sioux, Inuite, Asthèque ...
La meilleur réparation que l'on puisse apporter aux peuples martyrises c'est de les appeler comme ils le souhaite en plus des réparations judiciaires.
Mais voilà en France, les médias ont pris la mauvaise habitude de ne rien changer aux termes coloniaux, racistes et non-respectueux des peuples sous sa coupe.
Pour un média breton, il faudrait s'aligner sur les plus progressifs.
D'une seule voix!
Regarder son passé commun et le porter ensemble...
Avoir la force de protéger sa dignité...
Demain l'identité n'aura pas de prix pour exister vraiment!
Quelle leçon pour les "peuples originels" dont nous nous réclamons
Gant ma vo saveteet o sevenadurioù a zo o yezhoù enno merkoù pennañ.
A écouter sur France-Culture, le 17 janvier dernier.
Et nous, pauvres Bretons, nous attendons toujours et encore reparation, sans parler d'une reconnaissance en tant que peuple.
Certains diront que nous ne pouvons pas comparer notre situation aux leurs, c'est exact. Que dire pourtant du sentiment de honte de parler sa langue, des taux anormaux d'alcoolisme et de suicide, de ces tristes comportements specifiques aux peuples humilies ? Et puis, comment ce fait-il que nous soyons en general plus receptifs et plus sensibles aux problemes d'acculturation des autres peuples dits minoritaires ? N'est-ce pas parce que ce sont la des problematiques qui nous sont aussi familieres ?
Notre probleme, si je peux dire, c'est que nous n'avons pas ete victimes de crimes contre l'humanite (dans l'histoire recente), pour legitimer, pour meriter la reconnaissance a laquelle nous aspirons. C'est bien sur mieux ainsi, mais c'est tout de meme la, de la part de nos detracteurs, une facon de penser absurde et meme emprunte d'un certain sadisme positif, quand elle amene a decider si un groupe d'hommes et de femmes peuvent oui ou non avoir le droit d'exister en tant que peuple.
quelque soi le niveau celui qui martyrise doit des excuses . Et la France nous doit des excuses .Ce que la France a commit a l'encontre de la Langue Bretonne n'est pas excusable ,pardonnable
La France nous doit réparation, et le fera l'histoire l'y obligera . Les deux langues de Bretagne doivent etre langues officielles ,comme dans tous les pays ou plusieurs langues existent .
Seul un pays fasciste interdit a un peuple l'usage de sa langue et morcelle son territoire
a galon bevet Beizh
La France organise des génocides par substitution:
exemple en Loire Atlantique,avec la Réunion,les Antilles,la nouvelle Calédonie.. ...
Comment internationalement nous faire respecter,si électoralement nous sommes aussi faibles par la complicité d'organisations bretonnes avec les gouvernements en place..?
Les élections européennes en 2024 UNION BRETONNE.
Les élections municipales en 2026:UNION BRETONNE
Une action de terrain à l'ONU-A Bruxelles,-A Strasbourg,A Genève...?
Une pétition internationale expliquant nos combats et dénonçant l'attitude des gouvernements français de gauche comme de droite.avec appel de soutien financier.
l'ABP pourrait peut être nous conseiller ?
Nous, nous sommes blancs. Donc des criminels. La question des peuples autochotones et de leur droit n'est pas la vraie motivation de ces reconnaissances qui ne mangent pas de pain.
Par ailleurs ces "reconnaissances" n'auraient jamais eu lieu si les indiens pouvaient réellement prétendre à quoique ce soit de sérieux en 2023. Plus aucun retour en arrière n'est possible pour eux. Ces reconnaissances ne s'adressent pas aux peuples premiers en réalité, bien plus aux populations canadiennes travaillés par des problèmes identitaires (notamment au Quebec).
AV
d'accord avec vous penn Kaled mais ce ne sont pas mes désirs . Oui l'avenir de la Bretagne est sombre,mais je regarde aussi ce qui éclaire et illumine le présent et l'avenir de notre nation et en premier le refus de disparaitre,et surtout les luttes de toutes nos associations pour défendre et notre culture dans toutes ses facettes :langue,musique réunification etc Toutes ces associations,et bénévoles sont notre honneur,et notre survie pour un avenir qui n'en doutez pas nous apportera la liberté grace a toutes ces "petites fourmis anonymes ou modestes" .
L'avenir du monde est sombre, très sombre meme ? Pour ma part je considère que l'aventure humaine est un échec .
Et probablement que le biotope, ou Gaia, ou toute autre conscience,appelez comme vous voulez selon vos croyances a ou ont déja décidés l'arrèt de l'aventure humaine . En tout cas lorsque l'aventure humaine deviendra un danger réel pour la terre nous disparaitrons . Et la conscience qui nous dirige mettra en place une nouvelle aventure .
Soyons optimistes nous sommes au bord du gouffre et nos dirigeants nous encourage a une marche en avant
Comme nous ne plantons pas un arbre pour nous mais pour nos enfants. Nous ne nous battons pas pour la Bretagne pour nous mais pour nos enfants
a galon