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Les provinces historiques de l'Ukraine actuelle (source wikipedia)
- Point de vue -
De l'illégimité des frontières des États : pour la division de l'Ukraine
La seule solution pour sortir de la crise ukrainienne est d'organiser des referendums pour que les gens choisissent si ces régions de l'Est feront partie de l'Ukraine ou de la Russie.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 1/03/14 22:35

L'Ukraine comprend 24 régions administratives, une république autonome (la Crimée), et deux villes avec des statuts régionaux (Kiev et Sébastopol). Il existe aussi onze régions historiques, sans plus de réalité administrative actuelle que les anciennes provinces historiques françaises comme la Bretagne séparée de sa capitale historique ou la Normandie divisée en deux (voir la carte).

Quand l'Ukraine est devenue indépendante le 24 août 1991, elle s'est retrouvée avec un vaste territoire dont une partie, avant la seconde guerre mondiale, faisait partie de la Pologne et, auparavant, de l'empire austro-hongrois. Une autre partie comme la Crimée faisait partie de l'empire russe depuis le 18e siècle et est toujours peuplée majoritairement de Russes.

Nikita Khrouchtchev a rattaché la Crimée à l'Ukraine en 1954, car, l'empire soviétique se comportait alors avec ses républiques satellites un peu comme la France avec ses colonies. La France n'a-t-elle pas un jour rattaché le Sahara à l'Algérie ? La comparaison semble aller même plus loin puisque la fin de l'URSS a fait place à des États indépendants dirigés par des dictateurs au service des affaires de l'ancien maître comme les colonies françaises en Afrique où la démocratie vient à peine de se montrer. Biélorussie, Kazakhstan, etc forment une sorte de post-empire russe, une Françafrique russe.

Les problèmes actuels sont enracinés, comme beaucoup de conflits, dans l'absence de consultation des populations. A aucun moment, on a demandé aux habitants de la Crimée, comme aux autres régions à l'Est du Dniepr, s'ils voulaient faire partie de la Russie ou de l'Ukraine. Même chose en 1923, lors du traité de Lausanne, des gouvernements et des bureaucrates européens et turques ont décidé des Etats et des frontières de l'Europe de l'Est et du Moyen-Orient, oubliant au passage de donner un État à 40 millions de Kurdes et semant les germes de futurs conflits. Aucune consultation des populations n'eut lieu. Même chose à Yalta (aussi en Crimée accessoirement) où l'Europe de l'Est fut dessinée par les Alliés avec des crayons sur un bout de papier sorti de la poche de Staline.

Les nationalistes ukrainiens de Kiev et de Lviv ont un désir légitime de démocratie et de la fin de la corruption héritée de la suzeraineté soviétique. Ils ont une méfiance naturelle vis-à-vis de la Russie. Ils se sentent Européens. Par contre, il n' a pas échappé aux Bretons et autres défenseurs des langues régionales que le parlement de Kiev, qui a pris cause majoritairement pour la révolution de Maidan, a voulu désofficialiser les langues régionales en Ukraine et en particulier le russe, alors que cette minorité russophone est protégée par la constitution. Le 27 février, le parlement de Kiev a annulé la loi linguistique de 2012 qui autorisait les assemblées régionales à déclarer 'langue régionale' celle qui est parlée par au moins 10 % de la population de la région. Ce statut de langue régionale permettait aux citoyens russophones de ces régions de faire leur démarches administratives en russe, de recevoir des enseignements en russe et cela permettait aux assemblées régionales et locales de délibérer en russe.

Pour le meilleur et pour le pire, les révolutions démocratiques ont toujours été conjointes de révolutions nationales. Ce fut le cas de toutes des révolutions de 1848 dans l’empire autro-hongrois mais encore de la révolution française de 1789, inventeur de la nation française, et qui aussi, imposa le français comme seule langue nationale. Il semble que l'Ukraine ait commis la même erreur.

Très rarement les révolutions démocratiques remettent en cause l'héritage historique des territoires hérités de royaumes agrandis par des mariages ou d'empires agrandis par des guerres expansionnistes. Le nationalisme des révolutionnaires pro-démocratie est le plus souvent sourd aux autres nations et ethnies minoritaires aux dépens du droit des peuples et de leur liberté en tant que communautés distinctes.

