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- Reportage -
Vendée Globe 2012 : vingt navigateurs prêts à défier l’océan
Vingt navigateurs solitaires dont six Bretons et autant de cœur seront au départ le samedi 10 novembre des Sables d'Olonne pour la 7e édition du Vendée Globe.
Par David Raynal pour ABP le 9/11/12 0:27

Vingt navigateurs solitaires dont six Bretons et autant de cœur seront au départ le samedi 10 novembre des Sables d'Olonne pour la 7e édition du Vendée Globe.

Everest des mers pour certains, course ultime pour d'autres, la seule évocation du Vendée Globe aiguise l'appétit et la convoitise des grands navigateurs solitaires. Fidèle à sa pureté originelle et malgré un contexte économique difficile, cette 7e édition qui partira le 10 novembre des Sables d'Olonne, réunit un plateau exceptionnel de 20 marins (19 hommes et une femme) pour un tour du monde à la voile d'Ouest en Est, sans escale et sans assistance. Une circumnavigation autour du globe par les trois grands caps de Bonne Espérance, Leeuwin et Horn qui devrait être bouclée pour les plus rapides en un peu plus de 80 jours. « Cette année, le Vendée embarque à son bord un équipage international exceptionnel, s'enthousiasme Bruno Retailleau le président du Conseil général de la Vendée. Les jeunes espoirs de la voile auront à cœur de rivaliser avec la génération des vieux loups de mer, dans une bataille navale des Anciens et des Modernes qui nous promet de belles confrontations. »

Un équipage cosmopolite avec six nationalités représentées, logiquement renforcé par la présence de six valeureux marins bretons, Armel Le Cléac'h, Vincent Riou, Bertrand de Broc, Jean Le Cam, Marc Guillemot, Jérémie Beyou. Mais c'est sans compter, comme le disait très opportunément notre confrère Philippe Argouarch dans un précédent article paru sur ABP, sur la très large surreprésentation des Bretons d'adoption ou de cœur qui vivent ou s'entrainent en Bretagne. Je veux nommer sans préférence et dans le désordre, Bernard Stamm, Tanguy de la Motte, Samantha Davies, Jean-Pierre Dick ou encore Louis Burton…

Dépressions automnales

Epreuve mythique et parfois de tous les dangers, le Vendée Globe débute samedi par les redoutables dépressions automnales du golfe de Gascogne. S'ensuivra une longue descente de l'océan Atlantique avant d'aborder la traversée des mers du Sud. Les navigateurs fileront ensuite vers l'océan Indien avant de faire une incursion prolongée dans l'immensité glacée du Pacifique. Commence alors une bataille contre les élements et souvent aussi contre soi-même, entre les 40e hurlants et les 50e rugissants, tant redoutés des marins pour la violence incroyable de leurs vents et les risques d'icebergs à la dérive. Enfin, les valeureux solitaires termineront leur boucle autour du monde par la traditionnelle et souvent imprévisible remontée de l'Atlantique qui marque l'arrivée libératrice vers Les Sables d'Olonne.

Depuis sa création en 1989, le Vendée Globe a la particularité de rassembler les meilleurs skippers du moment (Jérémie Beyou, Jean Le Cam, Armel Le Cleac'h, Jean-Pierre Dick, Marc Guillemot, Bertrand de Broc). Tous espèrent au moins finir la course tandis que quelques-uns visent sérieusement la victoire. Les chiffres sont d'ailleurs éloquents. A eux seuls, les 20 navigateurs inscrits pour le Vendée Globe 2012 ont déjà effectué 53 tours du monde. Neuf ont terminé la course. Un, Vincent Riou, qui embarque une nouvelle fois à bord de PRB, l'a remporté en 2005. Une belle bagarre sur l'eau en perspective pour les prétendants à la succession de Michel Desjoyeaux …

Site officiel du Vendée Globe 2012 : (voir le site)

Paroles de skippers :

Jérémie Beyou (FRA/Maître CoQ):

Cela fait maintenant huit ou neuf mois que nous avons décidé de faire avec Maître CoQ cette superbe aventure et de se mettre au niveau des meilleurs pour jouer aux avant-postes. Je suis très fier d'être là et déjà très concentré sur la course.

Arnaud Boissières (FRA/AKENA Vérandas)

Il y a quatre ans, c'était déjà un tel bonheur de faire le Vendée Globe. Dès mon arrivée, j'ai le reçu le soutien de mon sponsor Akena Vérandas pour repartir. Le parcours semble assez simple sur un écran, mais il est en fait un peu plus compliqué que cela. Pour faire un bon Vendée Globe, il faut d'abord le finir. J'ai hâte d'y être, car il n'y a que des beaux concurrents et de belles histoires à raconter pour faire rêver les gens. .

