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- Communiqué de presse -
Fièvre acheteuse à Châteaubriant
Le 29 novembre 2006, le secrétaire de mairie de Châteaubriant annonce, tout fiérot, que les grandes surfaces commerciales de la ville vont être ouvertes les dimanches 10, 17, 24 et 31 décembre
Par bernadette Poiraud pour Journal La Mée le 5/12/06 23:02

Le 29 novembre 2006, le secrétaire de mairie de Châteaubriant annonce, tout fiérot, que les grandes surfaces commerciales de la ville vont être ouvertes les dimanches 10, 17, 24 et 31 décembre. Il précise que les organisations syndicales ont été consultées.

Le soir même dans une lettre ouverte, l'Union Locale CGT réplique :

Monsieur le Maire,

" Rien ne peut justifier ce type d'ouverture, les consommateurs ne vont pas doubler leurs achats ! "

Le prétexte donné par la mairie : que les dimanches 24 et 31 décembre les produits vendus (poissons, crustacés) seraient frais ! ou qu'il est nécessaire d'aller chercher au dernier moment les plats préparés. Pour la CGT c'est un faux prétexte : " ces jours-là il n'y aura pas de pêche " " ni livraison de produits frais ! " et " que les produits soient frais dans les locaux des grandes surfaces ou chez soi , quelle différence ? "

" Où sont les intérêts des salariés de ces commerces ? Vous autorisez, par cet arrêté, de les faire travailler le 24 et 31 décembre jusqu'à 13 h ? Ces salariés que nous représentons sont indignés ".

La CGT laisse entendre aussi que le maire est un menteur quand il dit avoir consulté les organisations syndicales : " Vous savez notre position syndicale qui est contre l'ouverture des magasins les dimanches et jours fériés mais vous ne pouvez pas dire que vous nous avez contactés " .

Boycott ?

" Monsieur le maire, nous appelons les consommateurs, salariés, à utiliser le droit de dire non au travail du dimanche par la grève de la consommation, le boycott des commerces les dimanches 24 et 31 décembre 2006 "

Mensonge aux Castelbriantais

Dans un communiqué du 1er décembre, l'Union Locale CFDT déclare :

" Non. Ni l'Union Locale CFDT ni l'Union Départementale CFDT n'ont été consultées par la Mairie de Châteaubriant pour donner un avis sur l'ouverture des magasins les dimanches 24 et 31 décembre.

Evidemment, nous aurions contesté cette nouvelle tentative de déréglementation du travail, cette nouvelle régression sociale et sociétale.

Evidemment, nous aurions prouvé que les consommateurs ne peuvent pas dépenser 150 euros s'ils disposent de 100 euros dans leurs poches.

Evidemment, nous aurions démontré qu'il s'agit uniquement pour les enseignes de la grande distribution de tenter de récupérer une part de marché au concurrent.

Evidemment, nous aurions alerté la municipalité de Châteaubriant sur les risques de mise en péril du commerce de proximité en centre ville.

Mais pourquoi s'affranchir d'une consultation, d'un débat, d'une discussion avec les organisations syndicales et préférer le mensonge ridicule ? ".

La CFDT et la CGT protestent. Malheureusement un certain nombre de consommateurs iront cependant dans les grandes surfaces les dimanches de décembre.

Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas travailler la nuit, comme en Chine ? Pourquoi ne pas faire travailler les enfants dès 13 ans ou même avant.

Nous exagérons ? Même pas !

Facteurs en culottes courtes

Selon le journal l'Humanité du 28 novembre, confirmé par Le Monde et le Figaro du lendemain : en Allemagne, certains n'hésitent pas à vouloir faire travailler les jeunes avant l'âge légal.

Le syndicat allemand des services Ver.Di vient ainsi de dénoncer les annonces d'emploi du groupe TNT Post qui recherche de jeunes facteurs âgés de treize ans.

Réponse de TNT, deuxième distributeur de courrier en Allemagne après la Deutsche Post : " Nous ne faisons travailler des enfants de treize ans que s'ils ont une autorisation parentale. " (1). Selon Roland Jager, directeur de TNT, les jeunes distribueront des catalogues et des prospectus et seront payés entre 10 et 15 euros pour une tournée de trois heures.

Facteurs en culottes courtes, il fallait y penser. À quand le travail en couches-culottes ? Décidément, on vit une époque formidable…

La nuit … un livre

Le Sénat à Berlin a autorisé les magasins à ouvrir, depuis le 17 novembre, 24 heures sur 24 du lundi au samedi et jusqu'à dix dimanches par an. D'autres régions d'Allemagne devraient en faire autant.

Le premier à en user a été, à Berlin, Peter Dussmann, propriétaire d'une librairie qui a décrété la nuit blanche au profit du consommateur. Il entend aller plus loin encore. " La lutte continue, annonce-t-il, nous nous débarrasserons aussi du dimanche. "

Le courroux des commerçants

La question des dimanches suscite le courroux des commerçants allemands qui craignent une distorsion de concurrence.

La libéralisation risque de désavantager les petits commerces. "Les grands groupes ont les moyens de prolonger les horaires alors que les petits commerces ne pourront pas suivre le mouvement et vont se retrouver sur le carreau", explique un syndicaliste.

Les syndicats allemands craignent qu'une libéralisation des horaires d'ouverture n'augmente la pression sur les salaires. Le patronat a d'ores et déjà annoncé son intention de supprimer une partie des suppléments salariaux versés aux employés à partir de 18 h 30.

De plus, "nous craignons que les grands groupes continuent de supprimer des emplois qualifiés en faisant de plus en plus appel à des intérimaires qu'ils rémunèrent souvent moins bien que leurs salariés"

Jusqu'à maintenant, l'allongement de la durée d'ouverture n'a pas été forcément synonyme de bénéfices pour le commerce. L'augmentation de la consommation n'est pas liée à la durée d'ouverture des magasins : elle dépend du niveau de salaires !

(1) Faire travailler les enfants ? Ce seront toujours les familles modestes qui devront recourir à cet expédient. Tandis que les enfants des familles aisées iront au théâtre, ou au cinéma ou à l'école de musique ….

Libéralisons le travail !

Libéralisons !

Oui à l'ouverture de tous les magasins, la nuit et les dimanches.

Oui à l'ouverture des banques, et bureaux de poste, à toute heure du jour et de la nuit.

Oui à l'ouverture des écoles, en continu.

Oui aux matches de foot, vers 5 heures du matin.

Oui au ramassage des poubelles vers 23 heures.

Allumons des lumières partout, en ville, en campagne, dans les bureaux, les magasins, les usines. Travaillons, tous !

A propos : le maire de Châteaubriant a décidé de tenir une permanence ouverte à tous les Castelbriantais, à 4 h du matin en mairie tout le mois de décembre.

Cars à bouffe

Etant donné que Nantes et Angers n'ont pas accepté l'ouverture des magasins les dimanches de décembre, la mairie de Châteaubriant propose d'affréter des cars au départ de ces deux grandes villes pour que les pauvres consommateurs lésés puissent assouvir leur fièvre acheteuse dans notre belle ville. Il y aura un départ toutes les 10 minutes à partir du Quai des 50 otages à Nantes et de la Place du Ralliement à Angers.

ABP/BP

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