- Point de vue -
Danger: Génocide culturel
Par Bernard Chapalain pour Bernard Chapain le 22/11/07 14:55

Les Bretons sont viscéralement attachés à leur région, à leur culture, à leurs origines, il suffit pour s'en convaincre de visiter quelques sites sur internet où les bretons s'expriment. En effet, dans plusieurs forums que j'ai pu consulter, et sur divers thèmes, les bretons manifestent de plus en plus leur intérêt pour leur histoire, mais aussi pour les événements qui les touchent chaque jour et bien sûr pour l'avenir qu'on leur prévoit ou qu'ils imaginent.

Beaucoup de discussions tournent autour de la langue bretonne, les bretons sont très majoritairement favorables à sa préservation, et cela touche aussi bien les bretons vivant au pays que ceux de la diaspora.

La culture bretonne est riche ; de danses, de chants (kan ha diskan, gwerz ..), de contes, de jeux celtiques, de musique celtique, de costumes etc.

Elle est connue et reconnue partout en France. La Bretagne est connue dans le monde, grâce à son rayonnement culturel sans doute, mais aussi du fait de sa position géographique singulière.

Beaucoup de régions, en France n'ont plus ce rayonnement, beaucoup de régions de France ont plus ou moins perdu leur culture. Elles finissent, les unes les autres, par rejoindre un creuset unique ne les autorisant pas à exprimer leur originalité, leurs richesses acquises pendant des siècles. De fait, elles ont perdu leur héritage.

Si la Bretagne n'échappe pas à ce phénomène d'acculturation dû à la mondialisation, à l'ouverture de l'Europe, à internet et aux multimédias, à l'américanisation etc., elle se distingue néanmoins par une volonté farouche de conserver ses traditions.

Cependant, un des aspects de sa culture le plus en danger est sans doute sa langue. Si celle-ci est enseignée dans les écoles DIWAN, par DIV-YEZH, un peu aussi dans l'enseignement privé, le nombre de nouveaux locuteurs reste faible (de l'ordre de 2 à 3000 chaque année) et le nombre de bretonnants de naissance décroît malgré tout, même si ces derniers forment le gros de la troupe (200 à 300 000 selon les sources).

Compte-tenu de cette situation, en Bretagne comme ailleurs, certains préconisent l'enseignement obligatoire de leur langue régionale, d'autres s'y opposent.

Un jour ou l'autre il faudra surement trancher cette question, en consultant les populations concernées, Basques, Catalanes, Corses etc… et Bretonnes en l'occurrence. Sauf qu'aujourd'hui, la population en Bretagne, comme sans doute d'autres peuples minoritaires dans leur région respective, n'est plus tout à fait bretonne.

En effet depuis les années 60-70, l'accès aux moyens de communication, les moyens de transport et les infrastructures se sont considérablement améliorés réduisant ainsi les distances. Si bien que de nos jours les gens n'hésitent plus à faire des mobilités pour diverses raisons, professionnelles, de cœur, changement de style de vie etc. et ce, d'autant plus qu'ils sont de moins en moins attachés à leur région d'origine. De fait, le taux d'allogènes, en Bretagne en particulier, a crû chaque année, d'abord en bord de mer puis dans les terres alors que, emportés par cette même logique, les bretons sont contraints, par obligation et phénomène de réciprocité, à l'exil pour trouver du travail.

Ces allogènes sont issus de divers horizons, quelques étrangers en centre Bretagne, des agents des corps-constitués mutés d'office, des enseignants, des retraités venus passer leur retraite dans une « belle région » .

Nous avons procédé à quelques analyses sur diverses populations, celles-ci montrent un taux d'environ 30% d'allogènes. Ainsi, si la population bretonne était consultée sur tout sujet tel que celui de la sauvegarde de la langue bretonne ou même sur tout autre sujet relatif à la Bretagne, comment se comporteraient ces 30%. Même si tous les allogènes ne sont sans doute pas opposés à la pratique du breton, la plupart s'en désintéresse forcément. Une des raisons essentielles provenant du fait que cette langue leur est totalement étrangère !

Plus généralement encore, ces éléments rapportés méconnaissent souvent la culture bretonne (certains ignorent même que le breton est encore parlé), étant venus en Bretagne pour d'autres raisons. Partant, ils ne se considèrent pas concernés par la défense de notre culture, allant même jusqu'à la combattre au profit de la leur. Cette situation, en cas de consultation de la population sur le devenir de la Bretagne et de la langue bretonne introduit une distorsion dont on ne sait aujourd'hui mesurer l'ampleur !

Plus grave encore, l'arrivée des allogènes en Bretagne, estimée à 30 000 par an, contribue qu'on le veuille ou non, sciemment ou non, au génocide culturel indéniable en cours. Par l'introduction d'us et coutumes différentes des nôtres, par leur investissement dans la vie publique et les associations, ils contribuent à favoriser la politique d'assimilation à la culture française.

Par ailleurs, on constate que cet afflux fait grimper les prix de l'immobilier à telle enseigne que lors de successions, bien souvent les descendants n'ont plus les moyens de racheter le bien familial, qu'ils sont forcés de vendre… (à des allogènes argentés parfois cqfd).

Autre nuisance, en ce qui concerne le monde du travail, la prise de poste par des ressortissants d'autres régions prive d'autant nos compatriotes qui sont obligés d'émigrer vers ces autres régions, perdant à terme leur propre identité.

Ce phénomène de BRASSAGE ne peut aller que croissant, il participe au génocide culturel des peuples (Bretons, Basques, Catalans, Corses, etc…) avec la complicité bienveillante de l'état français qui a toujours affiché sa volonté de faire disparaître les cultures minoritaires en France.

Bernard Chapalain

Cet article a fait l'objet de 1811 lectures.