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La statue de Boudica reine des Bretons Icenis (à Londres).
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- Editorial -
Le magazine Bretons est-il machiste ?
Le magazine BRETONS est-il machiste ? Ou est-il simplement le reflet de la société bretonne, qui serait machiste et sexiste ? Sur 58 numéros du mensuel, seules six femmes ont fait la couverture, si l'on excepte Bécassine, des Bretonnes costumées et une vieille Bigoudène en coiffe. (Mise à jour le 1er oct.2010, chiffres revus et corrigés)
Philippe Argouarch pour ABP le 29/09/10 23:50

Le magazine BRETONS est-il machiste ? Ou n'est-il que le reflet de la société bretonne qui serait machiste et sexiste ?

Sur 58 numéros du magazine, seules six femmes ont fait la couverture, sans compter l'une d'entre elles à l'effigie de Bécassine, et une autre avec une vieille Bigoudène en coiffe. Merci BRETONS pour la diffusion de ces stéréotypes féminins folkloriques, voire colonialistes. Les heureuses élues qui ont fait la couverture : Marylise Lebranchu, Louise Bourgoin, Nolwenn Leroy, Maïwenn Le Besco et la chanteuse briochine Yelle. Si on exclut Jane Birkin, qui a juste une résidence bretonne et qui est bien sûr anglaise, 5 sur 58 cela fait 8,6 % de Bretonnes en couvertures. La grande majorité des autres couvertures donne la part belle à des visages masculins de Bretons.

La dernière livraison de BRETONS, le numéro 58 d'octobre 2010, est entièrement consacré aux Bretons : Patrick Le Lay, Yoann Gourcuff, François Goulard, Gilles Dufeigneux, François Pinault, Claude Chabrol, Bernard Poignant, Paul Virilio, Yann Raoul, Corentin Flohen, François Simon, Armel Le Cleac'h, Matthieu Breton, Loïc Hénaff, Michel Salaün, Philippe Bessec, Hervé Jaouen, Joël Batteux et quelques autres.

Caroline Le Branchu-Hilliet est mentionnée dans un billet sur la Belle-Îloise et Madame Bettencourt, qui a une maison en Bretagne, a droit à un article. La seule photo d'une Bretonne est celle d'Anna Beyou, co-fondatrice de 727 Sailbags. Tous les numéros de BRETONS semblent construits sur ce modèle ségrégationniste.

BRETONS a donc bien mérité son nom. Il manque un magazine BRETONNES ! Les Bretonnes actives, qui font bouger les choses, foisonnent pourtant. N 'est-ce pas la responsabilité des médias y compris de BRETONS de les faire connaître au lieu de simplement reprendre les Bretons ou amis de la Bretagne que les médias parisiens ont déjà popularisés ?

Ceci étant dit, il est certain que règnent en Bretagne des idées fausses sur le rôle des femmes dans la société bretonne. Certes, la tradition des femmes de marins sur la côte, a aidé au développement de femmes bretonne fortes et autonomes, face aux tragédies en mer et à la disparition de nombreux marins pêcheurs, mais le concept d'un héritage breton de la femme celte est un mythe, même si tant de Bretonnes ont illustré l'histoire de Bretagne et en premier lieu Anne de Bretagne. Le moins qu'on puisse dire c'est que le duché de Bretagne pouvait revenir à une femme, pas le royaume de France. (À cet égard le duché portait en lui les germes de sa disparition par mariage, mais c'est une autre histoire).

La tradition de la femme celte égale de l'homme n'a pas survécu en Bretagne, car elle a été supplantée il y a 1700 ans par la culture catholique romaine dans laquelle la femme avait quasiment le statut d'esclave, le catholicisme ayant hérité à la fois des cultures romaines et orientales (judaïsme). Si le christianisme romain, dit catholicisme, a apporté en Bretagne des aspects positifs sur lesquels on ne reviendra pas ici, il est évident qu'il a apporté aussi une régression par rapport aux statuts des femmes que connaissaient les Celtes d'avant la conquête romaine.

De toute évidence la reconquête de ces acquis, disparus il y près de 20 siècles, n'est pas finie en Bretagne et ailleurs. Les médias y ont un rôle à jouer que BRETONS semble se refuser.

Philippe Argouarch

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 4 commentaires :
marc patay Le Vendredi 1 octobre 2010 16:53
Ce fameux matriarcat breton est en fait une vision, française et fausse, plaquée sur la société bretonne et qui ne tient pas. Qu'ont à dire les inventeurs du code napoléon, où la femme est rabaissée, sur la femme bretonne, qui tient une place éminente dans notre culture, pas grand chose. Dans le pays Bigouden, les hommes ont toujours été très actifs et courageux, Penmarc'h était le premier port d'armement européen au 15è, ils le sont encore aujourd'hui; mais ces hommes longtemps privés de leurs droits politiques et culturels essentiels, dans cette colonie, ont comme tous les bretons, souffert dans leur orgueil et leur fierté. Ils ont été rabaissés en tant que peuple, et donc en tant qu'hommes et maris. Ce phénomène, complexe, silencieux, dont le remède était, est encore, le combat politique, se traduit par des souffrances (alcool, suicides), des complexes, des anomalies vestimentaires (la coiffe bigoudenne), le plus souvent mal interpretés. L'homme breton n'est pas rabaissé par sa femme, mais par l'état coloniale. La fameuse coiffe bigoudenne d'aujourd'hui est bien moins seyante que celle du début du siècle par exemple, moche pour tout dire, pour faire simple, elle est prétentieuse et témoigne d'un déraillement de l'identité, vécue comme foulée au pied, c'est un symbole, phallique, mal compris, mais apprécié des touristes !, non pas de l'identité affirmée, retrouvée, mais de la souffrance identitaire. D'ailleurs le mièvre 'A l'aise breizh', (pourquoi pas , Bretagne libre) à la mode, témoigne encore de ce malaise. marc patay lejean
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Marie-pascale Boré Le Vendredi 1 octobre 2010 20:26

