Le 22 juin 2018, l'UNPO, en collaboration avec le Centre International Escarré pour les Minorités Ethniques et les Nations (CIEMEN) et Esquerra Republicana de Catalunya(ERC), a tenu une conférence à Barcelone, sur les événements récents en Catalogne et la pertinence du droit de décider, dans le contexte géopolitique actuel pour les minorités du monde entier. L'événement a permis à tous les participants d'établir un dialogue sur les défis auxquels sont confrontées les communautés nationales qui aspirent à exercer leur droit à l'autodétermination. Il a souligné à la fois la nécessité d'une stratégie internationale visant à obtenir le soutien des acteurs mondiaux, et les difficultés spécifiques rencontrées par les peuples qui jouissent déjà d'une certaine autonomie. Dans le cadre de cette conférence, l'UNPO a réuni des représentants du Tibet, du Kurdistan irakien, de la communauté Oromo en Éthiopie, de Taiwan, du District de Columbia ou de la minorité Ahwaz en Iran, ainsi que des membres de la société civile catalane.
Après le référendum d'octobre dernier en Catalogne, au cours duquel des millions de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur volonté démocratique, la réaction du gouvernement espagnol a été la répression et l'incarcération de dirigeants sociaux et de militants. Cet énorme effort du peuple catalan et la réaction autoritaire de l'administration madrilène ont de nouveau placé le droit à l'autodétermination au centre de l'agenda, faisant entendre les revendications des peuples non représentés dans le monde à travers les voix des Catalans.
Visant à discuter de la façon dont ces événements ont affecté les communautés luttant pour exercer leur droit à l'autodétermination, la conférence comprenait deux sujets à travers lesquels les participants ont abordé le rôle de l'action internationale, et la nécessité d'obtenir un soutien international des acteurs mondiaux des minorités nationales, ainsi que les leçons qui pourraient être tirées de l'expérience des communautés qui ont déjà exercé ce droit dans une certaine mesure.
Avant le premier sujet de conférence, M. Marino Busdachin, Secrétaire Général de l'UNPO, et M. David Minoves, Président du CIEMEN, ont fait une brève présentation d'introduction, présentant aux participants les sujets qui devaient être discutés durant la journée et soulignant les aspects fondamentaux de l'analyse nationale et internationale du droit à l'autodétermination dans sa forme contemporaine.
Ces remarques préliminaires ont servi d'introduction à un premier sujet qui, sous le titre « Les défis de la reconnaissance : Nations non représentées et communauté internationale » , s'est concentré sur le rôle de la communauté internationale dans la lutte entre les États et les Peuples non reconnus, et le soutien d'acteurs et d'organisations internationaux.
En tant que première intervenante, Mme Maysing Yang, Ambassadeur itinérante pour les droits de l'homme et la démocratie de Taiwan, a traité des stratégies mises en œuvre par les superpuissances mondiales comme la Chine pour nier les droits des minorités vivant à l'intérieur de leurs frontières. afin d'atteindre cet objectif..
Suite à l'intervention de Mme Yang, Mme Shima Silavi, représentante de la minorité Ahwaz en Iran, a évoqué la situation des communautés luttant pour l'autodétermination au Moyen-Orient, et les défis spécifiques découlant de la présence intense des principaux acteurs internationaux dans la région.
Ce premier sujet a été clôturé par Mme Elisenda Paluzie, Présidente de l' Assemblée Nationale Catalane (ANC), qui a mis l'accent sur le besoin des communautés de développer des stratégies qui dépassent leurs propres frontières nationales, engageant les acteurs internationaux et obtenant le soutien de la communauté internationale pour leur cause.
Après une courte pause qui a aidé à créer un espace informel pour permettre aux représentants et aux participants d'échanger sur les différents sujets abordés, le deuxième sujet a abordé les expériences particulières des différentes communautés du monde travaillant pour l'autodétermination, et les obstacles qu'elles rencontrent dans la poursuite de cet objectif.
