A Madame Anna Vari Chapalain
Directrice de DIWAN
A Messieurs Serge Guégo et François Gaël Rios
Présidents de Diwan
Madame, Messieurs,
Je vous souhaite, ainsi qu'à l'ensemble des personnels de Diwan, une bonne et heureuse année 2013.
Je me permets de revenir vers vous suite au communiqué dans lequel vous faites part de votre indignation concernant les informations données par la CGT Enseignement Privé. Le contenu de votre message ne m'indigne pas mais il m'étonne, à tout le moins.
La CGT enseignement privé est un syndicat représentant les salariés. Il a donc pour but de défendre au mieux les intérêts desdits salariés. Cela comprend l'ensemble des questions salariales mais aussi tous les moyens permettant de travailler dans les meilleures conditions.
En ce sens, nous sommes vigilants quant à des réalités telles que le nombre de postes attribués par l'Etat, avec lequel Diwan est en contrat d'association, la capacité d'obtenir une contractualisation le plus rapidement possible afin d'assurer la pérennisation des structures et de soulager la participation des familles, les temps étant difficiles pour tous.
Nous sommes un syndicat représentatif. A ce titre, nous avons des rapports multiples avec toutes les strates de l'État, y compris le Ministère. Nous avons porté un certain nombre de questions concernant Diwan, et notamment la problématique de la contractualisation et des différences existantes avec le réseau des écoles basques.
Vous ne pouvez pas en être surpris, Madame la Directrice, Messieurs les Présidents : nous vous en avions fait part lors de notre rencontre dans vos locaux de Landerneau en octobre dernier.
Oui, il existe une convention entre l'État et les écoles basques permettant, en les dénommant « annexes » , à de nouvelles écoles de ne pas attendre 5 années pour être contractualisées. Oui, c'est une « respiration » pour le réseau et les familles. Oui, cela permettrait d'asseoir Diwan si nous pouvions avoir des conditions analogues en Bretagne.
Oui, le Ministère a été surpris de la demande de Diwan l'an dernier en termes de moyens humains. Nous ne sommes pas naïfs, Madame la Présidente, Messieurs les Présidents, et nous ne tomberons pas dans le piège vieux comme le monde de la division permettant de mieux régner, mais force est de constater que des accords existent ailleurs qu'en Bretagne, que des demandes autrement plus élevées sont faites par d'autres réseaux, à l'instar des 40 postes demandés l'an dernier par les calendretas.
Notre volonté n'est pas de combattre Diwan, Madame la Directrice, Messieurs les Présidents, ni l'ensemble des bénévoles qui travaillent pour le développement de la langue bretonne, mais nous avons la responsabilité de mettre l'ensemble des acteurs devant leurs responsabilités, y compris la direction de Diwan. Cela devrait se faire, à nos yeux, en bonne intelligence.
La CGT Enseignement privé démontre sur le terrain sa volonté de défendre au mieux les intérêts des travailleurs des écoles Diwan. Nous n'avons pas à donner de leçons de « bretonnitude » à qui que ce soit et encore moins à vous Madame la Directrice, Messieurs les Présidents, mais nous n'en avons pas à recevoir. Nous ne sommes ni des adversaires, ni des jacobins.
Nous n'avons aucunement la volonté, je vous rassure, d'être des co-gestionnaires mais nous savons quelle est notre place : avec les travailleurs.
C'est pourquoi nous continuerons de poser des questions, d'affirmer des revendications, en sachant que c'est le rapport de forces qui permet finalement d'obtenir des victoires. Nous avons des Ministres bretons au gouvernement, et pas n'importe lesquels. C'est donc maintenant qu'il faut construire et nous pourrons être à vos côtés pour peu que vous le vouliez bien.
A mon tour, je me permettrais de vous dire que c'est une illusion de croire que l'on puisse gagner des combats sans les commencer et sans agréger le maximum des forces nécessaires.
Madame la Directrice, Messieurs les Présidents, sachez qu'il est étonnant et vain de stigmatiser une organisation comme la CGT. Nous sommes depuis 1895 aux côtés des travailleurs.
La CGT Enseignement privé continuera son action en faveur des salariés, dans le cadre des moyens et des contractualisations comme dans beaucoup d'autres. Ainsi, j'ai rencontré Monsieur le Maire de Questembert concernant l'état déplorable de l'école Diwan de cette commune. Il n'a pas manqué de me rappeler que Diwan était l'employeur. Cette entrevue a été ferme mais courtoise et intéressante. Vous n'êtes vraisemblablement pas ignorante du projet qui permettrait de trouver une réponse satisfaisante. Cela entraînerait, de la part de Diwan, des prises de décision permettant de faire la jonction, mais nous en reparlerons car la situation est extrêmement urgente.
Madame la Directrice, Messieurs les Présidents, nous ne sommes pas les ennemis de Diwan, bien au contraire. Nous sommes attachés à la possibilité pour les jeunes Bretons d'apprendre leur langue, surtout dans le cadre pédagogique proposé par Diwan. Cela ne veut pas dire accepter tout et n'importe quoi pour les salariés qui, eux non plus, n'ont pas de leçons à recevoir en termes d'engagement.
Soyez assurés, Madame la Directrice, Messieurs les Présidents, au nom de mon organisation, de ma vigilance la plus grande et de mes sentiments les meilleurs.
Philippe Legrand
Secrétaire Général