Il n'est pas question ici de légitimer l'intervention russe en Crimée mais de proposer une solution qui va à la source des problèmes. La seule solution pour sortir de la crise ukrainienne est d'organiser des référendums pour que les gens choisissent si les régions de l'Est feront partie de l'Ukraine ou de la Russie. Il n'y a pas d'autres solutions que d'abandonner cette sacro-sainte et absurde intégrité et unicité des territoires, défendue justement par les États-nations ayant peur eux-mêmes d'ouvrir une boîte de Pandore. L'ancienne Tchécoslovaquie s'est divisée en deux en 1992 sans un coup de feu. Et si l'Irak avait été divisée en trois états indépendants, Kurdistan, Sunnistan et Chiitestan, on aurait évité des dizaines de milliers de morts et un cul de sac politique, voire un carnage. Il n'y a aucune raison de construire des États avec des populations hétérogènes qui se haïssent pour une raison ou une autre.. Bien comprendre que les Nations-Unies défendent, certes la paix, mais aussi l'intérêt des états constitués et par ailleurs constituants de cette organisation. Il a fallu 200 000 morts au Timor avant que les Nations-Unies réagissent et proposent un référendum qui a d'ailleurs massivement donné raison aux séparatistes.

Le fédéralisme ? Sans tradition démocratique, le fédéralisme est impossible. Le fédéralisme ne semble être une solution viable et stable que pour les démocraties avancées dotées d'une justice administrative indépendante capable de huiler la fine subsidiarité des lois et l'équilibre bien compris entre le pouvoir central et les États fédérés. Ce n'est certainement pas encore le cas de l'Ukraine. Ce n'est même pas le cas de la France, 225 ans après sa révolution.

Philippe Argouarch

Voir aussi sur le même sujet : crimée,ukraine
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logo Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Vos 19 commentaires
Benj Le Samedi 1 mars 2014 22:58
L'Europe orientale est une poudrière méconnue, et pas seulement au Caucase. Il y a encore quelques mois, parler d'une séparation de l'Ukraine aurait été perçue comme une utopie irréalisable : on en a jamais été aussi proche aujourd'hui. Si la Crimée parvient à faire valoir ses droits, c'est toute la région qui va être déstabilisée. Le problème, déjà complexe, de la Transnistrie contrôlée par Moscou, va sans aucun doute s'envenimer, n'arrangeant ni l'Ukraine, ni la Moldavie, dont la minorité gagaouze s'agite par ailleurs légitimement depuis quelques années. La Pologne toute proche, donnant l'image d'un pays tranquille où les minorités (5% de la population totale) ne semblent pas poser de problèmes pourrait très bien connaître également quelques troubles. Une dispute entre un gouvernement soutenant Kiev et des nationalistes très écoutés alimentant un discours anti-ukrainien (les relations entre Pologne et Ukraine se résument à plus d'une quarantaine d'années de massacres réciproques entre 1919 et 1947) est déjà en cours ...
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Marcel Texier Le Dimanche 2 mars 2014 09:04
Excellent article ! Voilà des choses dont la presse aux ordres ne nous parle pas ! Bravo ABP pour ce véritable "scoop" !
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Youenn Pibot Le Dimanche 2 mars 2014 10:53
Bonjour
Merci Philippe pour ce point de vue ; en effet, cet éclairage original contraste avec celui -pensée unique aidant- des media français.
Kenavo
Youenn
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yann le meur Le Dimanche 2 mars 2014 11:02
je conseille la lecture de terres de sang de l'excellent de tymothy snyder pour bien comprendre la tragédie de ces régions. Quand aux analyses ci-dessus, elles sont stupides en particulier sur le russe. Demandez aux lettons et aux estoniens s'ils veulent donner un statut officiel au russe...
ce qui n'empêche pas les citoyens locaux d'employer le russe. Il n'y a aucune frontière stable dans ces régions, un jour, on les fixe et si l'on veut une stabilité, il faut les reconnaitre. L'anecdote de la pipe de Staline sur la frontière entre le Belarus et la lituanie est à cet égard symptomatique. Les estoniens et les lettons ont reconnu les pertes de territoires avec la Russie (par rapport aux frontières de 1939) pour s'assurer de bons rapports de voisinages et ne pas rester dans une quête des terres irredentes.
