La ville de Saint-Brieuc est sans doute une des plus complexes de Bretagne, que ce soit en termes d’organisation ou d’image. Dans le premier cas, c’est une ville née au Ve siècle d’un mariage armor-argoat qui explique sa croissance. Cet élément constitutif accroît aux XVIe-XVIIe siècles sa prospérité au temps des toiles, fabriquées notamment dans l’arrière-pays (Uzel, Quintin). Déjà découpée par des aberioù courts mais profonds (le Gouët, le Gouédic), ce fut ensuite une ville découpée comme un quatre-quarts par les réseaux cette fois est-ouest qui ont puissamment marqué son territoire (les viaducs de Harel de La Noë, la RN12 qui la traverse sinon la tronçonne). La présence simultanée d’un damage nord-sud et est-ouest, ainsi que ces dénivelés, expliquent une très vive organisation par quartier (Ginglin n’est pas Cesson, ni le « plateau » ). Enfin, suite aux grèves du Joint français, c’est une ville qui a toujours eu une image ambivalente.
C’est une ville à la fois bourgeoise et ouvrière. C’est aussi pour lors la ville d’une rencontre imparfaite entre la Basse et la Haute Bretagne, entité à laquelle elle appartient. C’est encore une ville qui est littorale sans être balnéaire, alors qu’elle a redynamisé le Légué, tenté de basculer, s’ouvre difficilement sur une baie magnifique qu’elle a valorisée. Elle porta lors de la Révolution le nom de Port-Brieuc. De fait, c’est un peu Saint-Brieuc l’étrange. Elle fut par exemple omniprésente dans l’œuvre de Louis Guilloux sans être parfois appelée. Une ombre à peine portée. En terme d’image, la ville n’a pas eu du tout la même évolution que Saint-Malo ou Vannes par exemple, alors qu’elle dispose d’atouts solides, de zones vertes infra-urbaines (le bois Boissel, les vallées, la zone de Berrien), est notamment un point incontournable sur la RN 12, a renforcé aussi ses fonctions et actions (l’espace Brézillet notamment, l’Hermione, Ti ar Vro, La Passerelle, Art Rock), profitant de ce carrefour pour en tirer parti.
En devenant adhérente du réseau Breizh 5/5, Saint-Brieuc affiche clairement son identité, confirme la volonté affirmée par ses élus successifs (Claude Saunier, Bruno Joncour, désormais Marie-Claire Diouron) de voir résoudre ce problème de la Bretagne administrée. Alors que Saint-Malo devient parfois trop chère sinon inaccessible (l’effet TGV, le renchérissement et la gentrification du centre, une dépopulation concernant les habitants permanents), c’est actuellement une ville en pleine bascule qui a pris à bras le corps le problème de la désertion des commerces en centre-ville, n’a jamais voulu non plus trop grossir et a toujours essayé de fonctionner avec les communes limitrophes. Elle commence à bénéficier du TGV sans en trop subir les impacts.
Elle s’affiche clairement ville moyenne et bretonne, allant plus vers la qualité de vie au profit de ses habitants que vers des logiques de chiffres. Elle promeut clairement l’équilibre urbain breton au lieu d’être dans une course à l’échalote métropolitaine.
L’adhésion à Breizh 5/5 : une pleine cohérence. Un vecteur marketing majeur pour une ville qui a sans doute plus besoin que les autres de cette image complémentaire pour se développer. La Bretagne pour Saint-Brieuc et Saint-Brieuc pour la Bretagne.
Le mariage deviendra effectif le mardi 7 mai 2019.
Jean Ollivro