Assisterait-on au début d'une passe d'armes entre Jean-Yves Le Drian et son rival annoncé à la présidence de la région en 2010, François Goulard ? Le motif : le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne. Le seul ministre breton du gouvernement doute sérieusement de la motivation du président du Conseil régional de Bretagne à faire aboutir ce dossier. Pugnace, le Vannetais s'est attaqué à d'autres sujets dans armor magazine. Morceaux choisis du numéro d'octobre qui vient de sortir.
Si je me mets à la place des Bretons, je me dis : s’il y a quelqu’un qui peut faire avancer la question de la réunification de la Bretagne, c’est soit François Goulard soit Jean-Yves Le Drian. Vous êtes l’unique membre breton du gouvernement, alors comment faites-vous avancer cette question ?
F. Goulard : J’ai été l’un des premiers élus signataires de la Charte pour la réunification et je maintiens qu’il serait tout naturel à de nombreux points de vue - historiques, culturels et économiques - que la Loire-Atlantique fasse partie de la Bretagne. J’ai l’impression que tout n’a pas été fait par le président du Conseil régional de Bretagne avec son homologue des Pays de la Loire pour étudier la possibilité d’un accord sur la question, sur une procédure ou sur une consultation. Dans ma position, je n'ai pas la responsabilité de ce dossier, difficile à faire avancer dans une majorité trop peu décentralisatrice à mon gré. La décentralisation du gouvernement Raffarin nous a mis au milieu du gué, il faut certainement aller plus loin.
Votre nom est de plus en plus cité comme tête de liste en Bretagne pour les régionales de 2010 ?
F. Goulard : 2010, c’est loin. J’espère avant, être réélu député de la circonscription de Vannes. Je ne sais pas comment les choses se présenteront, mais vous savez que les affaires régionales m’intéressent.
Comment jugez-vous le travail mené depuis 2004 par le Conseil régional de Bretagne ?
F. Goulard : Au bout de deux ans, le bilan n’est pas très convaincant. Beaucoup de temps a été perdu en discussions et en redéfinition de politiques. Je suis critique sur un certain nombre d’aspects, comme l’orientation donnée aux politiques d’aide aux collectivités. Savez-vous que la ville de Vannes est deux fois moins subventionnée qu’auparavant ? Sous Josselin de Rohan, aucune ville n’était défavorisée à cause de sa couleur politique. Le respect des collectivités locales est insuffisant. Je ne suis pas convaincu non plus de l’efficacité de la politique d’aménagement du territoire. Enfin, le bilan en matière de dynamisme économique est maigre. L’idée de l’agence régionale de développement économique me laisse sceptique.
ABP/RLF