Louis Burton (FRA/Bureau Vallée)

Pour ma première participation au Vendée Globe, je suis d'abord très fier de faire partie des 20 skippers inscrits. Mon bateau sera amarré aux Sables d'Olonne à côté de ceux des plus grands skippers. Pour moi, il s'agit d'un rêve et c'est vrai que depuis La Route du Rhum, il y a une très belle aventure qui s'est créée avec mon partenaire Bureau Vallée. Je vais découvrir des tempêtes que je n'aurai certainement jamais à affronter ailleurs. J'ai hâte d'y être et de le vivre enfin.

Samantha Davies (GBR/Savéol)

Je me sens super chanceuse et heureuse de participer à cette course. Tout d'abord parce que j'ai démarré cette année plus tard que les autres avec un nouveau sponsor, un nouveau bateau, et une quinzaine de partenaires qui désormais me soutiennent, ce qui fait que j'ai maintenant une énorme famille autour de moi. J'ai également hâte de repartir et de faire mieux que la dernière fois, ce qui va être dur, vu tous les merveilleux marins qui sont engagés dans la course.

Bertrand De Broc (FRA/Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets)

L'autre jour, le parrain du bateau m'a demandé : « Bertrand, pourquoi repars-tu pour une troisième fois faire le Vendée Globe ? » Je lui ai répondu que je repartais parce que je voulais savoir pourquoi je repars…Je vais donc savoir pendant le Vendée Globe pourquoi finalement, je suis reparti. C'est quand même une course pas simple quand on prend la décision de signer le bon d'engagement…

Tanguy De Lamotte (FRA/Initiatives-cœur)

Les choses se sont super bien imbriquées grâce à une rencontre avec le directeur de la société Initiatives. Cela paraissait en définitive le bon moment pour moi de faire ce Vendée Globe. J'ai pour objectif d'être à l'arrivée comme tous les concurrents. Mais j'ai aussi la chance d'avoir un partenaire qui m'a demandé d'être le porte-drapeau du mécénat de la chirurgie cardiaque. Pour cela, nous allons créer un Téléthon tout au long de la course afin d'opérer un maximum d'enfants.

Kito De Pavant (FRA/Groupe Bel)

Depuis des années, nous travaillons avec toute l'équipe pour préparer cette participation au Vendée Globe. En dehors de la difficulté de l'épreuve, j'ai une vie extraordinaire. J'ai un sponsor extraordinaire et je prends la mer pour raconter au monde une belle histoire. Evidemment, nous espérons que l'histoire ira jusqu'au bout et que nous arriverons aux Sables d'Olonne le plus rapidement possible, le 25 janvier ou peut-être même avant…

Alessandro Di Benedetto (FRA-ITA, Team Plastique)

Je suis là grâce à mes sponsors que je remercie mais aussi grâce aux paroles de grands marins, Arnaud Boissières, Yves Parlier, Jean-Luc Van Den Heede qui m'ont dit après mon tour du monde en 2010 sur un petit voilier de 6m50 : « Mais pourquoi tu ne participes pas au Vendée Globe ?» . C'est ainsi qu'Arnaud Boissières m'a dit « trouve les sponsors d'abord et reprends mon bateau ensuite» . Et c'est ce que nous avons fait !

Jean-Pierre Dick (FRA/Virbac-Paprec 3)

Avant même de penser à la victoire, mon premier combat est de faire un tour du monde face à la mer. Sur un Vendée Globe, on est face à ses galères, à ses démons parfois. Il fait froid, il faut se battre. Et puis surtout comme m'a appris Loïck Peyron, il faut aussi prendre du plaisir. Et c'est comme cela aussi que l'on arrive à passer les moments les plus difficiles. J'ai changé une grosse partie de ma vie pour faire cette course et boucler ce tour est quelque chose de très important pour moi ainsi qu'un grand privilège.

François Gabart (FRA/MACIF)

Mes objectifs sont de réaliser mon rêve et de terminer cette belle course. Avec la Macif, nous avons construit un beau projet et il y a beaucoup de personnes qui nous suivent pour que nous construisions une belle traversée.

Mike Golding (GBR/Gamesa)

Avec trois marins inscrits, la participation britannique au Vendée Globe est moins forte que lors de l'édition précédente. Mais nous avons toutefois toutes nos chances. Certes, c'est une course très française. Mais quand un événement est bon, il est bon…

Marc Guillemot (FRA/Safran)

Je pars serein comme pour n'importe quelle autre course à laquelle je participe. Quand on s'engage pour le Vendée Globe, on vit, pense, mange Vendée Globe. Ce n'est pas toujours facile pour la famille parce que l'on est complètement pris dans cet élan qu'impose la préparation de la course. Je ressens également une grande fierté d'avoir le soutien des 55 000 personnes qui travaillent dans le groupe Safran. Nous avons d'ailleurs travaillé avec mon équipe et des ingénieurs du Groupe pour essayer d'améliorer ce bateau.

