Publié le 14/01/18 17:20 -- mis à jour le 00/00/00 00:00
Les Français parlent aux Français : pas de statut pour le corse en Corse...
Madame « Corse » a donc bien spécifié aux Corses qu’il ne pourrait pas y avoir de statut de la langue corse en Corse. Les leaders autonomistes ont vu cependant des avancées dans les discussions sur d’autres sujets et l’on s’en réjouit. Mais ils ont bien l’intention de travailler avec, ou contre, le gouvernement français pour obtenir ce fameux statut officiel pour leur langue originelle. Rappelons pour mémoire que la France est un des seuls pays de l’Union européenne avec la Grèce, à ne pas avoir ratifié la charte des langues minoritaires.
Il est vrai que si les Corses obtenaient un statut pour la langue corse, les Bretons, les Alsaciens, les Basques, et bien d’autres seraient tentés de s’engouffrer dans la brèche. Et alors ? La France a-t-elle un problème d’identité ?
La République française actuelle est un agglomérat de différents peuples (pendant longtemps on a défini un peuple par sa langue), mais c’est le cas ailleurs en Europe. Ainsi en Grande-Bretagne la langue galloise a-t-elle un statut officiel. Même chose pour le basque ou le catalan en Espagne. Ou encore le sorabe, le frison ou le danois en Allemagne. En Italie, le français et l’allemand ont également un statut de co-officialité dans les régions du Val d’Aoste pour le français, et dans la province de Bolzano pour l’allemand, tandis que douze autres langues bénéficient d’une reconnaissance nationale dans différentes provinces. Cette reconnaissance impliquant que les autorités locales concernées doivent mettre en place des mesures pour protéger ces langues (sarde, frioulan, albanais, croate, slovène etc..) et permettre aux usagers de les utiliser dans différents champs administratifs. N’oublions pas la Belgique et ses trois langues officielles le wallon/français, le flamand et l’allemand. Et les pays scandinaves ne sont pas en reste.
Cette impossibilité en France d’obtenir un statut de co-officialité pour une autre langue que le français est donc encore une marque de cette fameuse exception française, réductrice, hypocrite et castratrice. Pour quel résultat ? Des Français maintenant peu doués pour les langues étrangères en général, mais cela vaut pour certaines « élites » en particulier. Souvenons-nous des tentatives calamiteuses d’un certain François Hollande pour s’exprimer en anglais, quand Martin Schultz par exemple, ancien président du parlement européen et actuel leader du SPD en Allemagne, parle couramment cinq langues et a par ailleurs de très bonnes notions de breton...Et surtout des Français qui, bien que n’étant engagés à apprendre qu’une seule langue officielle, l’écrivent de plus en plus difficilement correctement. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les résultats des analyses de l’OCDE sur le sujet, ou encore de se promener sur les forums internet.
Jusqu’à quand devrons-nous subir ce nivellement par le bas qu’impose cette Constitution en ce qui concerne, entre autres sujets, les langues de l’Hexagone ? Et pourquoi chez les intellectuels français personne ne s’insurge contre cette situation ubuesque ? Gageons en tous les cas que s’il existait encore des Montesquieu en France, cette absence de statut officiel pour la langue corse en Corse ferait l’objet d’une lettre persane bien sentie.
Frank Darcel, président de Breizh Europa
Frank Darcel
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EN OUTRE, l'article 75-1 annonce que, je cite :« Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » La France, en n'admettant alors aucun statut à ces langues (utilisation, conservation, archives, enseignement, etc. ) ne commet-elle pas alors un crime contre l'Humanité, augmenté d'un non-respect de ses propres institutions (conservation de SON patrimoine....) ? C'est, selon moi, l'angle de discussion qu'il faut mettre en avant. Il appartient à la France de conserver les patrimoines qu'elle s'est appropriés, souvent injustement ou par la ruse d'ailleurs, en donnant aux territoires concernées toutes les facilités nécessaires, financièrement et administrativement, pour en assurer la survivance. Paul Chérel