"Le concept d'un héritage breton de la femme celte est un mythe", dites vous? Oui, car comme tout mythe, il est enseveli dans nos mémoires inconscientes prêt à ressurgir en cas de nécessité.
Oui, la culture romaine a relégué au fonds de nos mémoires l'importance de la femme sacrée. Oui, l'église catholique (et non pas le christianisme!) a séparé la femme du sacré, donc de la société.
On peut se demander comment cela a-t-il pu arriver parmi le peuple celte? C'était la période d'oublier qu'avant d'être masculine, la Trinité était féminine, et ceci presque mondialement (seuls les peuples premiers ont su rester intacts car toujours reliés à la mère Nature)...
Oui, nous avons vécu 2000 ans d'oubli! Sûrement parce que la vie aime bien l'équilibre et que cette dernière période de "machisme" répondait à une certaine hégémonie féminine (période amazone?)...La femme a longtemps été considérée sans âme et certains doutent encore que les druidesses ont existé!De nombreuses femmes libres ont été brûlées comme sorcières au temps du siècle dit des Lumières.
Merci monsieur Argouarch de vous rappeler votre part féminine! Sachez que les mythes sont résistants et que l'heure du réveil a sonné. Je me souviens de ces temps où hommes et femmes celtes étaient libres et égaux. Les âmes de Brigitt, de Dana ou d'Anne de Bretagne sont bien présentes aujourd'hui à qui veut les entendre.
Il n'est plus question de se bagarrer sur le sexe de la Trinité,ni j'espère de compter le nombre de femmes ou d'hommes à la tête d'une soi-disant élite en vue.
Il s'agit bien de donner la parole au féminin qui est en chacun de nous tout autant qu'au masculin, que nous soyons homme ou femme!
Le féminin est tolérance, altruisme, écoute, intuition et créativité, il a besoin du masculin pour se mettre en valeur et oser s'exposer. Le masculin est dynamisme, conscience de soi, décision et initiative. il a besoin du féminin pour respirer, prendre de la hauteur de vue et innover.
Alors oui messieurs les journalistes, merci d'accepter de parler des femmes qui oeuvrent humblement dans leur quotidien pour l'excellence des valeurs celtes et de la Bretagne de demain!
Marie-pascale Boré , agence de ressourcement en pays celtes
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J-Luc Le Floc'h Le Vendredi 1 octobre 2010 23:52
Il existe un très célèbre tableau de Rembrandt sur la thématique de l’Enfant Prodigue (petite histoire tirée des écrits évangéliques) qui montre un vieillard accueillant son fils dans ses bras. Particularité : le vieillard a une main masculine et une main féminine. Rembrandt, bien avant Thérèse Martin (dite de Lisieux), avait compris cette évidence : la divinité n’est pas sexuée. Seule la matière, quand elle atteint une complexité suffisante (dans le règne végétal et animal) permet à la sexualité d’apparaître. Et ainsi permet à la diversité de se propager, et à l’humanité de faire l’expérience de l’autre, dans la différence. Aujourd’hui, c’est devenu banal de le rappeler. Et pourtant….
On peut être croyant ou non, on peut aussi admettre qu’il existe des gens intelligents des deux côtés. Le sexe des anges ou de la Trinité (!!!...) est un fantasme qui ne va pas très loin, mais qui manifestement gêne la réflexion chez certaines personnes. Ne pas confondre représentations culturelles et considérations théologiques. Ou si l’on préfère, il importe, sans s’arrêter à des images parfois maladroites et discutables, d’apercevoir la profondeur de la réalité.
Il est vrai que la langue bretonne (ar brezhoneg) utilise la terminologie « an Aotrou Doue », pour désigner la divinité, et spécialement la personne-source dans la perspective trinitaire. Pour autant, le français n’est guère mieux loti. Pas d’autre échappatoire apparemment que de s’accommoder de langues parfois bien imparfaites, qui portent la trace du lent cheminement de nos prédécesseurs à travers siècles ou millénaires…
Sell’ta ! Vivement un rééquilibrage des couvertures du magazine « Bretons », pour mettre en lumière (même en noir et blanc  ) un certain nombre de…Bretonnes !

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Loïc Michel Le Lundi 4 octobre 2010 17:46

Cher "confrère"
Est-il bien raisonnable de taper sur Bretons qui a , au moins, le mérite d'exister depuis quelque temps et que j'achète chaque mois. Recevant par ailleurs la lettre de l'ABP, je me permets de vous demander si vous vous êtes intéressé au fait que la RF est représentée par un profil de femme, sans parler des Marianne qui trônent dans nos mairies.
Sans rancune; mais ne nous trompons pas de combat.Et je ne voudri pas entamer avec vous un débat sur la duchesse A.
Exilé en région parisienne, j'ai plaisir à acheter un magazine comme Bretons et à l'exhiber dans les transports en commun, juste pour signaler qu'il existe. Que figure en Une Marlyse Le Branchu ou PDDA peu importe. L'essentiel est que ce canard existe.
je continuerai donc à acheter Bretons (une exception dans le monde de la presse) et à lire la lettre de l'ABP.
Trugarez
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