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Bras enflé de Wolfgang Bourlett après sa capture par la police, le 15-02-14, à Brech (56)
Bras enflé de Wolfgang Bourlett après sa capture par la police, le 15-02-14, à Brech (56)
- Interview -
Plusieurs policiers sur un Bonnet rouge, à Brec'h, le 15 février : sale blessure au bras

Wolfgang Bourlett, 31 ans, un jeune père de famille habitant Pouldreuzic, est un terrassier en intérim qui s'est pleinement investi dans le mouvement des Bonnets rouges et dans l'actif comité local du Pays bigouden.

Christian Rogel pour ABP le 21/02/14 20:00

Wolfgang Bourlett, 31 ans, un jeune père de famille habitant Pouldreuzic, est un terrassier en intérim qui s'est pleinement investi dans le mouvement des Bonnets rouges et dans l'actif comité local du Pays bigouden.

Il est indigné par la politique de l'État en Bretagne, qui, pour lui, prouve son incapacité par sa prétention à instituer une écotaxe mortelle pour l'économie locale.

Dès le 21 décembre, se trouvant à Rennes, il avait pris part à une distribution de tracts anti-écotaxe, route de Lorient, puis, le même jour, à La Gravelle (péage A 11).

Il a pris contact avec l'Agence Bretagne Presse pour faire un récit détaillé de la journée du 15 février, au cours de laquelle il a été capturé par les policiers protégeant le portique écotaxe de Brec'h et a été blessé assez grièvement au bras, ce qui a entraîné une incapacité de travail de 10 jours.

Contrairement aux promesses, la police veut faire fuir les manifestants

«Je suis parti de Quimper, dans le camion de tête du convoi et j'ai été surpris de voir, d'une part que les téléphones étaient brouillés au point de rendez-vous, que la police demandait 45 minutes de délai et qu'à l'heure dite, elle a tenté d'empêcher les véhicules d'accéder à la voie express. Un groupe de Bonnets rouges a écarté les gendarmes et les obstacles.

Arrivés devant le barrage, contrairement à ce qui avait été promis, les glissières de sécurité n'avaient pas été démontées.

Alors que le barbecue venait d'être allumé, les policiers se sont avancé et ont arrosé les manifestants les plus proches d'une salve de grenades lacrymogènes en leur disant de partir.» (il était 14 heures 20, NDLR).

Pas d'assaut des Bonnets rouges, mais, des attaques policières sur des individus

«Vers 16 heures, je me suis approché du barrage pour poser un fumigène et un mobile s'est précipité vers moi, puis un CRS a donné un coup de pied au fumigène, je me suis dégagé, mais 9 à 10 CRS et mobiles m'ont assailli à coups de matraque en m'insultant, alors que je me suis accroché à la glissière de sécurité» ( ( voir l'article ) : vidéo). «Un gendarme m'a traîné au sol sur trois mètres et j'ai dit trois fois que je pouvais marcher et il m'a laissé le faire. J'ai été pris en charge par un gendarme en civil qui m'a conduit vers les pompiers, m'a lu mes droits et annoncé que j'étais en garde à vue.»

Il ajoute que lui et les pompiers ont du quitter, un moment, l'ambulance, car, portes fermées, des gaz y étaient entrés et qu'il s'interroge sur les intentions.

Garde à vue ordonnée, puis rapidement levée

«Les médecins du SAMU m'ont pris en charge dans l'ambulance qui m'a conduit à l'hôpital de Vannes, mais, là-bas, on m'a indiqué que la garde à vue était levée.»

Fort heureusement, les radios ne montrent pas de fractures, comme le bruit en avait couru chez les manifestants.

«Mon médecin, qui a vu mon bras enflé et plein d'hématomes m'a dit qu'il avait vu ce genre de dégâts après un accident de voiture, mais, jamais, sur un manifestant brutalisé. Je suis accusé d'avoir allumé des feux et expédié des projectiles, ce que je n'ai absolument pas fait. La Brigade de gendarmerie de Lorient m'a dit qu'elle me convoquerait d'ici 3 à 4 semaines.»