Le sénateur Paul Strauss, du district de Columbia, a ouvert cette session, intitulée « Exercice de l'autodétermination: expériences nationales sur le droit de décider» , montrant comment l'autodétermination est un problème même si les pays les plus puissants varient en fonction des circonstances spécifiques à chaque cas.
Le débat a été poursuivi par Mme Juweria Ali, représentante de la communauté Ogadeni en Éthiopie, qui a présenté le public à l'article 39 de la Constitution éthiopienne, le seul cas au monde qui reconnaisse non seulement le droit à l'autodétermination, mais aussi le droit des communautés à faire sécession montrant les possibilités, mais aussi les limites, de la reconnaissance formelle des droits des minorités nationales.
Après un bref discours de M. Sadeq, représentant en Espagne et au Portugal du Parti démocratique irakien du Kurdistan, le deuxième sujet s'est terminé par les paroles du Vénérable Thubten Wancheng, membre du Parlement tibétain en exil. Le discours du Vénérable Thubten, dans lequel il a présenté la situation actuelle du peuple tibétain et les luttes pour récupérer leur propre pays, a servi de clôture parfaite pour ce deuxième sujet.
La conférence s'est achevée avec la participation de M. Josep-Maria Terricabras, député européen, et de M. Nasser Boladai, président de l'UNPO. Les deux orateurs ont présenté les conclusions du débat et ont montré que le cas catalan, loin d'être une exception, constitue le principal exemple des nombreuses communautés luttant pour l'autodétermination dans le monde.
Cette conférence a permis à l'UNPO et à ses organisations partenaires d'établir un dialogue avec des représentants de certaines des plus importantes minorités nationales et des États non reconnus, analysant comment le cas catalan a placé au centre du débat politique au niveau internationa,l la question des droits des minorités de décider de leur avenir. L'UNPO espère que l'événement servira de première étape dans un processus visant à réfléchir sur les défis communs auxquels toutes ces communautés sont confrontées, et qui pourraient conduire à la création de synergies et de stratégies collectives pour les acteurs travaillant pour la promotion de l'autodétermination, des droits et de la démocratie.
UNPO
Source d’origine : (voir le site)
Mes commentaires personnels :
Pendant cette conférence, de nombreux orateurs ont expliqué la constante autoritaire et non démocratique des Etats dominants sur leurs minorités nationales et culturelles respectives, avec comme seul point différent, le degré de violence et d’inhumanité avec lequel cet autoritarisme ethnocidaire et/ou génocidaire se manifeste concrètement.
Mme Yang, Ambassadrice de Taïwan, nous a, par exemple, expliqué que si d’un côté la Chine pouvait avoir un comportement brutal et expéditif (Au Tibet par exemple, largement confirmé par Hon. Tubthen Wangchen, représentant du Dalaï Lama en Catalogne), elle pouvait aussi avoir un très haut degré de sophistication dans les moyens utilisés pour la manipulation des esprits en Taiwan, à travers la désinformation, la censure et la re-nomination ou re-qualification des lieux, événements et aspects du quotidien…
Mr Terricabras, Député européen a pris la parole pour faire le parallèle dans le rapport entre la Catalogne et l’Espagne, où Madrid était à la fois capable de violence physique comme de manipulation de masse des esprits.
Je me suis alors levé pour prendre la parole au nom de la Bretagne : j’ai expliqué que le pays autoproclamé des Droits de l’Homme, la France, était aussi capable des pires violences dans des cas extrêmes, avec une gestion au quotidien en apparence non violente mais réellement non démocratique : comme la Chine ou l’Espagne elle est passée maîtresse dans l’art de manipuler les esprits dans l’ethnocide des Nations originelles sur son territoire, étape par étape, palier par palier, à travers son administration centralisée non démocratique, son éducation nationale révisionniste, son histoire revisitée, et tous les médias sous contrôle et subventionnés… L’ensemble de l’assistance a eu un sourire entendu, et plusieurs orateurs sont venus s’entretenir avec moi au sujet de la Bretagne après les débats...
