Communiqué de l'association Sten Kidna-Komzomp asampl, d'Auray, après la Journée de la langue bretonne, Devezh ar brezhoneg e Bro An Alré, qui a eu lieu vendredi dernier.
"Bugaleaj nevez" : c'est cette chanson que les enfants des écoles bilingues primaires du Pays d'Auray ont chantée en choeur avec Gilles Servat, vendredi matin, salle Émeraude, à Locoal-Mendon. 400 enfants, et quelques dizaines d'adultes, entouraient le chanteur, très ému. Gilles Servat évoque, justement, dans cette chanson qu'il a écrite, la "nouvelle enfance" de la langue bretonne. Et cette nouvelle enfance s'est exprimée autour de lui et avec lui, vendredi matin.
Montrer la dynamique de la langue bretonne en pays d'Auray : tel était le but de cette journée de la langue bretonne (Devezh ar brezhoneg e Nor An Alré), co-organisée par Douar Alré, Kerlenn Sten Kidna (Auray), Ar Vammenn (Locoal-Mendon), avec le soutien des enseignants et parents des écoles bilingues du pays d'Auray. La matinée a été consacrée aux enfants des écoles primaires et maternelles. L'école publique bilingue de Brec'h, ainsi que l'école Diwan d'Auray ont pris part, comme six des sept établissements bilingues privés du pays : Locoal-Mendon, Pluvigner, Pluneret, Mériadec, Sainte-Anne d'Auray et Plumergat.
Les enfants ont tout d'abord assisté au spectacle des Tonton Yoyo, clowns qui, outre le breton, ont aussi distillé du français, de l'allemand, de l'italien et de l'espagnol dans leur spectacle... Puis vint le temps des chants communs, appris en classes : Korriganed pour les plus petits, Bugaleaj nevez pour les plus grands. Après la pause, la chanteuse Catherine Pasco a mené un bal breton, alternant le chant dans la danse et l'animation à l'accordéon depuis la scène. Trois quart d'heure de danses collectives et de chants à répondre : c'est aussi comme cela que l'on apprend à compter et à nommer les parties du corps tout en faisant un peu de sport...
Le soleil d'automne a permis à une partie des enfants de pique-niquer dehors tandis que les collégiens arrivaient sur le lieu de rendez-vous de la randonnée guidée en breton par Jean-Paul Rieux et Alain Le Buhé, qui partait de la chapelle Sainte-Marguerite en Locoal-Mendon. 80 adolescents des filières bilingues des collèges et lycée de Sainte Anne d'Auray et Notre Dame Le Ménimur (privés) et Kerfontaine, en Pluneret (public) ont visité une partie de la ria d'Etel tout en écoutant les explications historiques et géographiques de Jean-Paul Rieux : une leçon d'histoire (et de langues) à mettre en valeur en classe après les vacances. Là aussi, quelques adultes participaient à la promenades, destinée en priorité aux collégiens.
La soirée était plutôt tournée vers les adultes. Douar Alré a invité Webnoz, émission de télévision en breton sur internet. Dès 11 h du matin les techniciens ont commencé à s'installer dans le Bar breton, au centre-bourg de Brec'h, qui est, progressivement, devenu un studio de télévision avec régie, caméras, spots, fils électriques partout, maquillage obligatoire pour les invités... Depuis plusieurs semaines l'équipe de Webnoz, aidée par les bénévoles de Sten Kidna, mettait en place le programme : débat à propos de la chèreté de l'immobilier sur la côte morbihannaise, sketchs, musique, rubriques diverses.
Alain Le Buhé, maire adjoint de Locoal-Mendon, Corentin Hilly, maire de Ploeren, Guigner Le Hénanff, maire de Pluvigner, et d'autres invités ont répondu aux questions du présentateur, Lionel Buannic. Les élus ont contré les critiques qui leur ont été faites de ne pas avoir anticipé la flambée de l'immobilier en répondant, notamment, que des habitants, parfois, font pression sur leurs élus pour que les terrains soient classés constructibles afin d'en augmenter le prix. Certaines communes réalisent du logement social, des réserves foncières, encore faut-il qu'elles trouvent des terrains à acheter, t-ils souligné... Deux reportages ont montré les situations à Pluvigner et Saint-Philibert. Deux autres intervenants ont raconté leurs difficulté de jeunes salariés à trouver des terrains accessibles sans avoir à s'endetter pour trente ans. Le présentateur a fait état de terrains pouvant aller jusqu'à 900 euros le mètre carré à La Trinté-sur-Mer.
Le pays change, la langue bretonne évolue elle-aussi avec les nouvelles générations : des enfants de l'école Diwan d'Auray ont participé à l'émission en présentant des livres en breton nouvellement édité tandis que deux adultes, Christian Le Meut et Alan Monfort, présentaient des publications destinées plutôt aux adultes : la revue alréenne An Dasson pour le premier (elle est consacrée au voyage à New-York de la Kevrenn Alré à travers deux témoignages bilingues); un nouveau dictionnaire de breton vannetais et le second album de Gaston Lagaffe traduit en breton pour le second.
Chaque séquence était ponctuée par les chants des Triorezed qui, comme leur nom ne l'indique pas, sont quatre. Elles étaient accompagnées des trois musiciens et ont interprétées de très beaux chants du répertoire alréen. La soirée s'est poursuivie en sketchs. Kerlenn Sten Kidna organise un concours de sketchs en breton, Sketchnoz, le vendredi 9 novembre prochain à Pluvigner. L'équipe de Webnoz les avait donc sollicités pour présenter deux sketchs lors de l'émission. C'est ainsi que les spectateurs et internautes, purent assister à un entretien d'embauche un peu spécial ainsi qu'à l'arrivée... du Père Noël ! Celui-ci, pour "gagner plus" avait décidé d'instaurer une seconde tournée de cadeaux le 26 octobre... Pas de chance, il dut passer un test ADN pour entrer dans le pays... Test qui révéla qu'il n'était pas le fils de Saint-Nicolas, comme il le croyait, mais celui de Saint Cocacola ! Un café-théâtre en breton prometteur.
Webnoz est réalisée en direct, une fois par mois, d'un lieu différent en Bretagne. Diffusée sur internet (site Brezhoweb, notamment) elle est vue par plusieurs milliers d'internautes à travers le monde : 15.000 visites pour les premières émissions réalisées il y a un an. L'émission réalisée à Brec'h sera mise sur le site Brezhoweb dans les jours qui viennent et restera, comme les autres, sur le net pendant un an.
Pour l'association Sten Kidna, co-organisatrice de cette journée, le bilan est très satisfaisant.