On a ouvert la boite de pandore en reconnaissant le Kosovo, maintenant nous aurons la Crimée, la Transnistrie, l'ukraine subcarpathique, la polésie...
on doit garder l'ukraine dans ses frontières actuelles sinon on permet aux russes de reconstituer l'urss...
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Jean-Pierre Hilaire Le Dimanche 2 mars 2014 11:29
Voici une analyse un peu ancienne mais qui n'a rien perdu de son actualité:
UKRAINE
République d'Ukraine
Capitale : Kiev
Superficie : 603 700 km2
Population : 51 705 000 hab.
Historique. (1994)
Si son identité ethno-linguistique est manifeste, l'Ukraine ne manque pas non plus de références historiques pour justifier son existence présente.
Or cette identité est globalement niée par bon nombre de Russes. Parvenant mal à doter leur propre État d'une légitimité historique antérieure au XIIe siècle, ceux-ci font des Ukrainiens, les Petits-Russiens, comme il font des Biélorusses, les Blancs-Russiens, afin d'annexer par cet artifice linguistique, les héritiers directs de la Rus (Rouss), puissant État du haut Moyen-Age, centré sur Kiev et par l'intermédiaire duquel se fit la christianisation des Slaves orientaux.
Pour mieux se démarquer des Russes, les Ukrainiens ont donc accepté de s'appeler ainsi alors que le nom même d'Ukraina (= la marche frontière), fait forcément référence à une période du passé (la fin du XVIe siècle) pendant laquelle ce pays était disputé entre Russes et Tatars turcs.
Il n'en reste pas moins que la majeure partie de l'Ukraine n'est devenue russe que par la force des armes.
D'autres régions de ce grand pays européen connurent de façon prolongée le joug lituanien, polonais ou autrichien.
A la fin du premier conflit mondial, l'Ukraine indépendante dut s'affirmer contre les tentatives d'hégémonie de tous ses voisins. D'entre tous, ce furent les Russes soviétiques qui imposèrent leur puissance et l'Ukraine libre n'est réapparue qu'à la faveur de l'effondrement du communisme.
Situation actuelle (1994)
La volonté de main-mise sur tout ou partie du territoire ukrainien par certains milieux politiques russes s'appuie sur un rapport de forces favorable.
En effet, toute l'Ukraine orientale qui est aussi la grande région industrielle du pays, est peuplée massivement de colons russes établis plus ou moins anciennement.
D'autre part, une bonne partie des Ukrainiens sont russophones dans cette même région et dans les grands centres urbains (Kyiv, la capitale et aussi Kharkiiv, Odesa, etc.), ce qui concourt à maintenir le pays tout entier dans la sphère d'influence russe. Cependant, malgré ces handicaps, malgré la perte sèche pour les Russes qu'a représentée, sur le plan économique et militaire, l'indépendance ukrainienne, il y a tout lieu de croire que l'avenir ne réside pas dans un improbable retour à la Russie. Les millions de morts ukrainiens éliminés par la famine organisée, la déportation et la répression policière sous Staline et ses successeurs plaident à jamais contre cette régression historique.
Perspectives et propositions
Pour autant, l'Ukraine indépendante traîne quelques boulets, dont elle devra nécessairement se débarrasser dans l'avenir.
Le clivage est profond entre une Ukraine plus nationaliste, plus européenne aussi, catholique uniate et linguistiquement conservatrice à l'ouest, notamment en pays ruthène, et une Ukraine plus russophile et orthodoxe à l'est.
La région de Kyiv, où s'équilibrent ces tendances divergentes devra user d'une particulière capacité d'attraction afin de juguler ces oppositions et l'Eglise orthodoxe autocéphale, finalement indépendante du Patriarcat de Moscou, aura probablement un rôle capital à jouer en ce sens.
On peut imaginer qu'une certaine décentralisation permettrait, en dynamisant les initiatives locales, un rééquilibrage général, tant économique que culturel.
