Au festival de Kerhervy, le plus grand festival de théâtre amateur de Bretagne avec 6000 spectateurs était jouée la pièce Phèdre de Sarah Kane
Sarah Kane est morte à 28 ans après une carrière de dramaturge éclair, laissant quatre pièces de théâtre. Les heureux spectateurs du festival de Kerhervy ont pu voir deux pièces de cette auteure jouée par des adolescents (est-ce un hasard ?) de Lanester et et de l'Université de Rennes. Des deux, celle de Phèdre est la plus impressionnante, la plus aboutie et la plus révélatrice de cette drôle de société que nous vivons aujourdhui : consommation et autodestruction, la tragédie est toujours contemporaine.
Phèdre ? Une nymphomane amoureuse de son gendre obèse, Hippolyte, qui mange sans arrêt et regarde la télévision assis dans un fauteuil qui trône au milieu d'un tas d'ordures d'emballages de chips, Macdo, et autres malbouffes. Fellations, viol, masturbation vont se succéder à un rythme ahurissant, laissant le spectateur comme à l'issue d'un film violent, à l'image de cette violence quotidienne et occultée par des messages publicitaires, audiovisuels lénifiants. A Kerhervy, sous un petit crachin de début juillet et devant le cimetière de bateaux, les jeunes étudiants rennais ont rejoué la tragédie, à l'antique en blousons de cuir et en mode Sarah Kane. Noirceur et désespoir, où sont les dieux protecteurs ?