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- Interview -
Entretien avec Anne-Laure Marteau, directrice de Coop Breizh
Depuis le départ de Jacques Clément le 1er avril, la Coop Breizh est dirigée par une jeune femme énergique de 37 ans, Anne-Laure Marteau. Un nouveau visage et du sang
Erwan Chartier Par Le blog de Erwan Chartier-Le Floc'h le 22/04/09 3:22

Depuis le départ de Jacques Clément le 1er avril, la Coop Breizh est dirigée par une jeune femme énergique de 37 ans, Anne-Laure Marteau. Un nouveau visage et du sang neuf pour cette entreprise de 52 ans qui demeure un instrument essentiel et nécessaire pour diffuser et promouvoir l'édition et le disque en Bretagne.

Comment en êtes-vous arrivée à diriger Coop Breizh ?

J'ai une formation en gestion et je poursuis mes études pour devenir expert-comptable. J'ai notamment travaillé pour l'armement Nicot à Concarneau, ainsi que pour une société d'informatique cornouaillaise pour le compte de laquelle j'effectuais notamment des audits. C'est dans ce cadre que je suis rentrée en contact avec Coop Breizh. En 2001, Michel Bescond qui était alors le directeur de cette entreprise, m'a contactée, car il recherchait un contrôleur de gestion. J'ai accepté et j'ai restructuré le service comptable. En 2003, je suis devenue directrice administrative et financière, lorsque Jacques Clément a été nommé directeur. À son départ, en avril 2009, les administrateurs m'ont confié les rênes de cette belle entreprise.

Justement, pourriez-vous nous décrire l'activité de Coop Breizh ?

Créée en 1957, Coop Breizh c'est d'abord une équipe de vingt-huit salariés entre le siège de Spézet et le magasin de Lorient. Nous éditons une trentaine de livres et nous produisons une dizaine de disques par an. Nous sommes surtout une structure de diffusion, avec quatre mille ouvrages et un millier de disques en référence. Trois cents maisons d'édition ou de disques font appel à nous pour être diffusées dans les cinq départements bretons et au-delà.

Coop Breizh a plus de cinquante ans d'existence. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Coop Breizh est une entreprise qui a une histoire et cela rend humble. J'ai été très sensible aux messages de sympathies qui se sont exprimés à la mort du fondateur, Robert Le Grand, il y a quelques mois. Beaucoup de personnes se souvenaient de lui, dans les années 1950 et 1960, lorsqu'il parcourait la Bretagne avec son stand de drapeaux et de livres. C'était alors un acte de foi, une vision « missionnaire » à vouloir diffuser la matière de Bretagne à une époque où beaucoup de Bretons tournaient le dos à leur culture. Coop Breizh a connu une seconde grande période dans les années 1970, lorsque Yann Goasdoué est arrivé au manoir de Menez Kamm, à Spézet et a travaillé à lancer diffusion Breizh. C'était une époque d'énergie et de renouveau breton à laquelle l'entreprise a participé. Elle a évidemment beaucoup marqué l'histoire de Coop Breizh. Sans renier ces racines, Coop Breizh s'efforce d'être une entreprise dynamique et moderne, au service de la Bretagne.

Coop Breizh est-elle encore une coopérative ?

C'est une société anonyme à forme coopérative. Chaque actionnaire possède une voix, quel que soit le nombre d'action qu'il détient. Cela permet donc une certaine forme de « démocratie » dans la gestion de l'entreprise et dans la désignation des administrateurs. Il y a actuellement plus de deux cents actionnaires. Toute personne qui le souhaite peut d'ailleurs acheter des actions. Pour une petite somme, on peut ainsi contribuer à conforter la situation de Coop Breizh.

Êtes-vous une patronne plutôt sociale ou pas ?

Je crois aux vertus du dialogue, de l'équité et du consensus. Ce sont des valeurs essentielles à mes yeux. Je crois également à l'intéressement des salariés par différents biais – tickets restaurants, primes – afin de les motiver et de les impliquer dans la bonne marche de l'entreprise. Surtout dans une région où les salaires sont – hélas – relativement bas.

Coop Breizh s'est construite en partie grâce à l'énergie militante bretonne, qu'en est-il aujourd'hui ?

Je suis en partie originaire d'Alsace, une région à forte identité, mais où il n'existe pas cette incroyable énergie des Bretons à défendre leur personnalité et leur culture. J'ai beaucoup de respect pour le militantisme et pour le passé de Coop Breizh. Cela étant, il existe des contingences économiques qu'on ne peut ignorer si on veut que cette entreprise survive et se développe. Pour pouvoir mener à bien et défendre certains projets, il faut aussi que nous dégagions de la marge ailleurs. En cinquante ans, Coop Breizh s'est imposée comme l'un des acteurs incontournable de la culture bretonne, un outil au profit des artistes, des auteurs et des acteurs culturels. Créer du lien social, participer à la promotion de cette culture originale, contribuer à construire la Bretagne de demain sont aussi des actes de militantisme.

Comment analysez-vous la situation actuelle ?

Depuis quelques années, on sent une légère baisse d'intérêt pour la Bretagne, un creux par rapport à la vague des années 1990. C'est sans doute passager, mais il n'y a pas de “locomotives”, comme l'Héritage des Celtes. J'estime d'ailleurs qu'il est de notre rôle de dénicher et promouvoir les talents qui vont relancer la machine et « faire » la culture bretonne de demain. Le marché du disque est en crise, en raison du numérique et du téléchargement. Néanmoins, nous sommes moins touchés que les majors, car nous sommes dans une niche. De plus, nous avons énormément développé le packaging des CD. Ce n'est pas qu'un disque, mais aussi un objet que les gens achètent. Dans le domaine de l'édition, la crise commence à se faire sentir. Par exemple, on voit bien que les beaux livres se vendent moins bien, d'autant qu'il y a eu pléthore de titres sur le marché. Mais ces beaux livres ne sont pas une priorité et nous éditons également de nombreux ouvrages grand public. Personnellement, je suis d'ailleurs attachée à une culture bretonne populaire qui doit être accessible à tous.

Vous êtes installés à Spézet, en centre Bretagne. N'est-ce pas un handicap ?

L'identité de Coop Breizh s'est construite autour de son implantation à Spézet. Cela fait partie de son histoire et cela participe au capital sympathie de l'entreprise. Cela a bien sûr un coup en termes de logistique, mais cela nous apporte également beaucoup. Nous créons de l'emploi dans ce pays qui, en retour, nourrit la culture bretonne. Et puis, « être au cœur de la culture bretonne », c'est aussi être au centre de son territoire !

Vous êtes la première femme à diriger Coop Breizh.

Cela ne pose aucun problème. L'égalité commence justement lorsqu'on ne se pose pas ce genre de question en allant travailler et qu'on est respecté avant tout pour ce qu'on fait…

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Vos 2 commentaires :
Ghildas Gw. DURAND TOUZ Le Mardi 31 août 2010 23:27
Bravo !
(0) 

Ghildas Gw. DURAND TOUZ Le Mardi 31 août 2010 23:27
Désolé ! Quand je dis "bravo" c'est autant pour le journaliste que pour la jeune femme bretonne interrogée. Enfin du positif ! ... Merci aux deux.
(0) 

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