Un projet de centrale de 450 MW, exploitée par Direct Energie et Siemens, est prévu à Landivisiau, dans le Finistère. C'est une centrale à cycle combiné gaz, et à croire la communication officielle, elle renverra toutes les autres chez les dinosaures, surtout l'unité fioul et charbon de Cordemais (44) qui produit 30 % de l'électricité bretonne.
Seulement, le PDG de Direct Énergie a admis que la centrale va bénéficier d'une rente de situation de 40 millions d'€ de la part de l’État, donc des contribuables, et très probablement des contributeurs bretons auxquels on impose la centrale. Cette rente est présentée comme une assurance à la capacité http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/cotesarmor/centrale-au-gaz-quelle-rentabilite-28-04-2012-1684567.php?xtmc=udb&xtcr=5. Ces quarante millions, les Bretons les auront en moins pour de grands projets dans le transport, ou dans la dotation au Finistère. Christian Guyonvarc'h (UDB) va interpeller les chefs d'entreprise qui animent l'association "Investir dans le Finistère", premier soutien de ce projet de centrale, pour leur demander si ce "modèle" économique hyper subventionné, hyper administré correspond à leur vision de l'économie.
Une autre centrale à gaz existe en Bretagne : la centrale de Montoir-de-Bretagne, 435 MW, gérée par une filiale de GDF et qui a eu 300 millions d'investissements. http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=114911. Mais les conditions ne sont pas les mêmes : le port méthanier se trouve juste à côté, donc pas de coût de transport, et l'exploitant étant GDF, il n'y a pas de contrat de fourniture de gaz à des prix prohibitifs. L'unité de Montoir-de-Bretagne représente la façon la plus pertinente d'installer ce genre d'unités : près d'infrastructures portuaires ou terrestres d'importation ou de stockage de gaz naturel. A Landivisiau en revanche, il n'y a rien. Implanter une centrale là reviendrait à en construire une à Aubigny-sur-Nère, ou encore au beau milieu de la Sibérie, loin d'un gisement de gaz de préférence.
Hors des frontières bretonnes, d'autres sites européens vont fermer, par manque de rentabilité. La centrale de Pont-sur-Sambre, dans le Nord de la France, inaugurée il y a trois ans, puissante de 412 MW, a été placée sous procédure de sauvegarde. Elle n'est plus rentable. Le gestionnaire avait souscrit un contrat de fourniture en gaz indexé sur celui du pétrole qui ne cesse d'augmenter. En sus des 300 millions d'€ de l'investissement initial, la centrale a perdu plusieurs dizaines de millions d'€. D'autres compagnies, notamment EDF en Angleterre http://www.icis.com/heren/articles/2012/04/25/9553721/low-uk-spark-spreads-here-to-stay-edf-trading-head.html, prévoient de fermer environ 10.000 MW de capacité sur plusieurs sites européens, puisque la consommation européenne s'est effondrée, notamment grâce à la crise et aux politiques diverses d'économie écologique. La décroissance énergétique est en marche, du moins dans le secteur des centrales à gaz.
Du coup, la France va y répondre comme d'habitude par des subventions. Dirigée par des (simili-)libéraux, elle met pourtant en place mécaniquement son modèle économique à la française qui n'a pour l'heure réussi qu'à transformer en friche (vierzonniser) les ¾ des son territoire ( voir notre article ). Et même si, à ce jour, de nouvelles constructions de centrales électriques à cycle combiné sont prévues, dans le Pays de Galles par exemple http://www.thisissouthwales.co.uk/Autumn-start-gas-power-station/story-15838038-detail/story.html ou les États-Unis http://www.pennenergy.com/index/power/display/1573395701/articles/pennenergy/power/gas/2012/april/natural-gas-fired.html, la réactivité de leurs systèmes économiques et politiques leur permettra de se retourner si des doutes sérieux apparaissent sur la rentabilité de ces centrales, ou de les fermer au terme d'un exercice pas rentable.
L'histoire montre que, confronté à la même situation, que cela soit avec des compagnies ferroviaires, des charbonnages, des aciéries, des usines de tracteurs, des fabricants de panneaux solaires ou bientôt avec une boîte de gardiennage dont les cadres étaient surpayés, le pouvoir politique français, pourtant dominé par des gens qui ont, à un moment, reçu une quelconque éducation économique, ne sait faire qu'une chose : s'enferrer dans l'impasse avec l'argent des autres.