Mais cela suppose un niveau de démocratisation de la société qui est loin d'être atteint et que freinent terriblement les contraintes politiques, économiques et stratégiques internationales, autant que les désastres écologiques dont a eu à pâtir le pays.
Il semble à priori évident qu'un rééquilibrage de populations entre l'Ukraine et la Russie permettrait de réduire les crispations de part et d'autre. Si dix millions de Russes vivent en Ukraine, au moins cinq millions d'Ukrainiens résident en Russie, du Kouban au fin fond de la Sibérie.
La programmation d'un double courant de retour, échelonné dans le temps, renforcerait la nécessité de maintenir avantageusement pour les deux parties, les liens qui les unissent.
L'Ukraine ne peut cependant faire l'économie de la réalisation de ses droits nationaux sur deux territoires : le premioer sous administration russe avec un peuplement ukrainien russifié, le second sous juridiction ukrainienne mais à forte majorité russe.
Si d'autres zones frontalières de Russie peuplées d'Ukrainiens autochtones peuvent être sacrifiées, le territoire compris entre la boucle formée par les fleuves Donets et Don et la mer d'Azov (région de Rostov et Sachty) doit naturellement être restitué à l'Ukraine.
La Crimée, peuplée aux 2/3 de Russes, présente un autre cas de figure.
Si les plaines du nord sont depuis longtemps peuplées d'Ukrainiens mêlés à des Tatars turcs, le sud (où se trouve situé Sébastopol), accueille la base de la grande flotte de la Mer Noire, jadis tsariste puis soviétique et a vu affluer depuis le XVIIIe siècle, un grand nombre de colons russes. Dans cette Riviera soviétique au climat très doux, vivaient également depuis des siècles, des populations turcophones, Tatars mais aussi Juifs et Karaïtes. Déportés en Sibérie en 1944 sous l'accusation de collaboration avec les nazis, les Tatars n'ont pu progressivement revenir chez eux que depuis une vingtaine d'années. Ils sont aujourd'hui environ 200 000 dans la péninsule. Quel que soit le type de compromis auquel parviendront Russes et Ukrainiens à propos de la flotte qu'ils revendiquent les uns et les autres, le fait colonial russe ne pourra perdurer. Tôt ou tard, la réduction de la présence russe en Crimée s'imposera. En ce sens, l'assurance du maintien d'une certaine autonomie tant que la situation actuelle n'aura pas été modifiée, serait naturelle. Par la suite, parallèlement au renforcement de la composante ukrainienne, le rétablissement dans tous ses droits historiques de la population tatare s'impose. L'autonomie nationale, sans possibilité de sécession, devrait lui être accordée dans la bande côtière méridionale. A la place des Russes, on peut envisager d'installer aux côtés des Tatars, les Gagaouzes, minorité vivant aux confins moldavo-ukrainiens, turcophones comme eux mais de religion orthodoxe. Cette initiative pourrait intervenir dans le cadre d'un réglement des litiges roumano-moldavo-ukrainiens. Elle aurait l'avantage de résoudre un problème en Bessarabie du Sud et de rétablir partiellement son séculaire caractère turc à la Crimée, sans accroître pour autant son aspect musulman. Finalement, la presqu'île tant disputée pourrait devenir, du fait du rééquilibrage de sa bigarrure, un lieu idéal pour y établir les institutions de coopération des États riverains de la Mer Noire.
Parmi les autres différends frontaliers et territoriaux qui entravent le progrès de l'Ukraine, figurent ceux qui l'opposent aux Roumains et Moldaves.
Unis ou séparés, ses deux voisins de l'ouest ont des revendications légitimes qu'il faudra bien satisfaire. Si la région de Cernauci / Cernovo, portion de la Bucovine du Nord, doit revenir à la Roumanie, cette dernière devra rétrocéder un petit territoire montagneux peuplé d'Ukrainiens. En outre, l'échange de la Transnistrie, à peuplement majoritairement slave, contre le Boudjak, ou Bessarabie méridionale, qui a conservé une partie de ses autochtones roumains, est à réaliser avec la Moldavie.
Du côté de la Hongrie, dans l'Ukraine subcarpathique, la zone Uzhgorod-Mukacevo-Berehovo est à restituer aux Magyars qui pourront en détourner une fraction au bénéfice d'un foyer national tsigane à instaurer.
