Messeigneurs les évêques de Bretagne Messieurs les directeurs diocésains de l'enseignement catholique,
Messeigneurs, Messieurs,
En tant que président d'EBLUL-France (Bureau européen pour les Langues moins répandues) et à titre personnel, je tiens à apporter mon soutien à Yannig Baron qui en arrive à la nécessité de devoir faire une grève de la faim pour que l'enseignement catholique de Bretagne prenne véritablement et sérieusement en compte les besoins de l'enseignement bilingue breton-français. Nous le savons tous, le breton est classé par l'UNESCO parmi les langues très menacées de disparition. Or la langue bretonne est un élément essentiel de la culture et de l'identité bretonnes. Elle participe au lien social et à l'expression originale de la Bretagne. La faire disparaître par volonté ou indifférence est une atteinte aux droits de l'homme, à la personnalité des Bretons et au patrimoine de l'humanité, comme le soulignent de nombreuses conventions ou déclarations des instances internationales et comme le rappellent également plusieurs encycliques et tout récemment la lettre de Monseigneur GOURVES.
Les 27 et 28 avril dernier à Bruxelles la Commission européenne a tenu une conférence sur les langues régionales ou minoritaires dans l'enseignement, réunissant des représentants et des experts de tous les Etats de l'Union européenne, afin de promouvoir une politique européenne de la diversité et du plurilinguisme. Le retard de la France et son attitude très rétrograde dans la prise en compte des langues régionales par rapport aux autres pays européens y a été encore une fois constatée et donc nécessairement dénoncée. L'Europe de la diversité culturelle et linguistique, l'Europe des citoyens plurilingues, Europe de fraternité et de paix à laquelle nous croyons, pour laquelle nous travaillons, est hélas entravée par une attitude jacobine de domination et non d'ouverture réelle aux autres et à la diversité des langues et des cultures.
Face à ce constat, on aurait pu penser que l'enseignement catholique aurait à cœur de corriger les carences de l'Etat et de montrer un autre visage de respect des valeurs fondamentales de l'homme. Malheureusement, les éléments en notre possession nous montrent que loin d'être un exemple, il accuse un retard réel sur les écoles publiques en terme d'effectifs scolarisés par rapport à son poids, que ses résultats sont moins bons, et que des obstacles existent pour l'ouverture de classes ou la formation des maîtres. Croyez bien que nous ne nous en réjouissons pas. Nous n'ignorons pas les difficultés inhérentes à la situation de la langue et à la politique d'éradication menée pendant de longues décennies. Mais inverser la tendance suppose une volonté clairement affirmée.
C'est pourquoi, nous attendons que vous preniez des orientations qui permettent à Yannig Baron, dont nous connaissons le dévouement et le sens de la responsabilité, de mettre un terme à une grève de la faim qui risque de le mettre gravement en danger.
Je vous prie d'agréer, Messeigneurs les évêques et messieurs les directeurs diocésains, mes salutations très respectueuses.
Tangi Louarn Président d'EBLUL-France