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- Communiqué de presse -
Oui à l'ouverture d'une classe bilingue publique à Bannalec
[Version actualisée - 22/01 - 23 heures] A la matenelle publique de Bannalec, 22 enfants sont pré-inscrits pour bénéficier d'un enseignement bilingue français-breton dès la prochaine rentrée. La demande d'ouverture provient de parents attachés à l'école publique, dont la grande majorité n'est pas bretonnante.
Pierrick Le Feuvre Par Oui au breton le 22/01/08 11:54

[Version actualisée - 22/01 - 23 heures] A la matenelle publique de Bannalec, 22 enfants sont pré-inscrits pour bénéficier d'un enseignement bilingue français-breton dès la prochaine rentrée.

La demande d'ouverture provient de parents attachés à l'école publique, dont la grande majorité n'est pas bretonnante. Elle est soutenue par l'ensemble de l'équipe pédagogique de la maternelle. Des locaux sont disponibles pour ouvrir la classe bilingue. Toutes les conditions sont donc réunies pour garantir une ouverture dans les meilleures conditions, l'importance des effectifs garantissant la pérennité de la filière pour les prochaines années.

Pourtant, l'incompréhension de quelques-uns et les intrigues de quelques autres pourraient empêcher cette ouverture. Commençons par les incompréhensions.

Le projet menacerait l'école Diwan ?

A Bannalec, une école Diwan est ouverte depuis 1982. Cette année, elle est fréquentée par 59 enfants (+ 8 enfants par rapport à 2006). En 25 ans d'existence, cette école Diwan, soutenue par la municipalité, est aujourd'hui bien inscrite dans le paysage scolaire du pays de Bannalec. Grâce à Diwan, 8,7% des enfants inscrits en maternelle à Bannalec bénéficient d'un enseignement bilingue. Il sont 7,1% en élémentaire. (1) On notera, et c'est important pour la suite, que certains d'entre-eux proviennent de communes voisines.

C'est en premier lieu au nom de la défense de Diwan que le Maire, Yvon Le Bris, s'oppose aujourd'hui à l'ouverture d'une classe bilingue à la maternelle publique. Pour lui, et il n'est pas le seul à penser ainsi dans la commune, l'ouverture d'une classe bilingue à l'école publique pourrait mettre en péril l'école Diwan. Sa position est donc simple : "si les parents souhaitent que leur enfant apprennent le breton, qu'ils les inscrivent à l'école Diwan !"

On ne peut, bien-sûr, que se féliciter d'avoir à Bannalec un maire si engagé dans la défense de Diwan. Il n'empêche qu'Yvon Le Bris se trompe. Et pour plusieurs raisons.

Le développement d'une filière bilingue à l'école publique ne met pas en danger Diwan. Il suffit de regarder les chiffres. En Bretagne, sur les 129 communes où existe un enseignement bilingue, 15 disposent simultanément d'une école Diwan et d'un enseignement bilingue public. (2)

- A Quimper, Carhaix, Nantes, Landerneau et Baud, l'enseignement bilingue progresse dans les deux filières.

- A Vannes, Lannion, Brest et Pontivy, les écoles Diwan sont en progression alors que l'enseignement bilingue public est en recul.

- Seules les écoles Diwan de Rennes, Josselin et Paimpol semblent marquer le pas cette année face à l'école publique qui continue de progresser.

Ainsi, il n'existe que trois communes où Diwan serait en difficulté aux côtés d'une filière bilingue publique en meilleure santé. La relation de cause à effet n'est pas démontrée. De surcroit, le phénomène est largement minoritaire. (3)

Certains enseignants ne seraient pas favorables

Initié par quelques parents qui se sont groupés en collectif, le projet de classe bilingue est soutenu par l'ensemble de l'équipe pédagogique de la maternelle publique. Le phénomène est trop rare pour ne pas être souligné. L'ensemble des enseignants favorables, dès l'ouverture, à l'enseignement bilingue, constitue la meilleure garantie d'intégration de cet enseignement dans l'établissement. C'est aussi la meilleure garantie contre toute "ghettoïsation" de la classe bilingue dans l'école. La meilleure garantie de son développement dans l'avenir. D'autant que l'ensemble des enfants pré-inscrits vit sur la commune-même de Bannalec.