S'il existe quelques litiges avec la Slovaquie, la Pologne ou la Biélorussie, ils portent sur la présence de minorités ukrainiennes non-territoriales dans ces divers pays. Ils peuvent facilement être réglés à l'amiable par un échange pondéré de populations, tous ces États ayant des co-nationaux en nombre conséquent à l'intérieur des limites de l'Ukraine.
Pour longtemps, l'Ukraine est appelée à englober des minorités ethniques et religieuses tout autant que régionales et politiques.
Les Ukrainiens doivent s'en convaincre et admettre que le respect des droits des minorités est une des caractéristiques essentielles d'un État démocratique. Sans renoncer jamais à une liberté chèrement payée, ils peuvent accepter des compromis afin que leur pays puisse être très rapidement considéré comme la plus grande démocratie à l'Est de l'Europe.
Jean-Louis Veyrac, 1994
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Jacques Arnol-Stephan Le Dimanche 2 mars 2014 11:34
Bel articl, réflexion juste… mais malheureusement utopiste. M. Poutine n'a pas plus l'intention d'organiser en Crimée un référendum d'autodétermination qu'il ne l'a fait en Abkhasie ! Nous sommes en l'occurrence bien plus proche de l'annexion des sudètes par Hitler que de la progression du droit des peuples à disposer d'eux mêmes. Dans ces conditions, une seule voie me semble défendable : le refus absolu de toute ingérence militaire extérieure.
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P. Argouarch Le Dimanche 2 mars 2014 12:30
@Jacques "Nous sommes en l'occurrence bien plus proche de l'annexion des sudètes par Hitler que de la progression du droit des peuples à disposer d'eux mêmes" . Sans doute mais ton exemple renforce justement ce que je dis. La Tchecoslovaquie a été créée de toutes pieces en 1918 par les alliés. Ses frontières avec l'Autriche, l'Allemagne et la Pologne furent fixées par le Traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919. A aucun moment les populations ont été consultées. La région germanophone des sudètes fut incorporée de force dans cet état fantoche. Les causes de la seconde guerre mondiale sont là entre autres injustices issues du traité de Versailles. Conscient de cette énorme bavure la France a organisé un référendum dans la Sarre en 1955 pour que les Sarrois choisissent entre l'Allemagne et la France.
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Yannig Baron Le Dimanche 2 mars 2014 14:22
Voilà un excellent article très éclairant et un excellent débat le suivant. Ailleurs, en Afrique, tous les massacres que nous vivons....à la télé... sont aussi en grande partie le résultat de frontières artificielles établies sans tenir compte de l'avis des peuples et ethnies.
Yannig BARON
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maryvonne Ardouin Le Dimanche 2 mars 2014 15:44
juste une toute petite remarque : le droit des peuples à disposer d'eux même, que ce soit en Ukraine, en Russie ou ailleurs repose sur une condition de base, sinon la notion même de référendum est faussée, c'est que les peuples aient à leur disposition l'information nécessaire, toute l'information depuis des sources diverses sur les enjeux et les conséquences de leurs choix.
A l'échelle de la France, pour exemple la manière dont nos médias ont traité la manifestation de Nantes du 22 février,en choisissant un angle totalement catastrophiste, d'un seul point de vue. Mais nous avons a notre disposition d'autres sources d'information .
Par contre pour avoir suivi en ligne l'évolution de la situation en Ukraine et en particulier la manière dont l'information était traitée a la television russe,
c'était le meme phénomène de choix d'images amalgamées, décalées par rapport a la réalité,
sachant qu'il n'existe aucune autre source d'information !
Du coup de quelle information suffisante et diversifiée peut disposer la population de Crimée (je ne parle volontairement pas de peuple vu les composantes diverses et aussi vu la réalité qu'évoquent bien tous les contributeurs et donc parler de droit des peuples à l'autodétermination me paraît totalement inapproprié pour la Crimée, mais a tout son sens pour l'Ukraine dans son ensemble
J'attends ce que va en dire "la Voix de la Russie",
qui de par son nom laisse entendre qu'il n'y aurait qu'une seule voix, qui curieusement disait peu de choses le 23/2 alors que pourtant l'armée russe avait déjà investi dans la nuit le parlement de Crimée (voir la video de toutes les caméras de surveillance qui circule sur internet).
