On ne niera pas le poids du clivage gauche-droite. On pourrait le nommer différemment, vouloir le taire, qu'il surgirait à nouveau. La politique pose la question du choix et le choix pose la question d'une forme de morale. À un moment donné, il faut choisir ; choisir, c'est aussi se choisir.
Le centre politique n'est jamais un lieu entre la gauche et la droite, mais une oscillation permanente entre les deux : un jour à droite, un jour plus à gauche.
Selon qu'on est bourgeois ou prolétaire, la perspective n'est pas identique.
Qu'ils soient de droite ou de gauche, les gouvernements ne parviendront jamais à surmonter les obstacles qui se dressent devant nous et ils ne pourront relever les défis auxquels nous avons à faire face, tant que les institutions ne seront pas profondément modifiées.
Si l'on souhaite parvenir à un degré d'autonomie suffisante, et que, seulement après, le débat gauche-droite s'installe, nous devons concevoir une stratégie adaptée qui remporte l'adhésion d'une grande majorité de Bretons.
Qu'est-ce qui est susceptible de recevoir l'adhésion de nos compatriotes ?
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne pense que l'idée fédératrice n'est pas autre chose que celle qui redonne à l'individu un pouvoir réel de choix et de décision.
Appelons-la comme on veut : besoin de proximité, volonté de prise sur le réel face à une politique éloignée des véritables enjeux quotidiens, affirmation identitaire, négation de la professionnalisation de la politique….
Le système de représentation est en crise. La perte de crédibilité des élus est manifeste. Il ne s'agit donc pas de remplacer un élu par un autre en un jeu d'alternance qui ne résout rien.
En 1985, 55 % des Français n'avaient pas confiance dans leurs dirigeants politiques. Ils étaient 75% en 2001….Environ 2 % de l'électorat adhèrent à un parti. La Sofres (juin et juillet 2002) nous apprend que si 35 % pensent que les hommes politiques se préoccupent peu ou beaucoup de ce que pensent les citoyens, 64 % pensent le contraire. 59 % pensent que les hommes politiques sont corrompus.
Ce sont les institutions qui, en organisant la distribution des pouvoirs et des prébendes, maintiennent les individus à distance et sont à l'origine de la création d'une caste de privilégiés qui se nourrissent du gâteau de la République.
On ne réforme pas le sénat en devenant sénateur.
Si nous voulons des régions autonomes fortes nous ne les obtiendrons qu'en mettant en exergue cette exigence d'autonomie et les avantages directs qu'elle peut apporter à tous.
C'est la raison pour laquelle une vision régionaliste, reproduisant en petit ce que nous condamnons en grand, serait inutile et vaine. Ce n'est pas une question d'échelle.
Il s'agit bien d'une autre philosophie, d'une autre façon de penser la politique et d'échafauder une nouvelle société.
On sent bien, avec le Web et le développement des associations citoyennes, que la légitimation démocratique n'est plus dans le camp de l'institution.
La société politique est inévitablement appelée à se diluer dans la société civile qui reprend ses droits.
Si nous voulons un Parlement à Rennes, il faut qu'il y en ait un à Toulouse, un à Bordeaux, un à Besançon, un autre à Rouen…
Ensemble, nous n'aurons plus à demander ce qui nous reviendra de droit car on imagine mal un droit contre les peuples.
Ce n'est pas parce que la Bretagne demande un Parlement que Paris va le lui accorder.
Mais, si les nouveaux exécutifs des régions, de concert, en formulent l'exigence, Paris sera mis en minorité et contrainte de céder.
L'unité dans la diversité : le seul moyen de parvenir à nos fins.
Le 20 octobre 2008
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne
Membre de l'Union des Mouvements Fédéralistes (UMF)