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- Communiqué de presse -
Quand les Bulgares déportaient les Juifs
La Bulgarie demande le Prix Nobel de la Paix. Certes elle a déporté beaucoup moins que ses voisins, mais ...
Par Fanny Chauffin pour Taol Kurun le 23/03/14 20:46
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La Bulgarie demande le Prix Nobel de la Paix. Certes elle a déporté beaucoup moins que ses voisins, mais ...

Politiste devenue historienne, Nadège Ragaru axe ses recherches depuis vingt ans sur les relations entre Bulgarie et Macédoine pendant la deuxième guerre mondiale.

Elle était l'invitée d'Ermine, groupe de recherches du Centre Breton de Recherches Bretonnes et Celtiques (CRBC) qui a pour ambition de créer un réseau de chercheurs international sur les identités et les altérités.

Lors d'un entretien, elle découvre que ce pays qu'elle croyait exemplaire dans le traitement des déportés juifs, ne l'est pas tant que la superbe commémoration qui a traversé l'Europe en 2013, allant de Genève à Tel Aviv a pu le faire croire.

400 000 morts en Hongrie et en Pologne, alors que 20 000 ont été déportés en Bulgarie : pourquoi une si grande différence ? Une des explications serait que la petite communauté juive bulgare n'est pas une grande bourgeoisie et se fond dans la population, ce qui n'est pas le cas dans les autres pays, où en Roumanie par exemple une grande bourgeoisie juive règne sur le commerce et la banque.

Certes, le niveau d'antisémitisme était très bas en Bulgarie. Quand le parlement bulgare adopte en 1941 les premières lois anti-juives, de nombreux courriers d'avocats, d'écrivains, essaient d'enrayer un processus qui conduira quand même à leur adoption en 1942.L'historienne trouve des archives où le nombre exact est notifié : en 1943 un accord stipule la déportation de 20 000 juifs (dont 11 243 seront déportés).

La toute nouvelle Macédoine s'invente aujourd'hui une histoire avec la création de 200 à 300 monuments en l'espace de trois ans , porte antique, neo-hellénique, statues, projet d'église orthodoxe, place Macédoine...

Alors que les Macédoniens faisaient remonter la naissance de leur pays au début du XIXe siècle dans les années 1980, puis au Moyen Age, ce sont aujourd'hui des statues d'Alexandre le Grand qui indiquent la naissance de l'État de Macédoine, soit avant Jésus Christ...

La "forêt bulgare" de Jérusalem est un lieu de mémoire pour les Juifs de Bulgarie, de Macédoine et de Serbie. Après de multiples discussions, le choix a été d'édifier un seul monument pour rendre hommage aux sauvetages et aux déportés.

Et l'historienne de conclure qu'aujourd'hui des familles sont déchirées, ayant de la famille dans les trois pays (Macédoine, Serbie et Bulgarie)."Dans l'Empire ottoman, il n'y avait pas de frontières, c'était les mêmes familles qui vivaient dans ces espaces régionaux non entravés par ces frontières". Ces familles juives ont donc été "fragmentées" entre ces différents États. Nadège Ragaru cite alors une musicologue qui dit : "Je suis de l'entre deux, une partie de ma famille a survécu en Bulgarie et l'autre en Macédoine, a été exterminée". Cette posture de l'entre-deux quand tout le XXe siècle a été le cadre de l'affirmation d'États supranationaux prend ici toute son importance.

Voir aussi sur le même sujet : Ermine, identelezh