Une formidable compétition de yoles se déroule actuellement entre les rives du Golfe du Morbihan. Des équipes du monde entier concourent toutes voiles rouges dehors. Elles sont basées à Porh Anna en Séné. Sont représentées officiellement les nations suivantes dans l'Atlantic Challenge 2014 (ordre mentionné sur le site internet) : « USA, France, Danemark, Russie, Irlande, Canada, Grande-Bretagne, Belgique, Irlande du Nord, Finlande, Italie, Indonésie, Pays-Bas, Québec, Lituanie, Pologne, Pays Basque ».
Au-delà des savoir-faire, on assiste à un véritable échange culturel de qualité. Or, l'immersion dans ces festivités inspire deux remarques noircissant l'idyllique tableau, notamment pour le « défi breton » organisé en parallèle :
- La Bretagne, forte en ce domaine, est inexistante alors que le Pays Basque est présent en tant que nation, avec l'Ikurrina, son drapeau, ainsi que le Québec. Ici, la Bretagne n'est représentée que par l'initiative personnelle d'équipages non français ayant apposé un petit Gwenn-ha-du sous la bannière officielle de leurs embarcations. La nation bretonne est invisible, soumise et ne tirera aucune fierté de ces échanges culturels et sportifs.
- Des femmes indonésiennes voilées sont assises sur des bancs et regardent envieusement d'autres femmes épanouies de tous pays, à la tête d'épreuves mixtes et meneuses dans les travaux de fabrication de mâts sous les barnums. Les premières sont impassiblement rangées à côté de leurs hommes tandis que les secondes rient aux éclats et semblent rayonnantes. Celles et ceux qui préfèrent ne rien voir ou se contenter de peu diront qu'au moins ces femmes indonésiennes ont eu le droit de voyager tandis que la condition féminine est trop souvent bien pire à travers le monde.
Bien que cette double ségrégation devrait entacher l'euphorie des défis maritimes estivaux, une autre compétition se déroule sur d'autres rives du Golfe, la Women's match race à Baden, dans laquelle des femmes d'Oman figurent parmi l'élite des navigatrices venues participer à cette coupe du monde. Si les femmes y trouvent toute la place qui leur est due, la Bretagne n'a en revanche aucune existence une nouvelle fois. Les Bretonnes, qui comptent dans leurs rangs des membres de la Société des Régates de Vannes, feront parties des quatre équipages français.
L'association culturelle Bemdez rappelle ainsi le rôle émancipateur incontournable des cultures face aux politiques dogmatiques. Or, sous les meilleurs hospices, la route de la reconnaissance des libertés individuelles et collectives semble hélas bien longue.
Dans tous les cas, un grand bravo aux organisateurs de ces deux compétitions pour l'exotisme et les sensations fortes qu'ils nous offrent.
Pour Bemdez,
Bertrand Deléon