Le 2 avril 2005, la Poste Française croit devoir honorer le centenaire de Bécassine en émettant un timbre à son effigie. (voir le site de Hachette: (voir le site)
Cette commémoration souligne les effets pervers des pertes de mémoire collectives.
Pourtant certains se souviennent: les enfants de celles qui ont payé le prix de cette mauvaise histoire illustrée et dont la célébration salit la mémoire.
Ces femmes des campagnes, travailleuses immigrées du début du 20ème siècle fuyant une misère noire, furent symbolisées par les Bretonnes qui en constituèrent la grande masse. Elles mêmes furent caricaturées par Bécassine qui devint l’image de ces femmes de la campagne devenues employées de maison.
Ce petit personnage fade et sans intérêt de nos jours était à cette époque un instrument du mépris du paysan quand ça n’était pas de la haine du plouc. Bécassine est le surnom d’Annaïck La Bornez, ce qui est en soi tout un programme. Ne voit-on pas dans le film "Bécassine" de Pierre Caron (1939) l’héroïne, incarnée par Paulette Dubost donner le sein à un porcelet tandis que les enfants mangent les épluchures des pommes de terre ?
Les Bretons de 2005 qui s’illustrent par leur culture ouverte sur le Monde et montrent par leur vote leur rejet de la xénophobie ne comprennent pas que des deniers publics soient employés pour ressusciter à grand renfort de cérémonies un personnage infamant pour les femmes et les immigrés d’hier et d’aujourd’hui. Ils pensent que cet odieux anniversaire devrait plutôt être l’occasion de faire savoir ce que fut cette immense immigration de l’intérieur. Que les média interrogent l’Histoire !
Ils veulent croire que cette célébration n’est que le produit de l’ignorance et de l’oubli et tiennent à alerter leurs concitoyens sur les dangers qui guettent une société qui efface de sa mémoire la signification des symboles.
Selon le "Trésor de la langue française" : bécassine 3. Au fig., péj. Femme stupide ou ridicule : le sens de « pers. niaise » est peut-être lié au nom de l'héroïne bret. de bandes dessinées due à Maurice Longuereau et J.-P. Pinchon dont les premières aventures furent publiées à partir de 1905 dans la Semaine de Suzette.
Signataires:
Philippe ARGOUARC'H, Agence Bretagne Presse et Vice-président Bretons du Monde, Jean-Louis AUTRET, ingénieur en informatique Didier BERHAULT, avocat et secrétaire Diwan Paris Didier CARAES, professeur de breton, rédacteur de la revue Hopala Claude DEVRIES, directeur de système d'Information Jean KERGREN, écrivain, fils d'une "Bécassine" Franck LAVAL, hôtelier et Président Bretons sans Frontières, Jean-Yves LE BRAS, avocat et parent Diwan Plésidy Claude NADEAU, musicienne, présidente de Diwan Paris François SERMIER, statisticien, parent Diwan Paris