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La construction navale bretonne en péril à la fin de l’été
Le 23 mai 2012, une manifestation à Saint-Nazaire réunissait les travailleurs des Chantiers Navals de Saint-Nazaire, dépendant actuellement du groupe sud-coréen STX. Ils défilaient pour attirer l'attention des pouvoirs publics
Louis-Benoît Greffe pour ABP le 26/05/12 9:08
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Vue aérienne des Chantiers du Rohu à Lorient

Le 23 mai 2012, une manifestation à Saint-Nazaire réunissait les travailleurs des Chantiers Navals de Saint-Nazaire qui dépendent actuellement du groupe sud-coréen STX. Ils défilaient pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la situation critique des chantiers bretons et réclamer leur intervention. Des délégations des métallos de Brest, de la CGT Marins de Marseille, de la SNCM et de STX Lorient étaient présentes.

Combien pèsent les Chantiers pour Lorient et Saint-Nazaire ?

Les Chantiers STX de Saint-Nazaire-Penhoët regroupent 2.100 salariés et 2.000 employés sous-traitants repartis sur une quarantaine d'entreprises différentes. Chaque emploi au chantier induit 5 à 6 emplois indirects dans l'économie locale de l'agglomération de Saint-Nazaire, de la Grande Brière et de la Presqu'île. Si les Chantiers venaient à disparaître, ce serait 12.000 emplois dans la sous-traitance directe et indirecte, mais aussi dans le secteur tertiaire (commerces, services) local qui seraient endommagés partiellement ou totalement. La vie économique de plusieurs communes (Montoir-de-Bretagne, Saint-Nazaire, Trignac, Donges, Pornichet, Saint-André des Eaux, Saint-Malo de Guersac, Saint-Joachim, Saint-Lyphard) serait perturbée. Mais aussi de nombreuses entreprises qui utilisent les équipements et les bureaux d'étude du chantier, comme le chantier naval Merré de Nort-sur-Erdre.

Le site du Rohu à Lorient est une unité plus petite : 100 salariés, 80 à 100 employés en sous-traitance sur une vingtaine d'entreprises et 40 intérimaires à temps plein, soit 240 emplois concernés.

Quelle charge de travail reste-t-il aux sites nazairien et lorientais ?

A Saint-Nazaire, depuis l'annonce de 11.600 jours de chômage technique suite à l'annulation de la commande de deux bateaux causée par un cafouillage des pouvoirs publics dans l'organisation du montage financier, les bureaux d'études sont déjà au chômage technique. Dans la production, les ouvriers ont deux jours de chômage technique par semaine. Il reste un bateau à livrer en mars 2013 (l'ex paquebot libyen repris par MSC), un autre petit paquebot en cale, puis la construction des deux demi-BPC sera commencée par anticipation. Les parties arrière sont en effet construites en Russie. Le tout assurera du travail jusqu'à la rentrée, et au mieux jusque début 2013 pour une petite minorité d'ouvriers. Fabrice David, secrétaire général de la CGT à Saint-Nazaire, estime que en 2012, les carottes sont cuites pour la majorité des salariés, mais il faut une commande très rapidement pour rouvrir les perspectives et remettre les bureaux d'études au travail. Car c'est l'une des premières fois dans l'histoire des Chantiers Navals où les ouvriers partent en chômage technique sans savoir s'ils pourront retravailler un jour.

A Lorient où sont produits des navires de 40 à 100 m (patrouilleurs, bacs…) les salariés sont en train de finir à marche forcée (voir le site) un sablier, dont les délais ne seront probablement pas tenus malgré les nombreuses heures supplémentaires mises en place, et un ferry Transrade pour l'agglomération de Lorient. Après la livraison du sablier fin juin, il restera jusqu'en septembre du travail pour dix salariés de l'entreprise et des sous-traitants. Par ailleurs, 35 salariés sont employés à la DCNS pour un contrat de maintenance des superstructures des frégates multi missions (FREMM) de l'armée, le contrat courant sur deux ans. Mais il ne suffit pas à lui seul de faire vivre le chantier, auquel il faut un chiffre d'affaire de 30 millions d'€ par an pour être viable. Le carnet de commande vide et la faible charge de travail indiquent qu'on est loin du compte, ce qui nourrit les craintes des salariés au sujet de la fermeture du site, déjà évoquées en février ( voir l'article ) et de sa fusion avec les Chantiers de Saint-Nazaire.

