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Ils m'ont volé mon enfant
Pour que l'enfant de la faute ne soit pas objet de scandale
Par bernadette Poiraud pour Journal La Mée le 11/11/06 8:26

A notre époque, on se scandalise à juste titre de voir des familles musulmanes imposer un époux à leurs jeunes filles. On se scandalise à juste titre de savoir que des familles africaines imposent l'excision à leurs filles. Ce sont là des pratiques barbares, faites au nom du respect de consignes religieuses ou ancestrales.

Dans nos sociétés occidentales existe aussi le respect de la cohésion du clan . Ou tout au moins le respect des apparences, du qu'en dira-t-on .......

Une castelbriantaise raconte : et#171; Ils m'ont volé mon enfant et#187;.

1964, la jeune fille a 20 ans. Un grand amour de vacances et une grande culpabilité : et#171; Je couchais avec un homme hors du mariage et mon éducation me l'interdisait et#187;. Amour sans autre lendemain qu'un bébé qui s'annonce. Scandale dans cette famille de la bourgeoisie castelbriantaise qui se déplace jusqu'à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, parce qu'on disait que, là, un médecin provoquait des avortements...... Cela ne s'est pas fait.

Retour à la maison, et dans l'entreprise familiale, ce qui est un peu la même chose. Rendez-vous avec le curé de la paroisse, et#171; je devais me conformer aux directives de la famille. La famille, on pourrait dire le clan : bourgeois de province et industriels du bois se sont mariés entre eux et#187;.

Conseil de famille pour que cet enfant de la faute ne soit pas l'enfant du scandale. et#171; J'avais dû rester enfermée à la maison. Il était hors de question de me montrer. J'étais enceinte de cinq mois et#187;. France est alors emmenée dans une clinique privée de Nantes. Pour quatre mois. et#171; Enfermée dans cette chambre. Personne à qui parler. J'entendais les femmes accoucher. J'entendais leurs gémissements, la progression de leurs plaintes jusqu'aux hurlements parfois. Cela me faisait très peur et#187;.

Et puis l'accouchement, seule, dans sa chambre, hors de la salle de travail. La petite fille qu'on enlève. et#171; On l'a fait disparaître à peine née, je ne l'ai même pas touchée et#187; . Le papier qu'on signe devant un officier de police. Et le retour au boulot. et#171; L'honneur était sauf. Mes parents, la famille, tout le monde avait l'air satisfait, respirait, sauf moi. Quelque chose était cassé et#187;.

Le livre retrace ensuite la quête de France, beaucoup plus tard, à la recherche de sa fille. Emouvant.

Ils m'ont volé mon enfant, par France Prun, Ed. Hachette

France Prun sera au "Café Littéraire", vendredi 17 novembre 2006 à Lusanger (au bar-restaurant Le Soleil, place de l'église) à 20h30. Participation aux frais : 3 euros.

ABP/BP

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