Dimanche dernier, François Chappé, maître de conférences à l'Université de Bretagne Sud (Lorient-Vannes), s'est éteint à Lorient après avoir lutté courageusement contre le cancer pendant trois années et sa disparition a suscité une profonde émotion dans le monde intellectuel et le monde politique bretons.
Né au Mans le 1er juillet 1947, soit 24 heures après Jean-Yves Le Drian, né à Lorient le 30 juin, il allait se trouver avec lui sur les bancs de la faculté des lettres de Rennes pour des études d'histoire et ils allaient tous les deux vivre intensément la révolte étudiante de mai-juin 1968.
Après sa licence, François Chappé devait se lancer dans une thèse de doctorat sur Paimpol à l'époque de la grande pêche à la morue sur les côtes de l'Islande. Le grand travail de référence était jusque là (et reste encore largement) la grande thèse de l'abbé Jean Kerlévéo (1910-2000), "Paimpol au temps d'Islande", publiée en 1944 (et rééditée en 1999). La thèse de François Chappé devait paraître en 1990 sous le titre "L'épopée islandaise 1880-1914 : Paimpol, la République et la mer" (382 pages).
François Chappé fut directeur de la Bibliothèque universitaire du Mans jusqu'à ce que son ami Jean-Yves Le Drian, député-maire de Lorient, devenu Secrétaire d'État à lamer en 1991, l'appelle auprès de lui comme conseiller technique chargé du patrimoine maritime.
François Chappé fut ensuite, avec un autre historien de la mer, Gérard Le Bouëdec, un des pionniers de la future université de Bretagne Sud à Lorient. Avec son collègue Gérard Le Bouëdec, il organisa ainsi le 22 mars 1997 un journée d'études sur les "Représentations et images du littoral", dont les actes furent publiés en 1998 par les Presses Universitaires de Rennes. Il fut aussi une des principales chevilles ouvrières du colloque universitaire international "Pouvoirs littoraux du XVe au XXe siècle" qu se déroula à Lorient les 24, 25 et 26 septembre 1998.
Ce grand intellectuel qui était aussi un ardent militant laïc et républicain, a ainsi contribué à donner ses lettres de noblesse à la dernière née des universités bretonnes.