Pourtant, certaines enseignantes en élémentaire seraient, parait-il, opposées au projet. Répondons en deux points à cette "rumeur".

- L'école élémentaire n'est pour l'instant pas concernée par le projet. Et il y a le temps, avant que le problème de la continuité se pose, de discuter avec ces enseignants.

- Pour autant, l'enseignement bilingue doit-il être soumis au bon vouloir d'enseignants monolingues, en poste, qui semblent plus préoccupés par leurs habitudes de travail que par l'enseignement donné aux enfants ? Si tel était le cas, la réponse serait bien-sûr non. Pourrait-on imaginer que l'enseignement de l'anglais, devenu obligatoire en élémentaire, ne soit pas assuré au prétexte que des enseignants n'en veulent pas ? L'administration de l'Education nationale a répondu à ce type d'objection en créant des postes fléchés "anglais". Il doit en être de même pour le breton.

Voilà pour les incompréhensions. Passons maintenant aux (petites) intrigues.

Déshabiller l'école publique de Bannalec ?

Pour Yvon Le Bris, "l'enseignement du breton, c'est Diwan !" Comment ne pas être enthousiaste en entendant un maire défendre Diwan avec tant d'ardeur ? Attention cependant aux manipulations. Comme Yvon Le Bris, et avec beaucoup d'autres, nous défendrons sans relâche les écoles Diwan, parce qu'elles pratiquent un enseignement immersif, parce qu'elle sont laïques et gratuites. Pour qu'elles soient, un jour que nous espérons le plus proche possible, intégrées au service public de l'éducation.

Doit-on pour autant, au nom de ce combat, empêcher le developpement de l'enseignement bilingue à l'école publique ? Une nouvelle fois, la réponse est non. Pour au moins trois raisons.

- La première tient à la sauvegarde de la langue bretonne. Si "la progression annuelle de l'enseignement bilingue ralentit de plus en plus" (c'est le cas actuellement), "le nombre de locuteurs continuerait à diminuer au moins jusque dans les années 2060. La stabilisation se ferait peut-être alors aux alentours de 20 000 brittophones, mais comment pourrait se maintenir une langue - qui est de moins en moins apprise - avec si peu de locuteurs ? Avec ce scénario, le risque de voir la langue bretonne s'éteindre avant la fin de ce siècle est très important." (4) Est-ce ce que nous voulons ?

- La seconde est pédagogique. Les écoles Diwan pratiquent une pédagogie d'immersion linguistique en breton. Les écoles publiques bilingues une pédagogie dite "à parité horaire" (50% du temps d'enseignement en breton, 50% en français). Puisque le choix pédagogique existe, les parents doivent pouvoir l'exercer.

- La troisième tient à la défense de l'école publique à Bannalec. Si les 22 enfants pré-inscrits en classe bilingue suivaient les recommandations d'Yvon Le Bris, ils devraient donc quitter l'école publique pour s'inscrire à Diwan. L'inspection d'académie s'empresserait de fermer une classe à la maternelle publique dès la prochaine rentrée, suite à la perte d'effectifs. Est-ce ce que veut M. le Maire de Bannalec ?

On retrouve d'ailleurs la même duplicité chez l'Inspectrice de circonscription, qui s'oppose aussi au projet de Bannalec, au motif qu'un autre projet est en cours d'étude à Quimperlé et peine à émerger. Pour elle, "le projet de Bannalec est sans objet" (sic) et elle invite les parents à inscrire leur enfant à Quiimperlé.

