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Nous descendons presque tous d'éleveurs et de nomades venus d'Ukraine et des steppes eurasiennes il y a 5000 ans
Le biologiste et généticien américain David Reich résume ses recherches opérées depuis quelques années sur les génomes anciens collectés sur les squelettes de nos ancêtres. Recherches effectuées sur des milliers d'échantillons analysés dans son laboratoire de l'Université de Harvard et couvrant tous les continents.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 27/11/19 23:35

Dans son livre best-seller du New York Times Who we Are and How we Got Here qui vient d'être traduit en français sous le titre "Comment nous sommes devenus ce que nous sommes" paru aux éditions Quanto, le biologiste et généticien américain David Reich résume ses recherches opérées depuis quelques années sur les génomes anciens collectés sur les squelettes de nos ancêtres. Recherches effectuées sur des milliers d'échantillons analysés dans son laboratoire de l'université de Harvard.

Les bâtisseurs de mégalithes disparus il y a 5000 ans

La nouvelle histoire de nos origines révélée par l'ADN ancien

Son livre apporte des éclaircissements, voire des remises en question des origines des populations des cinq continents qui avaient été établies par les archéologues et à leur suite par les historiens.

Avant de commencer autant rappeler, et David Reich le fait très bien, qu'il n'y a pas de races pures mais que nous avons tous hérité d'origines génétiques diverses y compris venant de l'homme de Néandertal. Cette mise au point est d'autant plus importante que les Nazis justifiaient l'invasion de l'URSS au nom de la reconquête de terres ancestrales "aryennes" de l'Est de l'Europe.

Les découvertes fondamentales de David Reich et de ses chercheurs pour les populations européennes est que nous ne descendons pas des anciens chasseurs cueilleurs qui chassaient dans nos denses forêts du paléolithique peuplées grassement de gibier depuis la fin de l'ère glaciaire il y a 10 000 ans (sauf en Sardaigne et un peu en Sicile) , ni même des agriculteurs venus d'Anatolie qui se sont installés progressivement en Europe depuis aussi le réchauffement climatique. Nous descendons de nomades éleveurs venus des steppes qui s'étendent de l'Ukraine jusqu'à l'Asie centrale. Une zone bordée au sud par la Crimée, le Caucase et au nord par les monts Altaï. Les Européens descendent presque tous de ce peuple appelé Yamna ou appelé aussi la culture Yamna ou Yamnaya culture en anglais. Génétiquement à 100% quasiment ! En soi une révolution pour les historiens.

Jusqu'en 2015, avant la révolution de l'ADN ancien, la plupart des archéologues peinaient à croire que les changements génétiques dus à la diffusion de la culture yamna puissent être aussi spectaculaires que les évolutions archéologiques [...] La génétique a montré qu'il en allait tout autrement__David Reich

Une pandémie cataclysmique ?

David Reich propose une explication plausible basée sur ses découvertes génétiques. Une peste similaire à celle qui a tué un tiers de la population européenne au Moyen âge aurait éradiqué les premiers agriculteurs et nos bâtisseurs de mégalithes. Seule la population de la péninsule ibérique y aurait en partie échappé. La population des îles britanniques aurait été entièrement renouvelée comme presque toute l'Europe (France 85%, GB 100%, Hollande 100%, Hongrie 90% mais Espagne seulement 25% selon la carte fournie dans le livre). Pour les îles britanniques cela se serait passé vers 2500 av J.C, 500 ans après les débuts de la construction de Stonehenge et 1000 ans avant l'arrivé des Celtes, aussi descendants des Yamna.

Les nouveaux arrivants en Europe auraient apporté des inventions capitales : la domestication du cheval et la roue. lls inhumaient leurs morts dans des grands tumulus recouverts de terre et accompagnés à l'occasion de leurs chariots. Des caveaux appelés Kourgane en Ukraine et en Russie et que l'on a aussi retrouvés chez les Celtes. Les Yamna seraient à l'origine de toutes les langues indo-européennes et eux-mêmes descendraient de populations venant du Caucase, de l'Arménie et probablement aussi de l'Iran, croisés avec des chasseurs cueilleurs des steppes selon David Reich.

