Fondateur il y a exactement trente ans du Kan ar Bobl -le chant du Peuple - Polig Monjarret est cet homme qui "fit jaillir l'étincelle", écrit Padrig Malrieu. Polig a su copier l'Irlande, créer en Bretagne ce Kan ar Bobl, l'équivalent de ce qu'il avait vu chez nos cousins celtiques, l'inclure dans l'organisation du Festival Interceltique de Lorient pendant près de 25 ans, convaincre et s'entourer d'utiles responsables, déléguer et transmettre à Pierre Guergadic, Jean-Pierre Pichard, Armel Henrio, Michel Micheau-Vernez, Francine Guilbaut, Maryse Simon, Jean-Yves Dubois, Jude Paboul et bien d'autres, le flambeau allumé.
Ce bilan est considérable. Des millions de Bretons ont réappris à aimer chanter ou écouter leurs gwerz, leurs chansons, redire leurs contes, ou rejouer leur musique. Sur la scène bretonne, il n'est guère d'artistes qui ne doivent au Kan ar Bobl un titre de gloire, une qualification ou un savoir.
Lorsque l'on sait que Polig Monjarret fut aussi créateur et président de longues années de Bodadeg Ar sonerion qui a formé et forme encore des milliers de sonneurs. Collecteur de nombreux airs de musique, Polig a aussi été fondateur de Kendalc'h spécialisée dans les danses bretonnes. Il a aussi initié les jumelages Bretagne-Irlande, apporté son concours au milieu politique en 1956. Bref, rien de ce qui concerne la Bretagne ne l'a laissé insensible. Un vieil ami, toujours vert me l'explique en quatre mots : Polig, Tad inen er Vro.
Polig Monjarret fut aussi membre du MOB et du CELIB. Collecteur infatigable, il a publié deux recueils d'airs bretons Tonioù Breizh-Izel (environ 8.000 partitions). C'est surtout lui qui a introduit en Bretagne le biniou braz (cornemuse écossaise). Biniou kozh ou biniou braz, il faisait une sacrée paire avec son ami Dorig Le Voyer à la bombarde.
Pierre Le Padellec, pprésident du Kan ar Bobl
Philippe Argouarch