Spered Gouez a reçu cette lettre ouverte destinée à France 2, écrite avec beaucoup d'humour par Henri L’Helgoualc’h habitant à Plonévez-Porzay dans le Finistère. Nous la partageons bien volontiers.
Lettre à France 2, service météo (13/04/20)
Madame, Monsieur,
Aujourd’hui, le Covid-19 est l’ennemi numéro un. Cet adversaire impitoyable a pourtant quelques vertus, en particulier pour les Bretons. En effet, depuis que ce virus oblige au confinement, nos chères présentatrices-météo ont disparu de nos écrans. Auparavant, elles se tenaient à gauche de la carte de France, agitant élégamment les bras, en pointant le doigt sur les 12° de température à Strasbourg (car nos Alsaciens ignorent peut-être où ils logent sur l’hexagone), ou balayant de la main les nuages signalant d’abondantes chutes de neige sur les Alpes (puisque nos montagnards ne connaissent sans doute pas leur situation géographique). Et cette chorégraphie instructive, mais à mon avis superflue, avait pour conséquence de rendre invisible la péninsule armoricaine, obligeant les téléspectateurs du Penn ar bed (Bout du monde) à se tordre le cou, en espérant une accalmie au cours de cette gestuelle éducative afin d’entrevoir les prévisions atmosphériques sur notre région.
Je ne voudrais pas jeter la pierre à nos gracieuses informatrices dont les explications sont toujours suffisamment claires pour être comprises, comme à la radio, par un malvoyant. Et je reconnais qu’il n’est pas facile d’évoluer devant le petit écran. Permettez-moi quand même de leur donner quelques conseils pratiques afin de ne pas léser ces Bretons qui payent leur redevance comme tout le monde. Je n’irai pas jusqu’à leur demander de se rendre invisible et réduire ainsi leur intervention à l’usage de leurs cordes vocales, lorsqu’elles reprendront du service après la pandémie. Leur présence sur scène, si elle n’est pas indispensable, n’en est pas moins esthétiquement agréable. Alors, voici quelques pistes, au choix :
1- Rester constamment en dehors des limites du territoire car les Français n’ont pas besoin qu’on leur indique où ils habitent.
2- Se placer, un jour à gauche et le jour suivant à droite de la carte-météo, si vraiment il leur est impossible de ne pas bouger. Mais attention à nos amis Corses qui ne seront peut-être pas aussi patients et conciliants que nous.
3- Reprendre la vieille méthode qui a fait ses preuves chez les enseignants, à savoir la traditionnelle baguette qui permet de montrer aux élèves les lieux dont on parle tout en conservant intact, dans un but pédagogique, le référentiel national.
4- Utiliser les technologies qui permettent d’allumer l’un après l’autre les endroits nommés par les présentatrices, rendant ainsi caduques les gestes qui masquent.
Sachez que je ne suis pas le seul à me plaindre de ces problèmes, bénins mais agaçants. Les mouvements, instinctifs et compréhensibles mais inutiles, de ces dames gênent bon nombre de mes concitoyens qui, comme moi, ont déjà du mal à suivre la demi-douzaine de visuels-météo qui se succèdent à l’écran. C’est donc aussi en leur nom que je m’adresse à vous. Profitez de cette crise pour changer les habitudes et, s’il vous plaît, NE CACHEZ PLUS LA BRETAGNE !
Merci.
Henri L'Helgoualc'h