Zbigniew Gutkowski (POL/ENERGA)

En tant que premier Polonais de l'histoire à se lancer dans le Vendée Globe et à la conquête du tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.je suis très fier de faire partie de cette aventure. Je serais très heureux de finir en moins de 100 jours.

Jean Le Cam (FRA/SynerCiel)

Pour moi, une course est toujours spécifique parce qu'elle est toujours unique. Si elle n'était pas unique, nous ne reviendrions pas. A chaque fois, le Vendée Globe est une aventure différente, une course et des rencontres différentes. D'ailleurs, je pense que si tout le monde s'intéresse à cette course là, c'est parce qu'il y a bien quelque chose de différent. La différence, c'est ce qui intéresse. Moi, je vais à l'aventure parce que l'aventure c'est ce que l'on ne sait pas. Sinon ce n'est pas une aventure. Nous avons la chance d'avoir attiré un nouveau partenaire dans l'aventure qui ne sait pas encore…Nous allons essayer de lui faire découvrir ainsi qu'au public cette belle aventure qu'est le Vendée Globe.

Armel Le Cleac'h (FRA/Banque Populaire)

J'ai la chance d'avoir intégré le Team Banque Populaire depuis deux ans maintenant. Ils ont mis la pression puisqu'ils ont gagné en début d'année le Trophée Jules Verne en 45 jours. Ce sera certainement un peu plus long pour moi. En tout cas, je vais essayer de ramener ce très beau monocoque de 18 mètres, fin janvier début février, si possible bien placé.

Vincent Riou (FRA/PRB)

Ce que je peux observer depuis notamment ma victoire dans l'édition 2004- 2005, c'est que les choses ont changé et que les marins sont de plus en plus affutés. Le niveau ne cesse d'augmenter ce qui amène beaucoup d'intérêt pour moi et pour le public.

Javier Sanso (ESP/ACCIONA 100% EcoPowered)

Notre projet est de créer un bateau compétitif, sûr et pour la première fois dans sa catégorie, 100% durable et autosuffisant. Un bateau capable de n'avoir besoin d'aucun type de carburant fossile tout au long de sa vie utile. Nous sommes d'avis que le moment est venu de laisser derrière nous la vieille croyance d' « un homme contre la nature dans une course autour du monde » et de proposer « un tour du monde avec la Nature » .

Bernard Stamm (SUI/Cheminées Poujoulat)

En 2004, ma participation s'est arrêtée brutalement avant le départ et c'est sûr que jusqu'à présent la course ne m'a pas réussi. J'ai la chance que mes sponsors me fassent encore confiance. Nous avons fait un bateau pour la course avec un projet ambitieux. Il est effectivement plus puissant mais nous avons également mis l'accent sur la fiabilité. J'ai bien vu comment on pouvait sortir du port des Sables D'Olonne. J'aimerais maintenant pouvoir y entrer…

Alex Thomson (GBR/HUGO BOSS)

Je pense que tous les skippers s'accordent à dire sue le Vendée Globe est le challenge sportif le plus difficile dans le monde aujourd'hui. J'ai fait deux tentatives de tour du monde dans le cadre du Vendée Globe et il est indispensable que je termine cette fois-ci cette course.

Dominique Wavre (SUI/Mirabaud)

Après 9 tours du monde à mon actif, le moteur est avant tout la compétition et l'aventure. L'aventure parce que la course n'est jamais écrite d'avance. Des quilles et des mâts qui ne se comportent pas forcément comme on le veut, des vagues qui ne sont pas là où il faudrait. C'est cette partie aventureuse que l'on va chercher à chaque fois. Ce que l'on va chercher également, ce sont ses propres limites, ses capacités d'endurance, psychologiques et physiques. C'est une chose que l'on a assez rarement l'occasion d'expérimenter et ce Vendée Globe est une excellente opportunité de le faire. Puis il y a la fascination des mers du sud. C'est un endroit fabuleux, les Kerguelen, le Pacifique sud sont des immenses déserts parcourus par aucuns cargos ou avions et cela fait partie de l'envie d'y retourner et bien sûr d'en revenir…

Voir aussi sur le même sujet : voile,Vendee Globe
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David Raynal est journaliste et photographe de presse.
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