26 % des Bretons citent spontanément le nom du Président de leur Région. A trois mois des élections régionales, LH2, la Presse Quotidienne Régionale et France Bleu ont souhaité replacer le scrutin dans une perspective locale en réalisant un sondage.
Seuls 29 % des Français sont capables de citer spontanément le nom du Président de leur Région, 6 % d'entre eux se trompent et citent une autre personnalité tandis que près des deux tiers des sondés (65 %) ne peuvent citer aucun nom.
Au palmarès de la notoriété spontanée, Jean-Yves Le Drian, Président de la Région Bretagne réalise un petit 26 % , contre 85 % pour Ségolène Royal en Poitou-Charentes et 60% pour Georges Frêche en Languedoc-Roussillon.
Mais il existe une séance de rattrapage : le souvenir après citation, le patronyme comme un indice. Vous ne connaissez pas le nom du Président de la Région Bretagne, soit, mais si je vous dis Jean-Yves Le Drian, ça vous fait penser à quoi ?
Un petit effort…..
A ce petit jeu certainement très innocent Jean-Yves Le Drian obtient 69 % largement devancé par Ségolène Royal (97 %) et Georges Frêche (90 %).
La faiblesse de la notoriété spontanée ne peut être imputée à un déficit de communication. Elle est pléthorique, lourde et coûteuse, et étrangement inefficace comme un rappel cinglant de la vertu qui reprendrait ses droits.
On peut avancer que le Conseil régional ne parvient pas à cristalliser les enjeux territoriaux. L'intérêt pour la Bretagne se manifeste autrement et le Breton peut rester indifférent à la formation politique qui la dirige.
A la veille des élections régionales cette distanciation du politique soulève quelques interrogations. La fin de l'Etat-providence ne signifie pas la naissance de la Région-providence, même si on sent frémir une demande expliquée par l'existence d'un modèle institutionnel délétère. Dans la microsphérologie de la politique régionale on a vu un nombre importants d'associations, de groupements divers et autres agglomérations d'intérêts particuliers revendiquer l'assistanat comme un statut et un droit quand ce n'est pas un dû.
Ces 26 % sont une bonne nouvelle.
Si la Région doit être un facilitateur, elle ne peut être un fournisseur de confort domestique, à l'exception miraculeuse du secteur public abrité. Quand personne ne croit plus aux promesses de l'ANPE ou des Caisses de retraite, ils ne sont pas plus nombreux à croire aux promesses des candidats aux élections régionales. L'impuissance publique est partout, de l'hexagonal au local.
Une bonne nouvelle parce que cette manière de fabriquer de l'espace, le territoire, a manifestement vieilli. Un territoire recèle toujours une tension entre la notion d'enracinement et la vocation à la transgression des frontières. Le citoyen breton ne reste pas indifférent aux enjeux de la recomposition territoriale et à ceux des élections régionales, mais il les relativise fortement.
En reprenant la rhétorique de Peter Sloterdijk, l'individu ne trouve pas son optimum immunologique dans le collectif régional (ni national) mais tout au plus dans les systèmes de solidarités de la société civile (ou de sa communauté) et de manière plus évidente et claire dans les dispositions individuelles qu'il prend.
Le faible renom de Jean-Yves Le Drian ne sera pas aimablement compensé par la notoriété imposée de Bernadette Malgorn. Le peuple breton saura s'épargner un césarisme en jupon qu'aucune démocratie moderne ne saurait subir. Il ne pourra demeurer indifférent au viol de la société civile par un suppôt du Léviathan sans y perdre son âme et ses libertés.
Le 8 décembre 2009
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne Membre de l'Union des Mouvements Fédéralistes (UMF)