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Ouragan 1987. Au résultat, un génocide intermédiaire
Ouragan 1987, 20 ans après ! Extrait significatif du chapitre 46 du livre "Bretagne Libre" de Le Goarnig Kozh ( Président du "Collectif de Coordination et de Défense des Sinistrés Bretons de l'Ouragan" ): Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987, un ouragan a dévasté la Bretagne. Cette fois, c'est beaucoup plus grave. Les rafales de
Par Le Goarnig Kozh pour Association des Etats de Bretagne le 15/10/07 11:02

Ouragan 1987, 20 ans après ! Extrait significatif du chapitre 46 du livre "Bretagne Libre" de Le Goarnig Kozh ( Président du "Collectif de Coordination et de Défense des Sinistrés Bretons de l'Ouragan" ):

Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987, un ouragan a dévasté la Bretagne. Cette fois, c'est beaucoup plus grave. Les rafales de vent porteuses de sable meurtrier atteignent jusqu'à 240 km/h, soit la dernière échelle du « Code Beaufort » . Après des heures qui paraissent interminables, l'ouragan s'apaise. Il laisse derrière lui plusieurs morts, une forêt bretonne détruite à 40 %, des milliers d'immeubles endommagés, des centaines d'entreprises condamnées, 400 000 victimes… Les dégâts de cet ouragan du siècle sont évalués à près de 2 milliards d'euros. En trois heures il en a autant coûté à la Bretagne qu'en cinq jours de la première guerre du golfe.

Sur ces 2 milliards d'Euros, les sociétés d'assurances ont versé environ 400 millions d'Euros d'indemnités. 250 000 victimes sont indemnisées en dessous de 50% de leurs préjudices. 150 000 autres n'ont rien touché. L'Etat a versé 60 millions d'Euros qui ont été alloués pour l'essentiel aux administrations. La Communauté Européenne a débloqué un premier versement de 200 000 Euros puis une deuxième somme mais personne ne peut dire ce que ces millions sont devenus, pas même le Collectif des sinistrés de l'Ouragan ni les préfectures qui l'ont mandaté. Il reste donc à la charge des collectivités et des particuliers près de 1,4 milliard d'Euros… On est bien loin des paroles rassurantes du Ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua : L'Etat ne ménagera pas son aide, déclare le 19 octobre 1987, ce raciste anti-breton. Le Premier Ministre d'alors, Jacques Chirac, ajoute que les crédits ne manqueront pas alors que ces spécialistes de la mise à mort de notre pays organisent au contraire la carence totale de l'Etat.

Le 15 octobre 1989, à l'occasion des Etats Généraux des Sinistrés, j'ai été élu président du « Collectif de Coordination et de Défense des Sinistrés de l'Ouragan » qui a regroupé plus de 160 organisations. A ce titre, je rencontre le Premier Ministre Pierre Beregovoy et participe le 30 avril 1990 avec lui à l'émission télévisée « Médiations » où il me déclare notamment devant les caméras : La Bretagne, je dirais mieux les Bretons auront droit à la solidarité nationale…

Bilan de cette intervention médiatique, une enveloppe à peine symbolique de seulement 30 millions d'Euros, confirmée dans son bureau trois semaines plus tard. « Le reste sur le budget de l'année prochaine » me dit il en nous raccompagnant, Monsieur Le Bris, Maire de Concarneau, Monsieur Delarue et moi même. Bien que le Superpréfet et les Trésoriers Payeurs Généraux soient informés de ce déblocage de fonds publics, qu'ils me confirment, ( ce qu'ils n'étaient pas obligés de faire), rien n'est venu, personne n'a rien perçu, ni les sinistrés, ni les départements du Finistère et des Côtes d'Armor que nous représentions. Les sinistrés attendront jusqu'à la fin de leurs jours y compris ceux qui n'avaient plus de toit.

L'Etat encaissera grâce au passage de l'ouragan au moins 250 millions d'Euros de TVA sur les travaux et droits divers. Bénéfice net pour l'Etat français : plus de 200 millions d'Euros ! Quant à la solidarité nationale et internationale, elle a été dérisoire, pour ne pas dire inexistante à l'exception des aides européennes qui ont été captées par Paris sur le parcours et dont nous n'avons pu obtenir aucune nouvelle.

De rares départements allouent quelques milliers d'euros, au total 25 900 au Conseil Général du Finistère, alors que la Bretagne, dans les mêmes circonstances, est toujours extrêmement généreuse. Il serait intéressant qu'une thèse consigne ces disparités concernant des « collectes » et des attributions de millions d'Euros que « conseille » le pouvoir par des relais qui lui en attribuent tout le mérite.

Cette forfaiture constitue un génocide intermédiaire caractéristique pour la Bretagne.

Du côté des assurances, les comptes de cette roue de la fortune sont joliment truqués. Les victimes trinquent, les assureurs trichent. Sur cinq milliards d'euros de primes payés chaque année par les assurés, ces « banquiers du malheur d'autrui » ne reversent qu'une très faible partie. Et qui est donc le premier assureur de France ? L'Etat français collecte l'impôt, redistribue, touche et retouche…à sa convenance.

D'après les calculs de la Direction du Budget, pour 2 Euros versés à ce titre ( des catastrophes naturelles), 0,80 seulement reviennent aux victimes et 1,20 restent dans la poche de leurs généreux protecteurs ( Le Canard Enchaîné, 7 mars 1990)…

Pierre Beregovoy dans la fameuse émission « Médiations » , a confirmé qu'il existait ainsi un matelas de 460 millions d'Euros… Sur lequel je lui ai précisé que l'on ne pouvait pas se coucher !

C'est pour cette raison que l'Etat, dès le début, a organisé le black out sur le traitement de cette catastrophe naturelle par la télévision et la presse écrite. Cette couverture médiatique est révélatrice de la place tenue par la Bretagne dans les salles de rédaction parisiennes lorsque des instructions sont données. D'où un déficit national d'émotion, que constate Louis le Pensec : 60 lignes dans Le Monde du samedi, 80 lignes dans La Croix le lundi, 150 lignes dans Le Figaro du samedi, 50 lignes dans Le Quotidien de Paris… Les radios restent muettes et les télévisions boycottent. Toute cette catastrophe ne valait en effet pas la peine de déclencher le plan ORSEC !

Voilà aussi un ouragan qui contraste avec les habituels bulletins météorologiques qui font continuellement la part mauvaise et pluvieuse à la Bretagne. Les médias savent annoncer de la pluie lorsqu'il fait beau en Bretagne. Mais les 14 et 15 octobre, ils devaient papillonner sur les nimbus sans avertir les auditeurs et les téléspectateurs de l'imminence de l'ouragan qui était en marche. Le responsable de la station météorologique de Brest Guipavas est pourtant formel :

Pour nous, l'arrivée de cette « tempête » n'a donc pas constitué une surprise. En revanche, ce qui nous a surpris, c'est son caractère cataclysmique ; le phénomène par sa brutalité s'est en effet apparenté à un cataclysme, qui se caractérise toujours par des variations très rapides de la pression atmosphérique.

Cette information était bien enregistrée et il convenait d'en tenir compte. Mais les ordres permanents « de ne pas affoler la population » ont joué leur rôle ravageur comme pour le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté aux frontières, l'amiante inoffensive et les radiations nucléaires sans danger !

adresse email : editionsdesetatsdebretagne [at] yahoo.fr "Bretagne Libre" de Le Goarnig Kozh

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