4 décembre 2005
Démocratie versus Liberté
Le démocrate se pense investi d’une morale cardinale. Il est le bon personnage dans le théâtre de la politique et les spectateurs sifflent le tyran et le monarque, le despote et l’oligarque. Comment ne pas ovationner le héros et ne pas partager cette réaction convenue ?
Depuis Aristote, la démocratie est censée être un régime politique dans lequel la souveraineté serait détenue par le peuple. La réalité est bien éloignée de la théorie, le pouvoir restant concentré dans les mains d’une petite minorité.
On nous répliquera que cette minorité peut être exclue par le vote au profit d’une autre qui nous est plus favorable.
C’est méconnaître la logique du marché électoral. Les minorités qui détiennent le pouvoir ou celles qui prétendent l’obtenir .utilisent des procédés identiques et s’appuient sur des réseaux de clients dont les finalités sont de tirer avantage aux dépens du reste. Le bien-être de tous passe à la trappe.
Le concept de démocratie représentative, concept corrupteur, se trouve à l’origine de la défiance du politique.
Pour quelles raisons la liberté individuelle devrait-elle être soumise à la tyrannie du nombre et être condamnée à faire silence ?
Le citoyen ordinaire voit sa liberté de décision constamment restreinte. La démocratie représentative collectivise les voix au profit de quelques partis politiques.
Sans liberté, le citoyen n’a plus aucun intérêt à affirmer ses préférences individuelles. Pour exister, il doit manifester une appartenance collective : nationaliste, féministe, écologiste, altermondialiste, socialiste…
La démocratie est devenu un régime politique dans lequel la souveraineté est détenue par des groupes organisés.
En théorie, 51% de la population pourraient vivre en spoliant le produit du travail des 49% restants, sans qu’il y ait attente aux principes démocratiques. La réalité est plus dramatique. Les fonctionnaires, qui représentent 20% de la population active, consomment près de 50% du budget de l’Etat…
Comment est-ce possible ?
Le système électoral et l’organisation des partis ont permis à Jacques Chirac d’être élu Président de la République en obtenant seulement 13,75% des votes des inscrits au premier tour. Le premier tour est supposé fournir une image des préférences des électeurs. On constate l’absence de réelle légitimité, ce qui, hélas, ne gêne plus personne.
Si l’association volontaire et ponctuelle des préférences n’est pas constitutive de préjudices, leur collectivisation systématique constitue une atteinte à la liberté individuelle.
Le concept de démocratie revêt alors une connotation négative. La démocratie devient le lieu d’expression de la tyrannie des groupes.
Tout au long du XX° siècle, les démocraties ont toutes connu le même type d’évolution : croissance inexorable de la puissance de l’Etat, développement pléthorique des organisations publiques. C’est une forme de retour sur investissement des groupes et partis qui exigent de l’élu les privilèges et les redistributions de richesse à leur profit, en échange de l’appui électoral qu’il a reçu.
La soumission au groupe n’est pas nouvelle. On la trouve louangée par Pie XI dans son encyclique Divini Redemptoris, dans laquelle la société n’est pas conçue comme une cohabitation d’individus responsables de veiller à leur bien-être personnel, mais plutôt comme un regroupement de corps intermédiaires, syndicats et corporations, auquel l’individu est obligatoirement rattaché. La lettre encyclique Quadragesimo Anno avait déjà abordé les mêmes thèmes.
L’alternative proposée par le Pape était simple : nier sa liberté et cotiser au syndicat ou mourir de faim. Pie XI était en parfait accord avec la Charte du Travail de l’Italie de Mussolini.
La démocratie française nous propose aussi une alternative : cotiser à l’UMP ou au PS ou ne pas exister électoralement ; ou perdre son identité et son âme en s’associant au PS comme c’est le cas en Bretagne.
C’est au nom de la démocratie représentative que notre pouvoir politique individuel est réduit à néant et que notre liberté est définitivement ruinée.
Le sursaut passe par le fédéralisme. Non seulement une France fédérale est nécessaire, mais une Bretagne fédérale s’impose. Car il ne s’agit pas de reconstituer à Rennes ce que nous critiquons à Paris.
L’heure est venue de se débarrasser définitivement des notions préconçues qui n’ont plus de sens, si tant est qu’elles en aient jamais eu, et de laisser croître la liberté individuelle, laquelle est toujours une liberté responsable.
La démocratie séduit la pensée en l’endormant. Où était elle dans la République Démocratique Allemande ? Où était cette démocratie américaine qu’aurait vu Tocqueville quand les Pères fondateurs des Etats-Unis ont toujours eu une sainte horreur à son endroit ? ce même Tocqueville qui encourageait la colonisation de l’Algérie et qui incitait à l’utilisation de méthodes barbares et sanguinaires.
Ainsi on évitera ce langage populiste qui manipule toujours à dessein en utilisant ces notions floues de nations et de peuples qui ne font jamais consensus et dont l’intangibilité n’est pas innocente. Nous nous intéressons à la liberté de Yann et de Marie, personnes tangibles, réelles ; non une liberté textuelle, mais une jurisprudence.
La seule démocratie qui soit acceptable et qui est légitime, est la démocratie directe. Nous émettons de vives réserves sur l’évolution et les contenus de certains partis bretons qui sont plus jacobins que les Français et qui s’alimentent du miracle des deniers publics. Le pouvoir appartient à l’individu concret, non aux partis. Des mouvements et des associations sous perfusion ne font pas une Bretagne libre.
A ces partis quémandeurs, nous préférons les mouvements créateurs, dans une Bretagne fédérale où l’initiative peut fleurir et créer des emplois sans être sous un contrôle administratif permanent.
Mouvement Fédéraliste de Bretagne JY QUIGUER