Yvon Le Bris soutient-il cette position des services de l'éducation nationale ? Est-il prêt, et avec lui les enseignantes "récalcitrantes" d'élémentaire, à voir son école publique se vider au profit d'une école à Quimperlé ? Est-il prêt, dans ce cadre, à indemniser la commune de Quimperlé pour l'accueil des enfants de Bannalec ? Est-il prêt à financer la charge supplémentaire qu'engendrera le transport des enfants bilingues de Bannalec vers Quimperlé ? Poser les questions, c'est donner les réponses...

Oui à la généralisation de l'enseignement bilingue

La raison doit l'emporter. Le projet de classe bilingue porté par les parents et les enseignants de la maternelle publique de Bannalec doit être soutenu sans réserve. Comme on l'a déjà vu à Lorient il y a deux ans à la maternelle de Merville, il démontre que, quand une équipe enseignante soutient un projet, le nombre de parents intéressés croît très rapidement. 22 enfants pré-inscrits, c'est plus que n'en demandent les propres circulaires de l'Education nationale pour ouvrir une classe bilingue.

L'exemple de Bannalec confirme ce que nous disent les sondages réalisés ces dernières années. 80% des bretons sont favorables à l'enseignement bilingue. Quand il est proposé, et qu'il est soutenu, une large part des parents, dont la très large majorité n'est pas bretonnante, est prête à y inscrire leurs enfants.

Les élus doivent soutenir ces demandes sans réserve. A Bannalec comme ailleurs. Mise en place par les services de l'éducation nationale, la politique de pôle doit être combattue car elle ne vise qu'à organiser la pénurie d'enseignement bilingue, par une stricte logique comptable qui prépare l'enterrement définitif de la langue bretonne. Ceux qui ont mis le pied dans cette logique funeste devraient regarder dans quoi ils marchent. Koc'h ki du !

Oui à l'ouverture d'une classe bilingue publique à Bannalec. Oui à l'enseignement bilingue français-breton dans toutes les écoles de Bretagne.

Toutes ? Toutes. (5)

2008, année de la langue bretonne ! 2008, bloavezh ar brezhoneg ! (6)

Si vous souhaitez réagir à cet article, vous pouvez le faire à la suite du même article publié sur ouiaubreton en suivant ce lien (voir le site)

Notes

[1] Données issues du Rapport sur la situation de l'enseignement bilingue, édité par l'Office de la langue bretonne, téléchargeable en suivant ce lien (voir le site)

[2] id, pages 21 et 22.

[3] Il y a trois communes où l'enseignement bilingue est aujourd'hui en recul : le Relecq-Kerhuon, Lorient et Saint-Brieuc. Pour le Relecq-Kerhuon, Marion Lepache, adjointe au maire nous a expliqué par mail (22/01 - 23 heures) que la "diminution du nombre d'élèves est due à l'ouverture d'une antenne du collège à Guisseny pour désengorger le collège du Relecq, où les places d'hébergement (gérées par le CG) n'étaient plus suffisantes." Ce phénomène est donc positif et la conséquence d'un développement de l'enseignement bilingue sur ces communes. Rien à voir avec Lorient où les effectifs sont en recul dans les trois filières, symptome d'un engagement insuffisant de la municipalité. Pour St-Brieuc, nous n'avons pas d'information.

[4]. Est-il encore temps de sauver la langue bretonne ? in "La langue bretonne à la croisée des chemins", page 129. A commander à l'Office de la langue bretonne. 25 euros. (voir le site)

[5] Voir également l’article Vers une généralisation de l’enseignement bilingue à Bannalec publié sur ouiaubreton le 20 décembre dernier (voir le site)

[6] Lire sur ouiaubreton 2008, année de la langue bretonne - Bloavezh ar brezhoneg (voir le site) et La langue bretonne au cœur des élections municipales et cantonales (voir le site)

Voir aussi :
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