Une introduction désopilante, et des réflexions fort instructives pour la Bretagne.
En cet été pluvieux en Bretagne, mieux vaut rester sous la couette avec un bon bouquin, à défaut de pouvoir le lire sur la plage.
Il est juif et américain. Il a une grand-mère qui a échappé de justesse à la mort pendant la guerre. Aussi quand il allait la voir enfant, la première chose qu'elle faisait était de le soupeser, pour savoir s'il avait grossi.
Obnubilée par la nourriture qui lui avait tant manqué, elle était obsédée par l'alimentation. Aussi, quand le fils de Jonathan est né, la première question qu'elle a posé au père au téléphone était tout naturellement : " combien pèse-t-il ? "
Aujourd'hui, les temps ont changé, le monde n'a jamais compté autant d'obèses, les 70 ans de fast-food des États-Unis ont achevé de produire des individus se nourrissant vite et mal et dédaignant la condition des animaux élevés de façon de plus en plus industrielle.
Jonathan Safran Foer décide alors, en vrai journaliste d'investigation et d'investigation pour lui-même aussi car il décide de devenir végétarien, de savoir d'où vient la viande qui est dans son assiette.
Les commentateur chagrins de l'ABP vont peut-être encore bondir à la lecture des passages qui suivent. Mais les États-Unis, c'est tellement loin...
Quelques extraits :
" Dans le monde ce sont environ 450 milliards d'animaux terrestres qui sont désormais élevés industriellement chaque année (...), 99 % de tous les animaux terrestres consommés ou utilisés pour produire du lait et des oeufs aux Etats-Unis sont élevés industriellement ".
" Aujourd'hui, vos animaux doivent produire plus à un coût moindre. Donc vous devez obtenir une croissance plus rapide et un meilleur indice de consommation. Tant que la nourriture continuera à être de moins en moins chère par rapport à tout le reste, le fermier n'aura pas d'autre choix que de produire de la nourriture pour un coût toujours plus bas, et, génétiquement, on va se diriger vers un animal qui répond à cet objectif (...). Le taux de perte fait partie intégrante du système. On part du principe que si on a 50.000 poulets dans un hangar, plusieurs milliers mourront au cours des premières semaines. Mon père ne pouvait pas se permettre de perdre un seul animal. Aujourd'hui, dès le départ, vous savez que vous perdrez aux alentours de 4 % de vos bêtes ".
" Le problème est très simple : d'immenses quantités de merde. Tant de merde si mal gérée qu'elle se répand dans les rivières, les lacs et les océans - tuant la faune, polluant l'air, l'eau et les sols d'une façon dévastatrice pour la santé de l'homme.
Actuellement un élevage porcin industriel moyen produit chaque année 3 200 tonnes de lisier, un élevage de poulets de chair 2 900, et un élevage de bétail 155 000. (...) En tout, les animaux d'élevage aux États-Unis produisent 130 fois plus de déchets que la population humaine - environ 39 tonnes de merde par seconde ".
Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran FOer, Points, 7,70 €, 2010
Eating animals, 2009