Dans une auto interview récente sur Facebook live, le premier ministre Edouard Philippe et le ministre Nicolas Hulot énuméraient les menaces écologiques et liées aux pénuries qui pèsent sur notre société humaine mondialisée. Un peu avant son élection, le président Macron s’inquiétait des fractures qui se faisaient jour dans la société française, constatant que, je cite: « nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité » .
Il semblerait donc que dans les hautes sphères de la république on se pose des questions sur l’avenir de nos sociétés, et plus particulièrement celui de la société française. Ils sont là pour ça me direz-vous. Mais ont-ils les bons logiciels pour seulement envisager d’éviter le pire ?
On en doute car dans le domaine de l’écologie par exemple, le bon Monsieur Hulot n’a strictement rien obtenu sur le nucléaire et à la fuite en avant programmée dans le domaine, ni sur le glyphosate et autres gâteries chimiques qu’on retrouve jusque dans nos bières.
Dans le domaine social, le président regrette que l’élitisme républicain soit en berne, ce qu’on pourrait traduire par un constat de panne de l’ascenseur social version française, cette ascension « au mérite » qui se faisait grâce à un système éducatif autrefois plus performant sans doute. Mais il continue par ailleurs de vanter les vertus des « premiers de cordée » qui, puisque l’ascenseur social est en panne, sont pour la grande majorité les enfants des classes dirigeantes.
Pourtant, face à ces dérives et ces dangers réels, le gouvernement ne propose pas grand-chose de novateur. Pas d'électrochoc en tous les cas : des réformes ici ou là, dont l’avenir dira, s’il a le temps, si elles apportent quelque amélioration. Mais on en doute, surtout quand on apprend, entre autres joyeusetés, que l’abandon de la Taxe d’Habitation va être compensé par la dette publique.
Quant à l’industrie, secteur prioritaire selon le Président, on nous avertit que la société américaine General Electric, qui avait racheté la branche énergie d’Alsthom –impliquée dans les centrales nucléaires françaises- après des négociations houleuses, cette société donc non seulement ne tient pas ses promesses en termes d'emploi, mais vient, il y a deux jours, d’être éjectée du Dow Jones. Dans le domaine du nucléaire toujours, il est confirmé que les cuves de l’EPR de Flamanville souffrent de défauts de conception qui mettent en cause l’usine du Creusot appartenant à Framatome. Le ciment ne va pas mieux, puisque le cimentier français Lafarge a été mis en examen jeudi dernier, après deux ans d'enquête, pour "complicité de crimes contre l'humanité" : en cause ses liens avec Daesch. A-t-on vraiment des premiers de cordée à la tête de ces groupes Monsieur le Président ?
Pour compléter le tableau, un rapport sénatorial, paru la semaine dernière, fait un état des lieux alarmant du moral et des conditions de travail dans la gendarmerie et l’armée. Sans parler d’un autre rapport récent, issu de la chambre régionale des comptes de la région Sud, qui fustige la longue dérive financière de l’hôpital de Marseille, mais cela pourrait concerner de nombreux autres établissements hospitaliers sur le territoire... Et on pourrait continuer longtemps la liste des secteurs en déshérence ou menacés dans l’Hexagone.
Voilà, la situation est plus qu’inquiétante. Mais, atteints sans doute du syndrome Marie-Antoinette, voilà que l’État et ses relais (préfets, recteurs d’académie) mettent toute leur énergie à combattre les désirs d’élèves qui voudraient passer leur bac en breton en Bretagne, ou en basque au Pays Basque. Un État qui par ailleurs renvoie les Corses à leur maquis en méprisant leurs demandes pour plus d’autonomie, et ce alors que les urnes ont placé les camps indépendantistes et autonomistes loin devant tous les autres partis traditionnels aux dernières élections.
Que le gouvernement continue ainsi et, dans quelques mois, est-t-il besoin d’extrapoler beaucoup pour imaginer Edouard Philippe et le Président, installés à une fenêtre du Palais de l’Élysée, observant la rue, l’air inquiet ?
Là, le premier ministre, se lance, sur un ton grave :
« Monsieur le Président, les écologistes réclament toujours l’arrêt du nucléaire, et il faut admettre que deux de nos centrales devraient être stoppées depuis longtemps... Par ailleurs, les militaires sont à bout, les hôpitaux sont ruinés et les pauvres, malgré toutes vos mesures, hardies mais plus ou moins bienveillantes, restent pauvres. La situation à Mayotte et Cayenne est de plus en plus préoccupante. Et il y a plus bizarre : des Basques continuent de vouloir passer leurs bac en basque, même chose en Bretagne, quant aux Corses, ils veulent toujours l’autonomie. Mais, plus grave sans doute, presque tous demandent du pain !
Le jeune président, toujours élégant, acquiesce en souriant, puis il éructe soudain, comme il le faisait lors de ces derniers meetings de campagne :
- Qu’ils mangent de la brioche ! »
Vincent Fraval, Secrétaire Général de Breizh Europa
phrase attribuée à une princesse royale par Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions 1782