Evidemment la comparaison avec la conquête de l'Ouest par des hordes de colons blancs à cheval ou conduisant des chariots est troublante. D'autant plus que les populations locales d'Amérique du Nord ne connaissaient ni la roue ni le cheval et ont aussi été décimées par toutes sortes de maladies apportées cette fois pas les nouveaux arrivés.

Il y a ainsi eu plusieurs repeuplements de l'Europe comme le montre David Reich. Les pandémies joueraient-elles un rôle fondamental pour expliquer l'histoire comme il a été écrit avec la peste jaune et l'effondrement de l'empire romain, voire le saturnisme généralisé dû à l'utilisation systématique de canalisations en plomb dans les villas romaines ? Sommes-nous aussi condamnés à disparaître un jour face à l'arrivée d'un nouveau virus en conjonction avec une isolation artificielle exagérée due à une propreté excessive et un affaiblissement de notre système immunitaire ? That is que question.

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logo Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Vos 8 commentaires
Naon-e-ad Le Jeudi 28 novembre 2019 13:14
trouvé sur le site du National Geographic:
"Au cours de la dernière décennie, il est devenu possible de séquencer l’ensemble du génome d’humains qui vivaient il y a des dizaines de millénaires. Aujourd’hui, on peut séquencer un fragment de squelette bien conservé pour moins de 500 euros. Conséquence : la somme des données disponibles a explosé, ce qui transforme l’archéologie. Sur la seule année 2018, les génomes de plus d’un millier d’hommes préhistoriques ont été établis – le plus souvent, à partir d’ossements mis au jour il y a des lustres et conservés dans des musées ou des laboratoires d’archéologie."
Déjà, les études sur le sang des populations avaient bousculé quelques certitudes ou représentations, aujourd'hui les études sur la paléo-génétique (ADN des squelettes anciens) nous promettent quelques beaux bouleversements.
Et les Celtes dans tout çà? Et Néanderthal versus Homo Sapiens ? Espérons que Reich soit plus sérieux que nos journalistes d'Arte, parfois (souvent?) mâtinés d'idéologie à peine dissimulée.
Bref, la boite à surprise continue de s'entrouvrir!
Souezhadennoù a-bep-seurt a vo a-dra-sur!
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JP. Touzalin Le Jeudi 28 novembre 2019 13:20
Pour info, se reporter au N° 68 de Nouvelle École " Paléogénétique des Indo-Européens " confirmant la thèse des Kourganes entre Dniepr et Volga ... avec quelques réserves quant aux conclusions qui ne peuvent être "définitives" .
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richard Le Jeudi 28 novembre 2019 14:07
@ Naon-e-ad ,A propos des celtes je vous conseille de lire ce qui se rapporte à l'haplogroupe R1b, et plus précisément le R-m269 et le R-L21 (sous-clades). cordialement
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morvan Le Jeudi 28 novembre 2019 17:21
étude valable uniquement pour les populations indo-européennes de la civilisation de la céramique cordée mais inopérante en ce qui concerne les population proto-campaniformes. Voir les travaux de Koch...
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P. Argouarch Le Jeudi 28 novembre 2019 18:10
@ Morvan : Non pas du tout, David Reich démontre le contraire et l'ADN ancien le prouve. L'expansion campaniforme est culturelle uniquement alors que l'expansion Yamna, qui correspond avec l'expansion culturelle de la céramique cordée, est génétique.
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P. Argouarch Le Jeudi 28 novembre 2019 18:55
@ Richard : l'étude des Haplogroupes et de l'ADN mitochondrial a été dépassée depuis 2015 par l'étude du génome entier des squelettes, appelé l'ADN ancien.
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morvan Le Vendredi 29 novembre 2019 10:08
@ Argouarch, je sais mais justement,
B. Sykes (2006), qui après avoir étudié l’ADN de 50 000 sujets, propose une colonisation par l’Ouest de l’Europe atlantique par des migrants venus d’Anatolie via la méditerranée et l’Espagne actuelle. La colonisation des îles Britanniques se serait donc faite par des Ibères il y a environ 6000 ans. C’est à cette époque que, de la Bretagne actuelle, se répandra la culture mégalithique à travers l’Europe occidentale (Schulz Paulssona 2018) .
