Lancée à l’automne 2011, la campagne pour l’indépendance menée par les nationalistes écossais du SNP voit depuis le début de la semaine le premier véritable affrontement entre les gouvernements d’Edimbourg et de Londres, entre nationalistes et unionistes.
Dominant la scène politique écossaise depuis sa victoire écrasante aux élections du printemps 2011, le SNP a mis en place depuis juillet dernier les différents outils pour mener à bien son projet de referendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Les trois partis unionistes pratiquement tétanisés par leur défaite n’ont pu que constater sans pouvoir s’opposer : les Libéraux-Démocrates ayant perdu la majorité de leurs députés n’ont pu former un groupe au Parlement écossais, le Parti Conservateur et le Labour ont perdu chacun leur leader et n’ont pu se réorganiser que tardivement en octobre et novembre derniers. Parallèlement, les sondages successifs montraient un renforcement du camp indépendantiste (entre 32 à 36%) et l’affaiblissement des partisans du statuquo (53% selon le sondage de YouGov qui vient d’être publié). Au point que The Times, pourtant un des piliers du journalisme conservateur, décernait en fin d’année le prix de « meilleur homme politique de l’année » à Alex Salmond …..
Le Premier Ministre britannique, David Cameron, se devait de réagir fasse à une situation qui semblait échapper totalement au pouvoir londonien : les attaques en règle contre les projets d’Alex Salmond ont commencé en début de semaine en remettant en cause à la fois le planning retenu par le gouvernement écossais, les modalités du referendum, la responsabilité juridique et légale de son organisation.
En résumé, David Cameron souhaiterait que le referendum soit organisé en 2013, qu’il ne porte que sur une question (oui/non), qu’il soit supervisé par Westminster. Cette position est aussi celle d’Ed Miliband, leader du Labour britannique, et des Libéraux-Démocrates. Les partis unionistes ne remettent pas en cause le fait qu’il y ait un referendum, la victoire écrasante du SNP étant une justification politique suffisante, mais ils tentent d’accélérer et de contrôler le processus pour empêcher le SNP de profiter de mois supplémentaires pour mener campagne.
La réplique n’a pas tardé : Alex Salmond a confirmé que le referendum serait organisé à l’automne 2014 (1) sous l’autorité du Parlement écossais, par une commission indépendante, que le vote serait ouvert aux électeurs écossais à partir de 16 ans et que la question ou les questions posées par ce referendum seraient définies suite à une large consultation de la société écossaise dans les semaines à venir.
La tension est montée d’un cran ce mercredi entre les deux gouvernements avec un débat mémorable à la chambre des Communes qui vit un front commun des partis unionistes contre Angus Robertson, député du SNP, ce qui permit à Alex Salmond de rebondir en dénonçant cette nouvelle alliance qui voulait décider pour l’avenir de l’Ecosse à la place des Ecossais…..
Après ces passes d’armes, il semble que l’heure soit désormais à la négociation, le gouvernement britannique pouvant sans doute céder sur la date mais refusant les électeurs à partir de 16 ans et s’accrochant à la question unique oui/non afin « d’en finir de façon définitive avec la question institutionnelle écossaise » .
Ce jeudi midi, au Parlement écossais, Alex Salmond a confirmé le lancement de la consultation publique dans les 10 jours à venir.
(1) 2014 est une année riche en évènements et en symboles : Glasgow accueillera les Jeux du Commonwealth ; le second festival Homecoming Scotland aura lieu tout au long de l’année et enfin ce sera le 700ème anniversaire de la bataille de Bannockburn qui vit la défaite de l’armée anglaise du roi Edward face aux Ecossais de Robert the Bruce. Les adversaires de Salmond l’accusent d’avoir choisi délibérément 2014 pour l’organisation du referendum du fait de ces évènements, ce qui est sans doute vraisemblable…….