Quelles armes la police a-t-elle utilisées ?

Wolfgang Bourlett, qui a pris un avocat, et veut riposter par une procédure civile, est un adepte des réseaux sociaux et sait se documenter sur Internet. C'est ainsi qu'il a recherché quelles armes avaient été utilisées par la police et si elles étaient autorisées par la loi dans le cas de la manifestation des Bonnets rouges.

Il a trouvé que le gaz lacrymogène PLMP 7 B CS utilisé est prohibé par la Convention de Genève en temps de guerre, son usage devant être évidemment très restreint en temps de paix. L'usage de masques peut, selon lui, s'en trouver justifié à des fins défensives.

Il souligne que l'emploi du lanceur de balle de défense Flash-ball ou similaire est très règlementé selon la situation. Si les manifestants ne portent pas d'armes (cas des Bonnets rouges), seul l'emploi des balles en mousse est autorisé, alors que le lanceur de balles de défense, LDB40 "Exact Impact" à projectiles "mi-dur" de 40×46mm (95 g. avec partie en plastique) ne peut être utilisé que pour riposter à des armes réelles. C'est ce type de fusil qui a été utilisé contre Julien Bervas qui n'était pas armé.

Le Flash-ball avec balles de mousse n'a pas de viseur et son tir, approximatif, est limité à 7-10 m, tandis que LDB 40 mm, qui possède un viseur Eotech-552, a une portée précise entre 10 et 30 m. En 2009, la Direction centrale de la Sécurité publique avait rappelé l'interdiction de viser "au niveau du visage ou de la tête" et la nécessité d'une utilisation "proportionnée". Toujours en 2009, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (saisine 2008-1) (voir le site) a émis des réserves importantes pour l'usage lors d'un attroupement, le déclarant peu adaptée lors de manifestations. Cette arme, potentiellement mortelle, ne peut être autorisée qu'avec l'accord du préfet et celui du Morbihan l'a donc fait dans une manifestation pacifique, au cours de laquelle la police n'a subi aucun assaut collectif. Les tribunaux ont déjà condamné des policiers n'ayant pas respecté la distance règlementaire de 10 mètres (ex. : John David éborgné à Strasbourg, 8-02-13).

Appel à témoins, tentatives de contact avec les hommes politiques et mise en cause des médias

Sur Facebook, Wolfgang Bourlett lance des appels à témoins pour les violences subies par des personnes, dont le syndicaliste agricole Thierry Merret, Julien Bervas (trauma crânien) et Lionel Guilloux (grenade dans les jambes). Il voudrait rencontrer Jean-Yves Le Drian et Bernard Poignant. Il suppose que le fait que la presse écrite couvre mal le sujet est lié aux énormes subventions de l'État (près de 12 M ¤ pour Ouest-France) et c'est pourquoi, il diffuse sa version sur les médias et réseaux indépendants.

Note : Dans les procédures mettant en cause l'État, certains avocats conseillent qu'aucune personne qui s'estime lésée n'aille déposer plainte à la police ou à la gendarmerie, car une procédure civile ne peut être pas commencée, si une action de type pénal est en cours. La procédure civile, qui a pour seul but de demander des dommages et intérêts, ne peut pas être bloquée par l'État et son bras armé, le procureur. Mais, dans ce cas, le fautif ne peut pas être puni d'amende ou de prison.

