Titre : Espèce d'Homme, essai sur l'identité
Auteur : Michel Treguer
Éditeur : Éditions du Temps
À paraître en septembre
Michel Treguer n'arrête pas de nous étonner. Il est de la lignée des Morvan Lebesque, de ces intellectuels bretons qui ont parcouru le monde, les civilisations et des idées avant de revenir au port, à la source de leur condition humaine, pour revendiquer leur identité. Une partie d'eux-mêmes et de leur espèce.
Nous sommes tous contents qu'il soit revenu parmi nous pour nous faire partager ses réflexions, son expérience et ses connaissances des hommes qu'il a pu croiser durant sa longue carrière.
Dans une première partie intitulée 'Énoncé', il expose des faits sur l'identité bretonne. Dans une deuxième partie, il fait le tour des popotes en relatant les positions officielles ou confidentielles des «intellectuels français face au déni du pluralisme culturel, masqué sous forme d'universalisme républicain» .
Cette deuxième partie aurait pu s'intituler «Dénoncé» . C'est une critique caustique de l'idéologie française à travers ses champions, de Régis Debray à Edgar Morin et Finkielkraut, pour ne citer que quelques-unes de la longue série de rencontres fortuites, occasionnelles ou professionnelles rapportées par l'auteur.
Après avoir démontré avec brio qu'il n'y a pas d'homme sans appartenance linguistique, il dénonce cette France dont «l'hexagone et la nation sont devenus, dès l'ancien régime mais plus encore sous la révolution, les valeurs sacrées absolues, intouchables auxquelles toutes les autres réalités doivent être subordonnées.»
Pour ne pas avoir «à reconnaître l'existence de communautés culturelles sur son territoire, les théoriciens de l'unité française ont choisi de nier cette dimension de la condition humaine, de réduire l'espèce humaine à leur propre bocal, sans toujours mesurer leur crime. Il n'y a rien à leurs yeux entre le citoyen et l'espèce, aucune autre communauté que la nation.»
Tout est dit dans ce paragraphe qui résume plusieurs siècles d'une supercherie tragique.
Michel Treguer montre que derrière l'universalisme français, sa laïcité exacerbée, son principe d'égalité, se cache souvent un nationalisme particulier qui pourrait s'intituler : méthode de fabrication de la nation.
À cela, Treguer n'oppose pas un nationalisme breton mais propose bien une nouvelle définition de l'Homme, un universalisme breton en quelque sorte.
Philippe Argouarch