Doit-on s'étonner de ces tergiversations sur les appellations de découpages administratifs qui n'ont pas d'autre intérêt que de délimiter les pouvoirs de certains et surtout de prétendre justifier leur existence ?
Un Comité départemental du tourisme, qu'il soit du 35 ou du 22, n'a véritablement aucune raison d'être. Ce n'est jamais autre chose qu'un prédateur d'argent public et la démonstration d'une organisation collectiviste d'un secteur économique qui aspire à davantage de liberté, dans le respect de règles dont un CDT n'est pas l'auteur.
Un CDT ne sert pas à autre chose que dépenser l'argent du secteur privé tout en élaborant des stratégies de maintien de sa présence. Ainsi, quand l'ensemble des professionnels du tourisme constate une baisse de fréquentation et des dépenses des visiteurs, le CDT annonce une modération de la croissance. Plusieurs paramètres expliquent cette attitude.
1) Il est vrai que la transparence n'est pas une règle vertueuse au sein des entreprises d'hébergement, de restauration et de loisirs. La transparence est considérée comme un aveu au fisc.
2) Il est aussi vrai qu'une baisse significative pourrait laisser émerger l'idée que le CDT est un outil inefficace qui coûte cher.
3) Il faut aussi savoir que les instruments de mesure de la fréquentation réelle sont inopérants et dépendants de procédés ubuesques. Le Rennais en vacances à Saint-Coulomb ne peut pas être un visiteur au regard d'une économie départementale. Sa dépense hors domicile se réalise dans le même département. Il sera pourtant considéré comme tel. Quand on sait que 8 vacanciers sur 10 en Bretagne sont bretons, on doit s'interroger sur cet amalgame conceptuel entre tourisme et vacances.
Pour un CDT, il s'agit bien de se maintenir dans la place et de participer à l'entretien de cette confusion délétère entre tourisme et vacances.
Qui peut imaginer qu'un visiteur étranger vienne en Ille-et-Vilaine, même en Haute-Bretagne ?
La réalité est que le visiteur étranger vient en Bretagne. La localisation, en Bretagne, est secondaire et quasi inexistante en terme d'image.
Voilà des lustres et des lustres que les consultants en développement touristique répètent que l'image d'une destination ne correspond pas à celle que se sont forgée les résidents permanents.
Les enquêtes nous montrent que la Bretagne a une mauvaise image touristique, qu'elle est considérée comme une destination vieillotte, sans animation.
Dans un rapport sur le tourisme, le Conseil économique et social de Bretagne mentionne une des enquêtes. Ce n'est pas la seule.
Croire que puisque nous avons le festival interceltique de Lorient et des festoù noz ici où là, c'est une preuve d'animation, est un leurre. C'est prendre sa vessie pour une lanterne. L'image qui en résulte est une image passéiste qui nous prive de chalands.
Nous sommes en pleine diversion imaginaire qui, il est vrai, profite à certains qui en font un fonds de commerce aux dépens des contribuables.
Toute perception de la Bretagne est nécessairement partitive. Il n'y a de perception que d'un perçu disjoint. Vouloir faire croire à un réel monolithique ne sert aucune cause et dessert celle qui est supposée être soutenue.
Mais il s'agit moins de notre propre perception que d'accepter la façon dont les autres nous perçoivent.
Les Fédéralistes de Bretagne demandent la suppression des départements (préfectures et conseils généraux).
Ils n'éprouvent aucune émotion à l'endroit des CDT et autres structures alimentées par perfusion aux dépens des activités économiques productrices de valeur ajoutée.
Nul Breton ne peut vivre sans contribuer par ses deniers à la vie des CDT et des Pays d'Accueil qui n'accueillent personne. Les véritables hôtes sont les professionnels du secteur.
Croire qu'on peut générer du tourisme en prélevant une part des bénéfices des acteurs du terrain, au nom d'une conception administrative, collectiviste, subordonnée à un plan, est une grave erreur.
La démonstration n'est pas à faire. Elle est là. En Bretagne, on a des vacanciers, pas de touristes.
La faute à qui ?
Le temps des vacances est réduit, enserré sous une saisonnalité délétère. Le temps du tourisme est un temps ouvert : le tourisme des quatre saisons.
Le 3 juin 2008
Jean-Yves Quiger, président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne