Intervention d'Alain Monnier, représentant de l'Institut Culturel de Bretagne au Conseil Économique Social et Environnemental Régional à propos de l'EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle)
Komzoù gant Alan Monnier, dileuriad Skol-Uhel ar Vro
Monsieur le Président, Cher/e/s Collègues,
Je souhaiterais faire part ici d'une double surprise.
Surprise, d'abord, de ce que ce bordereau à dimension évidemment culturelle n'ait pas été également transmis à la Commission Qualité de vie, Culture, Solidarités. Cette surprise est, je crois, partagée par l'ensemble des membres de la Commission. Il ne s'agit pas ici de sous-estimer le travail fourni par nos Collègues de la Commission Formation et celui des rapporteurs en particulier, mais l'avis - s'il avait été émis par les deux Commissions - aurait certainement été différent, la contribution du Président de l'Université de Rennes II, partenaire naturel de l'ESAD-TNB, et du représentant des acteurs culturels apportant certainement des éclairages complémentaires.
Surprise aussi, de voir le Conseil régional de Bretagne reprendre telle quelle une décision du ministère de la Culture qui comporte de réels désavantages.
Je n'en citerai que quelques-uns :
- la création de ce nouvel EPCC, décidée notamment pour des raisons budgétaires, fonctionnant sur un triangle Rennes-Nantes-Angers, risque d'accroitre le déséquilibre entre les territoires, et marginaliser la partie Ouest de la Bretagne, en déplaçant une nouvelle fois les centres de formation et de décision vers l'Est ;
- la Bretagne, terre ouverte et universelle, est dépositaire de spécificités culturelles qui contribuent à la diversité culturelle : il n'est pas certain que ce que notre assemblée a caractérisé, il y a une dizaine d'années, comme « la dynamique culturelle bretonne » , que l'on peut également qualifier de Matière de Bretagne et qui inclut une part importante d'innovation et de création, soit aussi bien prise en compte à l'échelle d'un « Grand Ouest » qu'au sein même de la région dans sa dimension historique ;
- l'expérience acquise par l'ESAD-TNB ne semble pas suffisamment intégrée dans ce projet ni même en voie de pérennisation ; c'est au contraire vers sa disparition que l'on semble tendre à terme ;
- enfin, si les EPCC permettent de sortir d'un certain nombre d'impasses en matières de financements publics, leur gouvernance est parfois questionnée et leur efficacité, en attendant un travail d'évaluation à réaliser après la création de plusieurs d'entre eux ces dernières années, reste inégale. A cet égard, le fait qu'ils ne soient pas mentionnés dans les indicateurs de type Agenda 21 est significative.
La réalité de tous ces enjeux aurait mérité que les responsables de la structure ESAD-TNB comme les autres acteurs culturels fussent davantage associés à la création de ce nouvel EPCC, ce qui n'a pas été le cas.
C'est pourquoi il est regrettable que ce texte soit proposé tel quel en session du Conseil régional et il aurait été plus sage d'en ajourner l'examen afin qu'un vrai débat fût possible.
Concernant notre propre assemblée, parce que les acteurs culturels ne partagent pas les observations trop univoques qui nous sont proposées, lesquelles envisagent un « projet stratégique innovant » , en constatent parfois les silences comme en ce qui concerne la recherche mais pas en ce qui relève de démarche et la gouvernance, les acteurs que je représente ne peuvent se reconnaître dans cet avis et je voterai donc contre celui-ci.