Le lendemain, 23 juin, le Conseil de Présidence de l’UNPO, (ou Conseil d’Administration dont fait partie KAD en tant que représentant de la Bretagne), a été invité pour sa XXVIIe session par Hon. Tubthen Wangchen, moine bouddhiste né au Tibet et membre du Parlement Tibétain en exil, à la Maison du Tibet de Barcelone pour y tenir nos débats privés et internes.
Je ne m’autorise pas d’en faire le compte rendu ici, pour des raisons évidentes de confidentialité. Je me permettrai juste de signaler qu’une formation catalane a fait la demande officielle pour être cooptée par l’UNPO, pour y représenter la Catalogne. Je pense que bientôt la Catalogne sera effectivement représentée à l’UNPO, au nom de cette formation catalane ou à celui d’une plate-forme plus large, représentant toutes les sensibilités nationales de Catalogne…
En revenant de Barcelone j’ai appris comme tout le monde cette plaisanterie douteuse du Président des Français sur le Peuple breton devant le Pape François.
D’un côté je tiens à le remercier d’avoir publiquement reconnu devant le Pape et à la face du monde, l’existence du Peuple Breton… Par là il est en avance sur le Droit français qui ne reconnaît toujours pas notre existence ! Et pourtant nous existons… Gageons que les députés de la majorité française actuelle vont sous ses ordres s’y employer avec célérité et efficacité, à l’Assemblée Nationale des Français… A l’Assemblée Nationale des Bretons ou Dael Breizh, c’est déjà fait !
Ensuite pour ce qui est de la qualification des Bretons comme « mafia de la France » , je ne serai pas déplaisant au point de dresser ici la très longue liste d’exactions et de préjudices commis par la France en Bretagne depuis plus de cinq siècles, royauté et république confondues pour l’intérêt centraliste d’une oligarchie, dont certains sont encore d’actualité.
Je me permettrai juste d’y opposer une phrase d’un de leurs hommes qui nous avait infiltrés voilà plus de vingt ans et mort depuis : « En France on n'a pas besoin de la mafia, on a l’Etat… » . Et il savait de quoi il parlait… (il nous a d’ailleurs lâché quelques perles parfois malgré lui : les risques de réversibilité verbale d’une infiltration, même dans l’implicite et le suggéré… )
Actuellement les Bretons éveillés résistent simplement pour la démocratie en Bretagne, la réunification de la Bretagne, la préservation de notre culture, de nos langues et de notre histoire, et comme partout pour notre émancipation politique et fiscale… Le tout quelque part entre autonomie ou indépendance, selon un plébiscite qui sera organisé un jour de façon démocratique en Bretagne, selon les textes fondamentaux signés à l’ONU comme à L’Europe, sur l’autodétermination des Peuples à s’organiser eux mêmes…
Les Bretons ne sont donc pas des mafieux mais des résistants ! Très grosse nuance, il me semble… Le Général de Gaule en savait quelque chose, mais lui aussi nous a très mal récompensés, comme tous les Présidents des Français qui ont suivi : des promesses pré électorales, suivies d’actes post électoraux opposés… Une constante immuable en « jacobinie éternelle, universelle et indivisible » … Mais personne n’a dit qu’elle n’était pas « implosable » à force de mensonges, d’affairismes et de centralisme ethnocidaire anti-démocratique… Même l’Empire Romain, leur modèle, a chuté ! La victoire se forge dans la patience, et les Bretons résistants sont patients car le destin les y oblige, mais notre flamme plusieurs fois millénaire est toujours vive à la face du monde, et personne ne pourra l’éteindre ! Parfois même les jacobins l’attisent et l’alimentent pour notre plus grand plaisir !
A wir galon d’an holl !
Jean Loup Le Cuff, pour KAD.