Aux Conseillères / Conseillers Régionaux et conseillères / conseillers généraux de la Bretagne historique
Madame, Monsieur,
Cette fin d’été apporte ses surprises : la montée en puissance du passage à l’EPPC – Etablissement Public de Coopération Culturelle – change de braquet et ne concerne plus seulement les éco-musées. Des associations culturelles dont l’activité touche au fondement même de nos cultures sont dans le colimateur d’un changement de statuts. - Changement proposé… ou imposé afin de garder le soutien financier public ? - Elles passeraient de la classique association de loi 1901 au statut d’EPCC. Ce pourrait être une garantie si les nouveaux statuts ne se révèlaient fort surprenants : tout pouvoir aux représentants de l’Etat et aux élus, pas de mentions claires dans les domaines de compétence de l'activité, pas de garantie financière écrite… … Exit des bénévoles qui ont créé ces associations et de leurs connaissances. Une vraie mise au pas qui, à l’évidence, vient de l'Etat : en effet, déjà sous l'ancienne mandature régionale, ce type d'EPCC avait été à l'ordre du jour. Á l’époque, notre association s’était adressée à Cozan… pour faire les mêmes réflexions qu'aujourd'hui.
Cependant, loin de renoncer, l’administration a continué de tisser sa toile. Les unes après les autres, elle a écarté les associations créatrices et s’est fait la main sur les écomusées sources d’attraits touristiques - Trevarez il y a quelques années ; plus récemment le domaine de Squividan dont l’étude d’aménagement a été confiée à une société parisienne ! Daoulas ce printemps. Pour ne citer que ceux-là… tous passés en EPCC ou plus exactement en « Etablissements Publics de CONTRÔLE CULTUREL » de la Bretagne par l’Etat. La Haute Administration disposant du pouvoir de l’argent, de celui du contribuable breton entre autres, a décidé de faire main basse sur l’avenir de cette culture qui lui échappe jusqu’à présent.
Main basse et mise au pas programmées de la Bretagne. Analysons à froid les quatre derniers étés car l'attaque du monde culturel a commencé par :
— L'arrestation des membres de l'association de la St-Loup. Sauf à ce qu'il ait eu une décision récente, l’un de ses membres est toujours en examen !!! — Année suivante, toujours en été… L'instrumentalisation des intermittents pour casser la saison des festivals en Bretagne : ces organisations - et l'administration le savait - ne s'en seraient jamais remises et cet aspect de notre économie régionale non plus. C'était voulu. Echec et mat, heureusement ! — Année suivante, publication en août du décret instituant la taxe de 5,5% sur la billetterie des fêtes populaires - La royauté sous l’ancien régime ne s’y prenait pas autrement - Retiré en octobre sous la pression des associations. — Cette année, l'EPCC avec la complicité… il reste des élus jacobins, même si en Bretagne, il est devenu politiquement incorrect d'être hostile à la culture bretonne, à preuve le vote unanime d’une reconnaissance officielle régionale de nos langues et cultures le 17 décembre 2004.
Mais nous ne sommes pas dupes.
Certes, les élections ont changé les titulaires de la Région mais pas l’objectif de la Haute Administration. Celle-ci, à mi-mandature, revient à la charge car l’Etat se trouve en déficit abyssal. Déficit qui perdure. Il doit d’urgence stabiliser cette dérive générée par un empilement structurel au fonctionnement aussi dispendieux qu’inutile. Aussi, les dotations au fonctionnement des associations bretonnes, enfin sous contrôle et, rognées : quelle aubaine. Car la Haute Administration ne veut pas se réformer. Elle préserve ses privilèges. Les ors de la République lui appartiennent et lui conviennent. Mais il lui faut faire des économies à tout prix : contrôler la Bretagne par le biais de sa culture, c’est aujourd’hui détenir la plupart des rênes de son économie… source de revenus… La boucle est bouclée.
Les médias sous contrôle, hier comme aujourd’hui : les « petits aménagements » se fomentent en antichambre jacobino-administrative pour aboutir à ce que nous considérerions comme la complicité régionale pour une captation de notre héritage culturel par l’Etat.
Est-ce là le chemin d’une dévolution à l’égale des autres régions d’Europe ?
Où est la gestion démocratique en lien avec les acteurs économiques et culturels, créateurs de ces activités et de la richesse qui en découle ? Où est la prise en compte d’une croissance qui devrait aboutir à des établissements semi-publics – la base de ce type de statuts existe -. Au lieu de cela, la situation se situe à l'opposé du discours et débouche sur ce contrôle politico-administratif « payeur-contrôleur-décideur » : cela s’appelle un monopole d’Etat par la puissance de ceux qui décident de l’orientation et disposent à leur convenance de l’argent public. De ce fait, nous allons vers : Outre, des éco-musées sans leurs créateurs : c’est déjà fait ; une langue bretonne sans ceux-là qui depuis 30 ans l’ont remise debout, voire… sans bretonnants ! Tant qu’à faire, pourquoi pas ? Le livre ? Sans l’édition et surtout sans les auteurs, ça en prend le chemin… Sans oublier « Musique et danses », etc. La liste future des « Bretonnes Nationalisées françaises » d’une culture dites populaire pour mieux noyer le poisson, est longue. Que devient dans tout cela la Charte Culturelle de 1977 ? En d’autres domaines, les droits acquis sont respectés et défendus becs et ongles. Mais en matière économico-culturelle bretonne c’est la chausse-trappe, et les années de cotisations comme les heures bénévoles des sociétaires, passées par pertes et profits.
Au nom du droit citoyen, nous protestons.
Les élus que vous êtes n’ont pas reçu un chèque en blanc pour permettre à l’Etat d’accaparer notre patrimoine et nous voulons encore croire à votre honnêteté envers les Bretons de quelques bords qu’ils soient.
A-berzh Galv Karaez, a galon ganeoc’h. De tout cœur, de la part du Collectif Breton.
La présidente, Angèle jacq