Oui au droit des peuples à disposer d'eux même
mais en pleine connaissance de cause de la réalité,
humaine historique et politique
donc en créant les conditions objectives d'une information complète, diverse et contradictoire
non idéologique et non manichéenne
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Paul Chérel Le Dimanche 2 mars 2014 17:51
Voilà un excellent article comme on aimerait tant en lire dans cette presse imbécile qui formate les esprits français. De l'information, des données vérifiables et même sujettes parfois à discussion ou recherche complémentaire, pas de prises de position mais une invitation à REFLECHIR. Et surtout, ne pas adopter à l'aveuglette les sornettes débitées par des gens qui ne connaissent rien à la question en voulant, style technocrate parisien avec crayon de couleur, découper de telle ou telle façon, rattacher de telle ou telle façon au moyen de frontières linguistiques, pro ou anti, colorées ou pas, etc. Si les Ukrainiens reconnaissent qu'ils sont Ukrainiens, même si des langues différentes (voisines au demeurant) les séparent, la solution est le fédéralisme plurilinguiste comme en Suisse, comme éventuellement en France,comme en Grande-Bretagne, sans forcément dépecer leur pays, etc. Quant au fait de vouloir se rapprocher ECONOMIQUEMENT ou sentimentalement de l'Europe, de la Russie ou de la Roumanie, ou de la Pologne, c'est du pipi de chat. Paul Chérel
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Yann LeBleiz Le Dimanche 2 mars 2014 18:45
Article de qualité, tout comme les commentaires!
Pour connaître un peu ce pays, la première fois que j'y suis allé, j'ai été surpris pas le mélange des types européens que l'on rencontrait. Tous n'étaient visiblement pas slave, on pouvait reconnaître du scandinave et mais également du méditerranéen. Après une rapide recherche, j'ai appris que les scandinaves fréquentaient beaucoup cette région d'Europe en progressant par les fleuves, de même avant eux les grecs par le sud en avait fait de même. Du coup, l'Ukraine me semblait beaucoup plus européenne (sur un modèle que dont nous avons l'habitude) que présentée habituellement.
Les tartares de Crimée sont une autre surprise, des asiatiques facilement identifiables vivant au c½ur de l'Europe depuis des siècles (souvent là, depuis plus longtemps que nombres d'européens qui vivent sur cette presqu'ile).
L'Ukraine est sans aucun doute un pays par nature européen (en fait un carrefour des peuples d'Europe), son histoire méconnue en témoigne.
Il n'est pas impossible que l'Ukraine devienne un laboratoire pour tester les valeurs européennes de démocratie, misent actuellement à mal par les états-nations artificiels.
La Bretagne doit s'informer de ce qui se passe là-bas.
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Reun Allain Le Lundi 3 mars 2014 10:44
Le drame qui se vit en Ukraine est une conséquence de la manipulation des frontières à une certaine époque. C'est en 1954 que Khrouchtchev fit « cadeau » de la Crimée à l'Ukraine. On ne reviendra pas sur les raisons de cette manipulation et tous les historiens ne s'accordent pas sur les motivations réelles. La conséquence de ceci est que la presqu'ile est majoritairement russophone et russophile sans compter l'importance des bases militaires russes et de la position géostratégique du territoire sur la mer noire. Bien que d'un niveau de population inférieur (2 millions dont 60% Russes, 24% Ukrainiens, 12% Tatars) à celui de la Bretagne, l'importance stratégique pour les Russes est tout à fait comparable à ce que représente la Bretagne dans l'ouest de l'Europe.
Ces politiques de peuplement de territoires comme celles d'arrangement avec les « frontières » sont le lot commun de tous les pouvoirs coloniaux et ne sont pas sans rappeler les actions de la république française y compris dans l'hexagone.
