Dans quelques mois, les élections régionales se tiendront en Bretagne. Comme d’habitude, on y parlera de tout sauf des vrais problèmes que nous affrontons.
Pendant des années, j’ai écrit ces chroniques dans l’espoir de faire bouger les lignes, de démasquer le système juridico-politique français dans ce qu’il pouvait avoir de redoutable pour nous. Le peuple breton est un peuple oublié du droit, des Pouvoirs publics, mais aussi et surtout de la plupart de ses élus. Lorsque ceux qui devraient se battre comme des chiffonniers pour émanciper la Bretagne sont devenus des politiciens professionnels sous contrôle de leur formation politique parisienne, que pouvons-nous espérer ? Nos élus à la région Bretagne n’ont plus d’autre rôle que de donner leur caution démocratique à un système qui s’éloigne de plus en plus de la démocratie, car c’est la technocratie omnipotente qui décide de tout.
Le peuple breton ne contrôle plus rien de lui-même. Et ce n’est pas l’intérêt des Bretonnes et des Bretons que de voir leur identité s’effacer peu à peu.
Notre culture maritime et nos langues sont en perdition. Depuis quelques années, avec mes camarades de « Bretagne majeure » et de « Breizh Impacte » , nous nous efforçons de mettre enfin dans le débat public l’échec de la politique linguistique menée par la région Bretagne. En pure perte ! Nous avons interpellé le Président de la région, Chesnais-Girard. Là aussi, en pure perte. Il a mieux à faire que de nous répondre.
Pourtant les chiffres sont là et nous disent que nous sommes les plus mauvais, que la langue bretonne va disparaître dans quelques décennies tandis que le basque et le corse seront sauvés. Et nos élus socialistes nous disent que « nous sommes sur le bon chemin » ! Leur seule riposte est de rejeter la balle dans le camp de l’Etat, alors qu’ils participent de ce même système politique, via leur formation politique parisienne. Ceux qui n’ont pas même l’idée de consacrer 1% du budget de la Région à la sauvegarde de leurs langues n’ont de leçon à donner à personne.
Pourquoi mentir aux Bretonnes et aux Bretons ? Je ne supporte plus ces mensonges car nos compatriotes méritent beaucoup mieux que cela. Qu’on leur dise enfin la vérité, car c’est l’unique manière de prendre conscience de la situation tragique dans laquelle nous nous trouvons et de consentir aux efforts qui s’imposent si nous voulons sauver nos langues et les fondamentaux de notre identité. Dans vingt ans, si nos langues sont mortes, il faudra demander des comptes aux élus qui sont aux commandes aujourd’hui, de n’avoir pas su éviter ce qui n’est rien d’autre qu’un crime contre l’humanité.
L’idée de la nécessité du plan Marshall, que nous défendons depuis plusieurs années déjà, pour sauver nos langues, commence à investir le débat public et c’est une bonne chose. Le Conseil culturel de Bretagne le réclame désormais.
Il faut une véritable ambition pour nos langues et des objectifs clairs , loin des « faciliter » ou « tenir compte de » qui peuplent encore les revendications bretonnes pour la manifestation du 13 mars dernier et qui veulent rien dire.
Daniel Cueff et la liste « Bretagne ma vie » ont décidé de mettre en œuvre ce plan Marshall dès l’élection à la région Bretagne. Ce n’est pas un hasard si la seule liste qui défend la Bretagne soit celle qui a germé de l’esprit de Bretonnes et de Bretons soucieux de s’engager en dehors des formations politiques parisiennes.
Les formations politiques parisiennes nous abreuvent de promesses, mais elles ne sont que le miroir du centralisme français et le meilleur outil de notre aliénation politique et culturelle.
Daniel m’a fait la gentillesse de préfacer cet ouvrage et je l’en remercie.
L’histoire de la Bretagne n’est qu’une longue suite d’occasions manquées. Mais l’échec n’est pas inscrit dans nos gênes. A chaque génération, des hommes et des femmes ont su relever le flambeau. Grâce à eux, la Bretagne est encore là aujourd’hui.
Ceux qui se lèvent aujourd’hui dans l’esprit du Celib, avec Daniel Cueff, ont pour volonté de tracer le chemin du renouveau pour notre économie, notre environnement, notre maritimité, nos langues et notre culture. Ils ne dévieront pas de leur route pour faire plaisir à leurs amis politiques, pour assurer leur carrière, ou pour obéir à la direction centrale du parti à Paris !
La réunification ? Ils la feront, tranquillement. Elle tombera comme un fruit mûr, car ils ne fléchiront pas comme le firent les députés PS à l’Assemblée nationale en 2015.
La décentralisation ? Ils mettront en œuvre une nouvelle gouvernance qui rappellera à tous que le Pouvoir vient de la base.
La Bretagne est en train de sortir de l’Histoire. Elle n’est plus qu’une variable d’ajustement au service de Paris, de tous les grands lobbies et autres réseaux de pouvoir. Mais il nous reste les mots, la volonté d’être et d’agir. Ce n’est pas de pâles gestionnaires dont la Bretagne a besoin mais d’un capitaine au long cours pour reprendre le large.
L’humanité a besoin de la Bretagne, car la résistance des peuples est l’unique manière de préserver notre planète du chaos que l’on doit à la folie souverainiste des Etats nations. Nos vieux peuples recèlent un rapport au monde et un lien viscéral avec leur terre et cadre de vie qui pourraient encore sauver l’humanité.
Plus que tout, il nous faut retrouver l’espérance. Le discrédit du politique est à son maximum tant nos concitoyens doutent de la signification de leur vote. Qu’ils votent PS/Verts/Macron, ils savent trop bien que les mêmes se partageront le Pouvoir au second ou au troisième tour des élections régionales et que rien ne changera. Ils sont de plus en plus nombreux à se réfugier dans le nihilisme de l’extrême droite pour rejeter le système, quand bien même ce vote signifierait la disparition de la Bretagne politique. La haine ne réfléchit pas !
Dans cet ouvrage, j’ai cherché à éclairer la pente néfaste que suit la société française. A force de rejeter la diversité, de trouver le salut dans le contrôle de la population au mépris des libertés, nous glissons progressivement vers le moment de crise ultime, où l’extrême droite prendra le pouvoir, comme l’aboutissement naturel de tous ces renoncements.
Face à cette lente dérive, il ne tient qu’à nous, Bretons, de réagir. Ce n’est pas dans le suicide collectif que nous trouverons la solution à tous nos problèmes, mais par la raison qui nous commande de reprendre en main nos affaires trop longtemps délaissées aux formations politiques parisiennes et à leurs politiciens professionnels.
L’espoir réside aujourd’hui dans cette poignée de femmes et d’hommes qui veulent redonner ses lettres de noblesse à la politique, celle qui consiste à répondre aux grands défis de l’heure par la mise en œuvre de politiques ambitieuses et courageuses. Grâce à eux, les Bretonnes et les Bretons disposent d’une véritable alternative aux forces du système. Comme toujours, il suffit de vouloir !
Yvon Ollivier
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