Quelles perspectives pour sauver la construction navale bretonne ?

Les représentants syndicaux ont rencontré le nouveau sous-préfet de Saint-Nazaire et se sont entendus sur le principe d'une entrevue avec le ministre du Redressement productif (comprendre par cet intitulé « de la réindustrialisation ») Montebourg, sans qu'une date soit pour l'instant fixée. Ils vont demander l'intervention volontariste de l’État pour définir une politique durable de soutien à la filière navale bretonne : soutien pour des montages financiers solides et efficaces, élaboration d'une politique européenne pour éviter la concurrence déloyale entre les chantiers navals du continent, mise en place d'une coopération avec les armateurs français et bretons pour évaluer leurs besoins et y répondre.

Par ailleurs, ils misent sur la diversification des Chantiers. Actuellement, STX a hyper-spécialisé ses chantiers dans diverses niches, par exemple le paquebot pour Saint-Nazaire. Or, Veolia envisage de commander plusieurs navires pour la SNCM – qui est, il est vrai, actuellement en difficulté et en péril de perdre la délégation de service public pour la desserte de la Corse – au site nazairien ; plusieurs des plus solides navires ou ex-navires de la SNCM ont été construits en Bretagne (voir le site) par exemple les Liamone I et II (Alsthom Leroux Naval, Lorient 2000), le Napoléon Bonaparte (Chantiers de l'Atlantique, Saint-Nazaire 1996), le Corse (Dubigeon, Nantes, 1982) et l'Île de Beauté (Dubigeon, Nantes, 1979). Il y a aussi des opportunités dans la construction de nouveaux super-méthaniers.

A Lorient, le Transrade actuellement en construction offre aussi de nouvelles opportunités, notamment dans les pays scandinaves, pour le chantier du Rohu : ce ferry est une première technique : tout électrique, il se rechargera sur une prise électrique pendant un quart d'heure à chaque traversée avant de repartir. Le département de la Gironde a lancé un appel d'offres européen pour la construction d'un bac de 60 mètres afin d'assurer la liaison entre Blaye et Lamarque par la Gironde. Le chantier de Lorient s'est mis sur les rangs et si le candidat présentant le meilleur prix et la meilleure maîtrise technique sera choisi, selon les règles du droit des marchés publics, les unions départementales CGT de la Gironde et du Morbihan, la CGT des deux conseils généraux, les CGT métallurgie des deux départements, le syndicat CGT chez STX et la Fédération nationale CGT de la Métallurgie (voir le site) ont appelé le conseil général de la Gironde à prendre en compte dans leur choix la situation critique du chantier lorientais et sa maîtrise dans la réalisation de ce type de navires. Si le site du Rohu venait à remporter ce marché, il représenterait un an et demi de charge de travail.

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 1979 lectures.
Étudiant en droit-histoire à Orléans. Je m'occupe de la Loire-Atlantique et de son patrimoine.
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Vos 1 commentaires :
Yann PANTEL Le Samedi 26 mai 2012 17:18
Salut,
Juste pour compléter, je faisais partie de la délégation des marins de Marseille (compagnies SNCM et CMN); comme vous le dites dans l article la SNCM connait une réduction de son activité sur la desserte de la Corse et dans cette situation le renouvellement de la flotte est un mensonge du président Marc Dufour (visant a faire croire que tout va bien) alors qu il a été place par Sarkozy pour démanteler l entreprise. Aujourd'hui hui avec le changement de gouvernement, la CGT marins espère un changement de politique qui permettrait le vote d un projet de loi qui imposerait le pavillon Français a toutes compagnies basées en France et opérant dans les secteurs exclus du RIF, ce qui ferait cesser la concurrence déloyale de Corsica Ferry et permettrait de sauver la SNCM et la CMN, de pérenniser leurs situations et ces compagnies auraient effectivement le besoin de renouveller leurs navires.
Alors dans le cadre de la politique de reindustrialisation du pays promis par le candidat et par le biais du financement de son projet de banque publique d investissement, il est évident aux yeux de la CGT que ces navires ne pourraient se construire ailleurs que dans les chantiers de l Atlantique.
C est ce que la CGT compte très rapidement explique lors de sa rencontre avec le ministre Montebourg; l Etat pourrait sauver et sécuriser 3 entreprises d un coup (SNCM, CMN et STX). Ça demande juste de la volonté et du courage politique, montrez que "le changement c est maintenant" n est pas qu un slogan de campagne.
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