La fessée que le PS a reçue lors des élections municipales n'est que le début de la fin pour un parti qui croyait qu'on pouvait continuer de partager le gâteau sans se soucier de la disparition des pâtissiers... du moins sans vouloir réaliser que les fabricants de gâteaux avaient délocalisé en masse ou avaient fait faillite. La France perd 1000 emplois industriels pas jour.
Remaniement ? Le Drian a eu sa chance et a refusé. On peut aimer ou pas l'homme politique mais tout le monde s'accordera sur le fait que Jean-Yves Le Drian sait dire non. Il avait dit non à Sarkozy en 2007 quand celui-ci lui avait proposé le poste de Ministre de la Défense et il aurait dit non cette semaine à Francois Hollande quand celui-ci lui a proposé le poste de Premier ministre. A 67 ans, le Drian fait preuve de sagesse. La tâche est surhumaine et de plus récompensée par un suicide politique, ambitions présidentielles ou pas.
On est tenté de conclure que l'ancien président du Conseil régional de Bretagne considère sa carrière politique personnelle plus importante que la Bretagne malgré toutes les déclarations d'amour qu'il a pu faire et dernièrement dans le numéro d'avril du magazine BRETONS. Ou alors il savait que sans Hollande dans sa poche, la tâche aurait été impossible... Le Drian voudrait, il paraît, revenir à la tête de la région Bretagne...En 2017, il aura 70 ans quand même. Place aux jeunes non ?
C'est bien sûr dommage pour les partisans de la régionalisation et de la réunification car Le Drian Premier ministre, aurait pu assurer les réformes nécessaires sur la régionalisation et peut-être la réunification . Rien n'est sûr avec Valls Premier ministre qui reste un inconnu. Le Drian est suffisamment intelligent pour comprendre que rien ne peut se passer avec un président, jacobin pur beurre et que même s'il avait accepté le poste de Premier ministre il aurait rien pu faire sans l'accord du président qui, tactiquement, aurait refusé de se mettre à dos les élus socialistes.
Cette 3eme phase de la régionalisation, une des promesses non tenues de Francois Hollande, est un enfumage depuis le début. Il y a encore bien trop de socialistes qui dirigent des régions ou des conseils généraux pour qu'un ministre socialiste ose en mettre quelques-uns à la porte ! La réforme territoriale est un suicide politique pour le socialiste qui la ferait mais avant tout dans son propre camp socialiste. Hollande est bien trop soucieux du bien-être de son parti pour l'entreprendre.
Qu'importe qu'il soit au plus bas dans les sondages, qu'importe la paralysie du système et l'absence de réformes véritables, tant que le PS le suit, Hollande est content... Son pays c'est le Parti Socialiste. Pas la France. C'est pour ça que Hollande et Marylise Le Branchu, n'ont rien fait sur le sujet de la régionalisation. La réforme territoriale ne pourra pas être faite par les socialistes. Seuls les verts ou la droite non UMP et non FN pourraient la faire. Ou alors un nouveau parti qui n'existe pas encore--oui M. Christian Troadec, allez-y, créez votre Parti des régions !
Le jour où les socialistes ne contrôleront plus les territoires, ils ne seront plus majoritaires au Sénat et finalement ils ne seront plus au pouvoir. Ils n'y reviendront plus jamais. Dans 50 ans les historiens qui se pencheront sur le sort de la France remarqueront que 1° le PS fut le parti qui n'avait pas compris les exigences et donc les réformes nécessaires pour s'adapter à la mondialisation de l'économie et que 2° il fut le parti qui n'avait pas compris que le jacobinisme, et toute forme de centralisme, n'est pas démocratique. Peut-être certains l'ont compris mais ceux-là ont été écartés. On sait que Valls voulait le député de Quimper Jean-Jacques Urvoas, un partisan d'une assemblée territoriale bretonne, comme Ministre de l'intérieur. C'est François Hollande qui a refusé.
Vouloir résoudre la dette et relancer l'économie afin de résoudre le chômage est pratiquement impossible sans faire une révolution, un véritable changement de régime, une 6e République fédérale et parlementaire (par parlementaire je veux dire que l'agenda est décidé par le parlement lui-même, pas par l'exécutif); une remise à plat complète de la fiscalité avec prise d'impôts à la source ; la suppression des départements ; le regroupements des communes et des régions ; la suppression du deuxième tour des élections ; la proportionnelle à l'assemblée nationale et l'interdiction stricte du cumul des mandats et des activités publiques en même temps que privées, voire une reforme du sénat pour représenter uniquement les régions.
On en est loin. Si le remaniement, un mot excessif pour la permutation de quelques ministres et l'arrivée de deux nouveaux, a bien eu lieu, la ligne du parti reste la même. La messe est dite. C'est une liturgie ancienne, composée de de promesses que l'on répète avant ou après chaque élection sous forme de mantras. Les médias parisiens en sont l'encensoir et la chorale.
Pourquoi juste des promesses ? Car personne, à gauche comme à droite et encore moins à l'extrême gauche ou au FN, n'a le courage de dire la vérité : la sacro-sainte protection sociale dont tout le monde se vante et à laquelle les Français sont si attachés devra être malmenée pour trouver les 50 milliards indispensables pour sauver ce qui reste d'industries. Les services publiques, contrairement à ce que beaucoup pensent ne sont pas l'apanage de l'idéologie socialiste, ni même de la richesse globale d'un pays. Ces services dépendent uniquement du PNB (produit National Brut) par habitant. Certains états du Golfe, bien que conservateurs, voire même sans vie démocratique, comme le Qatar avec le 3e PNB par habitant au monde, ont des services publics plus étendus que la France. Dans certains émirats on ne paye ni le téléphone, ni l'essence, ce sont devenus des services. Le service public n'est que l'apanage de la prospérité et la France est en déclin. La contraction est inévitable. Qui le dira ? Si un minimum de protection social est nécessaire, en aucun cas il ne doit être payé par les entreprises et en particulier les PME. Si des services publics sont nécessaires, en aucun cas il ne devraient être subventionnés par nos petits enfants.
Philippe Argouarch