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Pierre Lemoine : Son testament politique
C'est un peu son testament politique qu'a fait Pierre Lemoine, samedi dernier à l'âge de 84 ans. Pierre Lemoine a une longue carrière de combats pour la Bretagne
Par Philippe Argouarch pour ABP le 2/03/11 14:00

Invité par le parti indépendantiste Adsav, réuni samedi dernier à Saint-Ségal pour son congrès, Per Lemoine a récapitulé son engagement surtout à l'UFCE, tout en développant l'essentiel du combat breton pour les nouvelles générations. C'est un peu son testament politique qu'a fait Pierre Lemoine. Il a 84 ans.

Une longue carrière de combats pour la Bretagne

Pierre Lemoine interrompt ses études en 1943 pour s'engager à 16 ans dans la Résistance avec son père et son frère. En juillet 1943 ils sont tous trois arrêtés et condamnés. Ils échappent miraculeusement au peloton d'exécution en s'évadant. Après la guerre et des études à Paris, Pierre Lemoine devient architecte.

Il adhère à l'Union Fédéraliste des Communautés ethniques en Europe ou UFCE, dès sa fondation en 1949 par le Breton Joseph Martray. Il en est vice-président de 1980 à 1986, puis président pour l'Europe de 1986 à 1990. Il représentera l'UFCE au Conseil de l'Europe de 1990 à 2008 et à l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) de 1992 à 2008.

Un des quatre dirigeants du FLB (le Kuzul Meur du Front de Libération de la Bretagne) dans les années 60, il est arrêté en 1969 puis amnistié. Harcelé et surveillé pour ses activités, il décide alors de se réfugier à Jersey dans les années 1970 où il réside encore une partie de l'année.

Il est membre de l'Institut Culturel de Bretagne, et ancien président de la section Relations Internationales. Il est également cofondateur du Mouvement pour l'organisation de la Bretagne (MOB) et fait partie de la rédaction d'Armor magazine.

Breton d'abord

"Vous êtes Breton d'abord" déclare Pierre Lemoine. Vous êtes de gauche ou de droite mais vous êtes breton d'abord. Bien définir les priorités. L'union doit être sacrée a réaffirmé Pierre Lemoine. "C'est du suicide de nous attaquer mutuellement" dit-il. Il ne s'agit pas, comme le caricaturent certains, d'être ni de gauche ni de droite, mais bien de rassembler les gens de gauche comme de droite sur l'essentiel : la libération de la Bretagne. Les grands partis français feront tout pour éviter cette éventualité. Certains pensent que les partis bretons seraient infiltrés dans l'unique but d'éviter cette possibilité si dangereuse pour les jacobins champions de la république centraliste une et indivisible.

Il faut continuer à croire en l'Europe

Les minorités nationales européennes sont les colonisés du XXIe siècle affirme Per Le Moine. Pour lui : il faut continuer à croire en l'Europe d'où viendra notre salut. "Nous n'avons personne pour nous aider, sauf l'Europe". Les avis de l'Europe ne pourront être ignorés éternellement. "Un jour ça cassera"... pense Pierre Lemoine. Pour Lemoine les jours de l'arrogance française sont comptés et avant cinq ans, la charte des langues minoritaires sera ratifiée. À ce sujet Pierre Lemoine rappelle que la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ainsi que la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales ont été initiées et rédigées par l'UFCE avant d'être proposées au Conseil de l'Europe.

Appel aux jeunes

Pierre Lemoine demande aux jeunes de prendre la relève et de rejoindre l'UFCE ou l'association des Jeunes de l'UFCE. Citant la Lituanie, dont la richesse par habitant n'est que le cinquième de la richesse par habitant en Bretagne, Pierre Lemoine rappelle que tout est possible mais "Il faut oser" ... Il faut être là (dans les instances internationales). Il faut dire et même hurler.

L'internationalisation du problème breton

À noter qu'il existe d'autres organisations internationales prenant en cause la Bretagne surtout au sujet des langues de Bretagne, comme EBLUL, le Bureau européen des langues moins répandues qui, en 2008, était au premier forum des Nations unies sur les minorités à Genève. Depuis 1981, l'ICDBL (International Committee for the Defense of the Breton Language), une association internationale pour le breton et les droits des Bretons et dont le siège est aux États-Unis. L'Institut Culturel de Bretagne a aussi une section Droit et Institutions très active au niveau international en particulier avec la FRA, l'Agence des Droits Fondamentaux de l'Union Européenne. Sans oublier bien sûr, les réseaux sociaux comme Facebook qui n'ont pas de frontières si ce n'est la langue exprimée.

Philippe Argouarch

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 2 commentaires
Charles de Saint-Pierre Le Mercredi 2 mars 2011 16:23
Un grand homme.
Un testament politique bouleversant, qui doit être une révélation pour tous les jeunes Bretons voulant s'engager pour leur pays.
(0) 
Paul Chérel Le Vendredi 4 mars 2011 16:33
Bravo à Pierre le Moine pour son appel aux jeunes afin qu’ils prennent la relève de l’UFCE dans l’œuvre entreprise au sein de l’Europe pour y faire entendre la voix de la Bretagne en association fraternelle avec tous les autres peuples qui y sont assujettis, très souvent contre leur gré. En ce qui concerne la France, il ne faut certainement pas compter sur les élus au Parlement Européen pour mener ce combat, car c’en est bien un et nécessaire ; soit que ces élus appartiennent à un parti hexagonal, dont le siège est à Paris, plus ou moins eurosceptique sans l’avouer, soit qu’ils ne voient dans l’Europe qu’un refuge ou un paravent pour faire passer des idées ou réformes indispensables mais impopulaires sans en prendre la responsabilité. L’UFCE au moins sait frapper aux bonnes portes et sait pourquoi. Comme le signale Pierre Le Moine, il existe bien quelques associations purement culturelles qui se cantonnent un peu trop malheureusement dans la seule défense de la langue bretonne. Elles ont leur mérite mais l’Europe ne reconnaît que les langues qui ont déjà un statut officiel ou semi-officiel et on tourne forcément en rond. Le combat doit être mené sur bien d’autres fronts, politique, économique et social. Paul Chérel
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