Au cours d'une commémoration qui s'est tenue jeudi à la Generalitat de Catalogne à Barcelone, les consuls de France et d'Allemagne ont redemandé pardon pour avoir livré au régime de Franco le nationaliste catalan Lluís Companys, le premier président élu le la Catalogne. C'était un des leaders de la gauche nationaliste catalane ou Esquerra Republicana de Catalunya. Élu président de l'Assemblée catalane en 1933, Companys devint ensuite le premier président élu de la Catalogne.
Après une insurrection nationaliste en octobre 1934, il avait proclamé l'indépendance de la Catalogne. Arrêté par le régime de Madrid et condamné à 30 ans de prison, il sera libéré juste avant la guerre civile. Exilé en France, il résidait en Bretagne près de La Baule quand la gestapo est venue l'arrêter en septembre 1940 grâce à des informations données par la police française. Livré à Franco, il fut condamné à mort et exécuté le 14 octobre 1940.
Le gouvernement de Catalogne demandera officiellement le 5 octobre au gouvernement central de Madrid qu'il annonce la nullité du jugement condamnant l'ex-président catalan, ainsi que ses proches, à être exécutés. Ce qui mettrait effectivement fin à la loi d'amnistie de 1977, qui recommande l'oubli de l'histoire du franquisme et garantit l'impunité des responsables.
Madame Christine Gläser, consul d'Allemagne, rappela à l'assistance que le chancelier allemand, Helmut Kohl, en son temps (1984), avait reconnu la responsabilité de son pays dans l'expulsion et l'exécution de Lluís Companys et avait demandé alors pardon au président catalan en exercice.
À noter que toutes les archives personnelles et politiques de Lluís Companys, dont 500 photos, furent retrouvées en Bretagne et ne furent pas retournées à la famille ou au gouvernement catalan. Elles furent vendues aux enchères à Rennes en juin 2003 pour 15 000 euros plus frais. C'est la Generalitat qui a acquis ces documents pour les remettre aux Archives Nationales de Catalogne. (voir le site)
Philippe Argouarch