Propos recueillis par Christian Rogel

20-02-14

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Cet article a fait l'objet de 1919 lectures.
Christian Rogel est spécialiste du livre, de la documentation et de la culture bretonne.
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Vos 3 commentaires
  thierry
  le Samedi 22 février 2014 11:45
bjr a tous il est trés claire que ce samedi 15 février a brech que les intentions du ou des tireurs de flash-ball et de leurs commandement était de blessés certains des manifestants et non de les repousser gentillement .. en tant qu observateur j ai bien ressenti et vu que les tirs (10 ou 12) en majorités ce situaient au dessus de la poitrine et au dessus de la tête aussi comme justifie la balle qui a atteind julien bervars a la tête...les tireurs a mon sens se trouvaient souvent en position aléatoire de tirs ce qui les poussaient a des tirs d urgences sans analyses précises de l objectif... je rappel aussi qu au portique du faou qu un manifestant avait été atteinte au cou a une distance de 10 a 12m sans menace particuliére de la part de cet personne et pour finir je m interroge sur la capacité et la maîtrise qu ont ces hommes a pouvoir détenir de tels armes....d autant plus que la notion de légitime défense ou menace de mort ne s est jamais posée ce jour là.
(0) 
  Loïc Le Sellin
  le Samedi 22 février 2014 19:54
Et tout ça pour quoi?
En théorie, l'écotaxe serait un moyen de réduire la consommation de combustible fossile, inciter les gens à consommer localement et favoriser les transports collectifs de bien et de personnes.
Mais tel que son nom le dit, c'est seulement une taxe. Une manière différente d'aller chercher des fonds dans la poche du contribuable.
Cela permet uniquement à l'état de reprendre le bénéfice qu'il a perdu dans je ne sais quel autre transfert d'actifs (demandez à Monsieur Rogel).
La preuve!? Comme elle est mise en place, elle n'empêche pas le monde de prendre sa voiture pour aller au travail. Elle n'incite pas au ferroutage (les structures ne sont pas adaptées) et les salades ne peuvent se prévaloir de circuits courts en regard de l'étalement urbain autour des grands centres.
L'écotaxe ne fait rien d'autre qu'inciter le consommateur à courir plus vite pour continuer de soutenir son pouvoir d'achat.
Au plan financier, et environnemental, c'est encore pire puisqu'il faut créer une structure administrative, du matériel fixe en bord de route, du matériel embarqué à bord des véhicules, assurer le transfert de données des bords de routes aux centres de traitements, une structure d'entretien pour tout ça.
On a donc extrait des de matières premières, utilisé de l'énergie fossile, et créé une nouvelle demande en systèmes de gestion énergivores.
De plus, la gestion/perception de cette nouvelle taxe est assurée par une compagnie privée donc le but premier reste de faire de l'argent, donc demander plus de bénéfices que de services rendus. Ce qui participe à la montée artificielle des coûts de transports qui seront refilés aux clients/ payeurs de taxes.
La démonstration est faite que pour être plus écolo, on a aggravé le bilan carbone, diminué les ressources naturelles et créé une accélération du système énergivore lui-même.
Il y a beaucoup plus simple!
Mettez le litre d'essence à 10 euros. Ca va booster la motivation à covoiturer, à prendre le transport en commun, ça finance les trams par le surplus de taxes sans aucun surcoût de gestion. Facile!
Mais là, l'état doit assumer sa perte de sympathie auprès des électeurs. Vraiment pas bon. Donc on enrobe tout l'ensemble d'un voile écologique et ça devient philosophiquement acceptable. Personne ne peut être contre la vertu!
Au final on continue sur la même voie. Pire ! Aucune Total/ELF ne voudra diminuer son chiffre d'affaire et mènera des pressions pour que leur pan de l'économie perdure. Et quand bien même on les fermerait, il faudrait encore payer les mises à pied du personnel.
Le fondement de l'existence même du système de consommation est basé sur le besoin d'une croissance perpétuelle. Il faut que les consommateurs continuent de consommer du pétrole et l'écotaxe n'est qu'une manière différente de pomper du fric pour ne jamais arriver à équilibrer les comptes de l'état.
Fermez le ban !
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  Mikael
  le Dimanche 23 février 2014 13:27
Les articles de presse (OF et télégramme) sont souvent mensongés quand il ils rendent compte de ce genre d'évènements. Le mensonge peut n'être que par ommission en évitant de rapporter les éléments qui "fâchent" les autorités.
En tout cas il est délibéré : les journalistes présents voient forcément ce que voient tous les autres. Et s'ils ne sont pas présents, eh bien, ils font mal leur boulot. Parce qu'ils devraient être là et que reprendre les communiqués des services de communication des préfectures, ça fait vraiment léger !
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