Plan d'avenir pour la Bretagne : une lecture attentive du document fait ressortir plusieurs éléments. La première remarque est que dans l'ensemble des propositions les plus marquantes sont d'origine européenne. A commencer par les primo financements. Ce sont les fonds européens qui sont sollicités complétés par des cofinancements de l'Etat et des collectivités territoriales.Le problème est que ni le gouvernement, ni l'Etat, ni la région ne le disent de manière claire. Deuxième remarque : on est, et on peut s'en féliciter, dans l'application de la stratégie EU 2020 de la Commission européenne en matière de recherche, d'innovation, de soutenabilité et de formation initiale, continue et d'emploi. Ici encore la dimension européenne n'est pas mise en évidence et l'Etat s'approprie le leadership des propositions sans en répartir les partenariats de manière précise.
Même le dialogue social, largement sollicité, apparait comme une nouveauté alors qu'il est présent depuis 1985 dans les textes européens avec des applications bien modestes et très récentes dans notre pays.
Bien sûr, je rends grâce pour les interventions d'urgence qui visent à sortir certaines entreprises de leurs difficultés actuelles mais c'est oublier les PME dans leur ensemble qui peuvent bénéficier de l'intervention européenne et de programmes spécifiques complétée par celle de l'Etat.
Enfin, on peut s'interroger sur le désenclavement de l'ouest de la Bretagne et de la véritable volonté de ceux qui nous dirigent. L'urgence est, même si les infrastructures ne sont plus financées par l'UE, (la Région ayant déjà bénéficié de ces fonds pour rapprocher Rennes de Paris), de raccourcir les distances. Entre Brest et Quimper à 3 h de Paris, 6h de Strasbourg, 5h de Bruxelles et de mettre d'autres destinations en lien avec l'ouest breton, développer des liaisons intervilles à partir de Brest vers Bordeaux, Lyon, Marseille, Caen par voie ferrée et augmenter le potentiel de liaisons aériennes depuis l'aéroport de Brest sur quelques plateformes aéroportuaires européennes. Enfin on nous avait parlé de ferroutage depuis la Bretagne, il y a quelques années. Où en sommes-nous ? Morlaix devait en être une plaque tournante.
On peut se demander pourquoi l'Europe est si mal perçue par ses citoyens. Et bien nous en avons une réponse. La manière de faire et de communiquer en est une cause. A force de dire que "Ici l'Etat investit pour nous" en occultant systématiquement l'investissement européen, pourtant décidé par les Etats membres de l'UE, on finit par croire que la communauté européenne ne sert à rien et qu'il n'existe pas de projet global. Chaque région européenne est concernée. En fait l'UE est présente quotidiennement notamment au travers du FEDER, FEADER et du FSE qui finance nombre de formations initiales et continue dans notre région. Mais cela personne ne le sait. Et l'UE n'est pas qu'un financeur. Elle porte d'autres dimensions. A quelques mois des élections européennes, il est temps de le dire.
Comme il est temps de demander que le contenu rédactionnel du Plan d'avenir soit repris afin d'en donner une vraie consistance et réponde vraiment aux attentes de Bretons.