Une étude récente (Cassidy et al 2016) basée sur le séquençage, par des généticiens du Trinity Collège de Dublin, d’ADNs anciens issus du squelette d’une femme enterrée à Ballynahatty près de Belfast il y a environ 5 200 ans (fin du néolithique) et des restes de trois hommes vivant dans l’île de Rathin il y a environ 4000 ans, éclaire quelque peu cette période. Alors que la femme de Ballynahatty possède un génome en relation avec les chasseurs-cueilleurs d’Anatolie et proche de celui des populations espagnoles et sardes actuelles, les hommes de Rathin eux, sont de type R1b avec des caractéristiques ancestrales en rapport avec l’Europe centrale. Ils avaient les yeux bleus et possédaient la mutation affectant le gène de la lactase permettant de conserver la capacité d’assimilation du lactose à l’âge adulte, mutation se développant dans les populations d’éleveurs particulièrement répandue en Europe atlantique. Les trois hommes en question présentent un génome comparable à celui des habitants actuels d’Irlande, Ecosse ou Pays de Galles. Une autre étude internationale (Brace et al 2019), basée sur l’analyse de l’ADN issu de 47 squelettes du Néolithique et de 6 squelettes du Mésolithique montre sans équivoque que les chasseurs ceuilleurs brittaniques ont vécu plus de mille ans en contact avec les agriculteurs du continent sans adopter leurs usages et sans se mélanger à eux avant de disparaître lentement et d’être remplacés à plus de 90 % vers – 2500 par des agriculteurs originaires de la région égéenne et ayant transité par la voie méditerranéenne jusqu’en Grande Bretagne.
A partir de – 3300, les populations nomades de la culture dite des « tombes à fosses » (Yamnaya/kourgane) qui résidaient dans les steppes pontiques au nord de la Caspienne, migrent vers la Sibérie méridionale à l’Est puis l’Europe du Nord et la Baltique pour fonder respectivement vers – 3100 et – 2800 la culture « Afanasievo » et la culture des « céramiques cordées ». A l’autre bout de l’Europe, vers – 2800, des populations non indo-européennes migrent par la mer de l’estuaire du Tage le long de la façade atlantique et de la côte languedocienne qu’elles occupent dès – 2600. A partir de -2500, ces migrants atlantiques rencontrant les populations indo-européennes des céramiques cordées donnera la culture des « vases campaniformes ». On a tout lieu de penser que c’est cette rencontre qui provoquera la séparation entre l’Italique et le Celtique. A cette même époque, la population des îles britanniques est remplacée à 90 % (Ballynahatty / Rathin). Une population parlant une langue celtique, génétiquement et géographiquement stable, est donc présente dans les îles britanniques quelques 1400 ans avant que ne soient forgées les premières épées à Hallstatt.Une autre étude récente, celle-ci basée sur la glottochronologie , de Václav Blažek, professeur à l’Université de Brno en République Tchèque, conclue que le Brittonique et le Goïdélique se seraient séparés vers – 1100 tandis que le gaulois et le Brittonique divergeaient vers -1000
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Philippe LR Le Samedi 30 novembre 2019 00:30
Au final tout de même, je serais tenté de dire : quelle importance ?
Je note des conclusions différentes à chaque étude, ce qui me laisse dubitatif. Ces hommes n'avaient au final pas grand rapport avec nous. Le véritable intérêt, c'est de comprendre les mutations génétiques (celles-ci d'ailleurs pouvant fortement "fausser" les conclusions des études sur les "origines" géographiques de tel ou tel peuple), leurs origines, leur impact etc l'étude et la compréhension des mutations a un intérêt passé, actuel et futur. Car pour le reste, nous savons depuis plusieurs siècles maintenant que nous avons un ancêtre commun avec Lucie, avec Néanderthal, mais aussi avec le cochon, le singe, l'éponge ou même les champignons et les végétaux...c'est une question de temps qui tourne, de contexte naturel et de mutations génétiques.
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