Comparaison n'est pas raison dit-on mais ceux ici qui auront appris à travers l'actualité brûlante l'histoire de la Crimée n'auront pas pu réprimer une pensée pour la Loire-Atlantique. S'il est bien clair qu'elle fut autoritairement retirée à sa région historique par le régime de Vichy en 1941 c'est dans les mêmes années que celles de Krouchtchev, qu'un énarque, Serge Antoine fut chargé de redessiner les régions françaises et que naquit un territoire sans peuple défini, sans passé, pour lequel on allait ensuite inventer une histoire « hors sol », celle des Pays-de-Loire.
Tricher avec l'histoire et les peuples à un coût, on le voit avec l'Afrique dont les frontières furent tracées au cordeau, la Crimée nous en inflige une preuve en Europe de l'est avec les risques de guerre que cela entraine. Sans être à ce niveau de gravité, le problème généré par la création des Pays-de-Loire dans ces mêmes années 50 a des conséquences considérables sur la réforme territoriale. La région dite « Pays-de-Loire » tant qu'elle existera sera l'obstacle le plus important qui bloque toutes possibilités de réforme à l'ouest de l'hexagone et par voie de conséquence sur tout l'ensemble de l'hexagone.
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Simon Alain Le Lundi 3 mars 2014 13:33
Merci braz pour cet excellent article et le parallèle avec la situation bretonne. La position diplomatique française sur la question ukrainienne en dira long en 2014 sur la situation bretonne...
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P. Argouarch Le Lundi 3 mars 2014 13:55
@Louis Le Bars
Les attaques personnelles ainsi que les insultes sont interdites sur ABP. Si vous persévèrez dans cette voie, vous risquez d'être barré complètement des commentaires. D'autre part à aucun moment je n'excuse ou légitime l'invasion de la Crimée par des troupes russes sur ordre de Poutine, ou ignore l'impérialisme de l'ancienne Russie, de l'URSS et meme de la fédération. Je propose une solution et cette solution ne peut être basée que sur le voeu des populations actuelles, pas sur le passé. C 'est ce qu'on a fait pour le Kossovo alors même que c'était le berceau de la Serbie historiquement.
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P. Argouarch Le Lundi 3 mars 2014 14:07
@camaret
je n'ai pas passé votre commentaire car il était en partie erroné. Le Sahara fait partie de l'Algérie depuis 1902 par décision de la France au mépris des Touaregs qui n'avaient rien à voir avec l'Algérie. En 1957, la France en a fait deux département français rattachés directement au gouvernement colonial d'Alger. donc partie intégrale de l'Algérie. Le FLN en a hérité comme l'Ukraine a hérité de la Crimée.
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Christophe David Le Vendredi 7 mars 2014 09:20
"Le drame qui se vit en Ukraine est une conséquence de la manipulation des frontières à une certaine époque. "
Maidan, c'est avant tout le REFUS de retourner dans le giron russe et le système poutinien. C'est pour cela que des gens comne vous et moi sont sortis dans la rue au risque d'y perdre la vie. A Kiev vous trouverez plein, plein, plein de russophones qui ne veulent plus entendre parler de communisme ni de Poutine.
Par ailleurs, la Crimée est (était?) loin d'être une poudrière, jusqu'ici, tout le monde y vivait en paix. Poutine y a placé un russophile qui représentait 4 à 5% aux elections. C'est bel et bien à un coup d'état appuyé par Moscou et à une occupation militaire qu'on assiste actuellement.
S'il avait fallu organiser un référendun c'était bel et bien avant l'invasion de Poutine qui controle désormais tous les moyens de communication en Crimée et ne s'en prive pas pour déverser sa propagande digne d'un autre millénaire.
Ps: ma compagne est Ukrainienne russophone et réside toujours à Kiev.
Ps2 Il faut bien comprendre que russophone ne veut pas dire russophile! Pas plus que le fait d'être francophone n'exclu l'attachement à la Bretagne. La langue n'est pas clivante par rapport au profond attachement que les Ukrainiens ont pour leur indépendance. Pas plus qu'on serait pour un retour sous la couronne d'angleterre en Irlande sous pretexte qu'on y parle majoritairement l'anglais. Attention à l'amalgame, volontaire ou involontaire!!
