Mal commencée avec aucune mention des langues régionales dans la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école, la première année du gouvernement Ayrault était mal partie en ce qui concerne les langues régionales -- d'autant plus qu'on apprenait aussi que le "président du changement" avait renoncé à sa promesse 56, formulée alors qu'il était candidat et qui affirmait qu'il ferait ratifier la charte des langues régionales, d'ailleurs sans trop expliquer comment.
Les élus qui participaient lundi à Langon au forum tenu dans la matinée ont tenté de démontrer que, grâce à leur action, ils ont réussi à remettre sur la table la reconnaissance des langues régionales que le gouvernement avait tenté discrètement de passer à la trappe. La loi a été amendée avec succès grâce à des louvoyages sémantiques entre Sénat et Assemblée nationale. Un comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne a été créé. Deux des élus, faisant partie de ce comité, étaient présents à ce forum : il s'agit de Paul Molac (député vert/UDB) et de David Grosclaude, conseiller régional d'Aquitaine. Martine Faure, députée PS de Gironde et ancienne présidente du Groupe d’études sur les langues régionales de l’Assemblée nationale participait aussi au forum. (1)
En plus de l'abandon de la ratification de la charte des langues minoritaires, il reste au tableau noir le refus du Conseil constitutionnel de valider le vote de l'assemblée territoriale de Corse co-officialisant la langue corse. Le même Conseil constitutionnel a invalidé deux lois votées à Tahiti seulement parce qu'une partie des débats avait été conduite en langue polynésienne. L'attitude de la France vis-à-vis de la Polynésie a eu pour conséquence pas moins qu'une condamnation de la part de l'ONU remettant la Polynésie française sur la liste des pays devant être décolonisés.
A ce sujet, l'Acadien devenu Australien, spécialiste des questions linguistiques, et professeur de droit, Fernand de Varennes, a réaffirmé que les Bretons, Basques et autres minorités linguistiques en France n'avaient rien à espérer des institutions européennes car la France y exerce un veto partout. L'ONU et les instances internationales seraient plus réceptives (vidéo 5).
(1) Leur rapport a été publié et commenté sur ABP.
Philippe Argouarch