Louis Joxe (1901-1991) et son fils, Pierre Joxe (né en 1934), ont tous les deux été des "poids lourds" de la vie politique française sous la Ve République, le père ayant été un proche du général De Gaulle et le fils, une des têtes du Parti Socialiste. Ni l'un, ni l'autre n'ont témoigné la moindre sympathie pour les idées de décentralisation et de régionalisation et ils ont incarné au contraire une conception très jacobine de l'État. Et pourtant, ce qui est peu connu, ils descendent d'une vieille famille bretonne de Pontivy...
Louis Joxe était né le 16 septembre 1901 à Bourg-la-Reine (Seine) et il était le fils d'Auguste Joxe (1871-1958), professeur agrégé en biologie. Il se dirigea lui aussi vers le métier d'enseignant et passa l'agrégation d'histoire et de géographie, mais, après un bref passage dans l'enseignement, il entra dans le cabinet de Pierre Cot, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, puis ministre de l'Air. Révoqué par le gouvernement de Vichy en 1940, il partit enseigner au lycée d'Alger, mais le général De Gaulle le nomma bientôt secrétaire général du Comité français de Libération nationale (1942-1944), puis secrétaire général du Gouvernement provisoire de la République française. Il entra ensuite au ministère des Affaires étrangères et devait être ambassadeur de France à Moscou, puis à Bonn, avant d'entrer au gouvernement en 1959 comme Secrétaire d'État chargé de la fonction publique et d'y être ensuite ministre de l'Éducation nationale, ministre chargé des Affaires algériennes (c'est lui qui, à ce titre, négocia avec le FLN l'indépendance de l'Algérie à Évian), puis à nouveau à l'Éducation nationale et ensuite chargé de la Réforme administrative et enfin garde des sceaux, ministre de la Justice. En 1977, il fut nommé membre du Conseil constitutionnel où il siégea jusqu'en 1989. Louis Joxe mourut à Paris le 6 avril 1991.
Son fils Pierre, né le 28 novembre 1934 à Paris, entra à l'ENA en 1960 et entra en 1962 à la Cour des comptes, puis occupa ensuite divers postes dans l'Administration. Parallèlement, il s'engagea dans le travail de rénovation de la gauche non-communiste aux côtés de François Mitterrand au sein de la Convention des institutions républicaines, participa en 1971 au fameux congrès d'Épinay au cours duquel ce dernier devint le numéro un du parti socialiste. Il en reste un des plus proches collaborateurs et en 1981, il fut nommé ministre de l'Industrie, puis il présida le groupe socialiste à l'Assemblée Nationale pendant trois ans. Il fut nommé en 1984 ministre de l'Intérieur et de la décentralisation. En 1991, il devint ministre de la Défense. En 1993, il fut nommé Premier président à la Cour des comptes avant d'être nommé en 2001 au Conseil constitutionnel, où avait siégé son père quelques années avant.
Pierre Joxe est aussi président de la Fondation pour le protestantisme. La famille Joxe est en effet de tradition protestante et elle l'est depuis longtemps, ce qui faisait des ancêtres bretons de Louis et Pierre Joxe, modestes artisans, les membres d'une étroite minorité et, pour cette raison, de fervents républicains. Voici ce que déclarait Louis Joxe lui-même : "Breton par mon père, Alsacien par ma mère, je me sens proche de ces deux solides provinces... De l'héritage breton, je n'ai connu que mon père, fils de menuisier".