Devant les propos convergents tenus par la Marine nationale et Brest métropole océane - BMO - (y a-t-il eu concertation ?) suite au grattage de la coque Q790 (ex-Clemenceau), tendant à minimiser, voire à nier l'impact de cette opération sur l'écosystème de la rade de Brest, AE2D, qui a porté plainte le 12 janvier dernier pour délit de pollution des eaux, contre cette façon de faire est amenée à réagir publiquement.
Sous la pression légitime des associations de protection de l'environnement locales et de l'opinion publique pour obtenir plus de transparence, la Marine nationale vient d'effectuer ses propres mesures de présence de TBT autour de la coque Q790 et de les rendre publiques.
Les résultats se veulent rassurants, mais ils auraient gagné en crédibilité si ces mesures avaient été réalisées par un laboratoire indépendant, et non pas par la Marine nationale elle-même. C'est le sens de la demande de désignation d'un expert indépendant que nous avons déjà formulée.
D'autre part, nous nous étonnons que des mesures de TBT aient été réalisées seulement dans l'eau et n'aient pas concerné les sédiments au-dessous de la coque.
Le problème du grattage, effectué par les plongeurs de la Marine nationale et d'une société privée, n'est pas tant la dissémination des particules rejetées directement dans le milieu liquide, mais le fait que le TBT, dans le milieu aquatique, rejoigne les sédiments déjà très pollués et ne se dégrade alors que très lentement. La présence d'un stock important de ce biocide constitue alors une menace permanente pour les organismes marins en raison des phénomènes de dilution, de déplacement dûs aux courants et des brassages massifs lors de perturbations causées par les tempêtes, marées, dragages...
Dans ces mêmes sédiments, la Marine nationale s'est bien gardée de chercher à connaître le niveau de pollution lié aux métaux lourds présents dans les peintures aujourd'hui fortement dégradées de l'ex-Clemenceau.
La Marine nationale, si prompte aujourd'hui à dévoiler des mesures, et à nous assurer que tout est sous contrôle, que la pollution est quasiment inexistante, pourrait-elle nous expliquer pourquoi les boues du nouveau port du Château crevaient les plafonds de pollution en métaux lourds (plomb, cadmiun, chrome, zinc, mercure...) et en hydrocarbures, et... sont toujours déposées à l'air libre sur le polder du port de Brest !
La Marine nationale, dans un souci de transparence et avant de céder le fond de Penfeld à la collectivité, est-elle prête à accepter des mesures indépendantes du même type dans la partie de la rivière qu'elle s'est accaparée depuis tant d'années ?
Par ailleurs, nous n'avons pas noté de volonté de la part de BMO de s'engager dans des mesures et expertises indépendantes et de suivi.