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richard Juhel B Le Dimanche 9 mars 2014 10:45
Quel Scandale ! La Crimée demande l'Union à la Russie ! (Hollande, Fabius ...etc ..contraire aux droits des peuples à disposer librement ...)
cela me rappel une petite histoire :
en 1532 François 1er vient en Bretagne avec son armée pour que les Bretons sollicitent leur rattachement à la France ! il arrose quelques nobles ... convoque les états et sans vote, le tour est joué ... il proclame l'Union ! ...édit de 1532..(par une ordonnance ou loi).. la suite vous la connaissez ...la république en 1790 ne respecte pas les droits des bretons et rend l'édit de 1532 caduc ! Malgré les refus des députés Bretons de signer (l'autodestruction de ses états et privilèges), Elle annexe de nouveau le Pays de Bretaigne et le découpe en tranche départementale, puis en 1941 elle détache de nouveau la région de Nantes du reste de la Bretagne) !
l'état Français à la mémoire courte pour ce qui le concerne et toutes les annexions réalisées !
IL N'Y A JAMAIS EU DE TRAITé INTERNATIONAL D'UNION DE LA BRETAGNE A LA FRANCE !! juste une loi(édit de 1532)française, sans effet juridique sur la Bretagne !
du fait de la révolution qui rend caduc l'édit de 1532, La Bretagne se trouve actuellement dans la situation suivante ! retour au dernier traité international règulièrement conclu,rédigé,négocié,paraphé du 07/01/1499 entre Anne de B et Louis XII.
Ce traité reconnait la totale indépendance du Duché de Bretagne "sans que les rois de France ne puissent dire et y quereller et autre chose demander !"
Les termes sont évidents !
La Bretagne est donc actuellement un Pays souverain occupé par un pays étranger, la France !
BRETONS VOUS ETES LIBRES DEPUIS 500 ANS MAIS VOUS NE LE SAVIEZ PAS !!
Ce pays de France veut donner des leçons d'annexion au monde entier ! alors qu'il ne respecte pas sa propre signature des traités internationaux !
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maryvonne ardouin Le Jeudi 13 mars 2014 16:00
peut-être ne diffuserez vous pas mon commentaire,
c'est à votre "discrétion" d'auteur de l'article et de démocrate.
Quelle différence faites vous entre partition et division, puisque vous avez pris la liberté de modifier le titre de votre article.
J'avais été frappée par le "pour la partition" à la première lecture. Et changer le titre à postériori n'est il pas contraire aux règles de l'information objective et fiable. Ou alors cela exige une explication que je sollicite aujourd'hui.
J'insistais sur l'importance de l'information préalable à un référendum, sinon il n'y a pas de consultation démocratique et que constate t'on en Crimée, aucune image sur le parlement de Crimée et ses décisions, une seule chaine de télévision autorisée à diffuser, russe, des journalistes se présentant aux "check points" agressés ou enlevés, c'est avéré pour deux d'entre eux.
Je me suis une seconde posé la question sur la Bretagne et la France dans la même situation, difficile à imaginer.
Garantir le droit des peuples à disposer d'eux même ne me semble être qu'un argument prétexte en ce qui concerne la Crimée, et dans un 2e temps les régions de l'est qui suivront. Et ce n'est pas la motivation de l'eurasisme ni de l'atlantisme en ce qui concerne l'Ukraine,
mais plutôt les motivations économiques et géopolitiques des deux côtés .
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Paul Chérel Le Vendredi 14 mars 2014 11:33
@Maryvonne Ardouin. Difficile à imaginer ! Eh bien si ! Même si ce n'est que rêve assez lointain, supposons que la Bretagne recouvre un jour son indépendance confisquée par la France notamment en 1532 et 1789 ! Que devient Brest, son arsenal, sa flotte sous-marine équipée en nucléaire, son île longue, etc ? La France resterait-elle les bras croisés ?.Non, elle se hâterait, comme la Russie d'envoyer des troupes, pour réoccuper Brest manu militari, la métropole et l'ensemble du district. Il y a encore des Bretons bretonnants ? Il y a encore des Bretons séparatistes qui y vivent ? Eh bien ! Tant pis pour eux. Le cas russe n'est-il pas similaire ? Malgré son étendue, la Russie n'a guère de débouchés maritimes que cette Crimée qui lui ouvre les portes de la Méditerranée et des océans indien et atlantique. Tout le reste est pratiquement gelé en hiver. Paul Chérel
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