Réunis en assemblée générale à l'appel de l'intersyndicale CGT-UNSA-SLEM/SUD, ils étaient près de 400 à la salle Cosmao-Dumanoir hier après-midi.
Près d'un tiers du personnel communal lorientais faisaient face à Emile Jétain, adjoint au maire en charge du personnel. A cinq jours des élections municipales, l'ambiance à Cosmao était plutôt chaude. Que se passe-t-il donc à Lorient ?
Déjà, le 20 décembre dernier, une forte délégation syndicale s'était invitée à la réunion du conseil municipal pour y déposer une motion, remise à chaque groupe politique. "Lorient, une ville de gauche ?" interrogeait l'intersyndicale qui dénonçait "la dégradation quotidienne des conditions de travail, l'exaspération des agents, les démissions et surtout une absence de véritable dialogue social."
"Stress, pression, harcèlement moral et syndical, rythme de travail inhumain pour certains (12 heures d'affilée payées 8 heures en travail normal)", l'intersyndicale évoquait encore des "personnels épuisés" en raison du "non remplacement des personnels malades ou en formation", conduisant à des "arrêts de travail en augmentation et des démissions". Un réel malaise social amplifié par la "non reconnaissance du travail fait et des compétences des agents", la dégradation du pouvoir d'achat (moins 6 % sur le dernier mandat), les maigres avancées sur le régime indemnitaire, la non application par la ville d'arrêtés ou décrets pourtant légaux (auxiliaires de soins, assistantes maternelles, agents de la médiathèque...), la suppression d'acquis sociaux comme les réductions accordées dans les services gérés par la ville, la multiplicatiton des contrats précaires payés à l'heure (plus de 300 aujourd'hui parmi les employés communaux).
Enfin, l'intersyndicale s'étonnait de constater que les politiques sociales conduites sur la communauté de communes et à Lorient Habitat, toutes deux présidées par Norbert Métairie, soient plus avantageuses qu'à Lorient, dont le mairie est le même Norbert Métairie.
Questions sans réponses
Plus deux mois après le dépôt de cette motion, aucun des groupes de la majorité municipale n'a répondu aux questions posées par l'intersyndicale. Au PS, au PC, chez les Verts ou à l'UDB, c'est le silence radio. Seul Fabrice Loher, chef de file de l'opposition municipale, a pris la peine de répondre dans une lettre de deux pages.
"Les réponses de Loher, c'est démagogique" nous disait Françoise, "il soutient Sarkozy et Fillon qui attaquent tous les acquis sociaux." Un sentiment partagé par beaucoup dans la salle, et sur lequel Emile Jétain s'empressait de s'appuyer pour dire que "si la volonté nationale était à gauche, ce serait incontournable de lui emboiter le pas." La dégradation sociale subie par le personnel communal justifiée par la politique gouvernementale ?... La pilule avait de la peine à passer dans la salle...
A Monique qui demandait "pourquoi avoir supprimé les gratuités dont bénéficiait le personnel communal dans les établissements gérés par la municipalité", Emile Jétain répondait : "Cela mérite réflexion. Comment expliquer à un employé de Carrefour que lui paie un service, et que vous non !" Un employé, fortement applaudi, répliquait aussitôt : "Les employés du privé ont aussi des avantages sociaux. Ce sont les avancées des uns qui favorisent celles des autres. Pas l'inverse !" Une animatrice de garderie évoquait ses trois heures de travail quotidien. Douze heures par semaine, payées au SMIC, avec obligation de payer la garderie et la cantine de son enfant pendant qu'elle travaille. "Nous offrir ces services pendant qu'on bosse, c'est aussi un moyen d'augmenter le pouvoir d'achat de tous ceux qui sont sous contrat horaire." soulignait un animateur, également applaudi.
Car ils sont plus de 300 à travailler sous contrat horaire à la mairie de Lorient. Et pour beaucoup, c'est une heure le matin, deux le midi ou le soir... et pas forcément tous les jours, et pas forcément au même endroit. Avec l'obligation d'accepter dans l'espoir d'être un jour titularisé. Certains attendent depuis plus de six ans ! "Nous sommes tenus au respect de la légalité. Nous devons d'abord recruter du personnel ayant passé les concours", justifiait Emile Jétain, "sur certains postes, on ne peut pas avoir des temps pleins."
Pour ces emplois payés à l'heure, l'intersyndicale demande une garantie de salaire égale à 50 % de la durée légale du travail. Elle n'a pas eu de réponse.
Des réponses ? Emile Jétain n'en a d'ailleurs pas apporté au cours de cette réunion. Toutes les questions posées par l'intersyndicale restent donc en suspens. Il est vrai qu'à moins d'une semaine des élections, il n'était plus temps ! Mais à qui la faute ?
Quoi qu'il en soit, cette assemblée générale a clairement montré que le mécontentement social est aujourd'hui grandissant dans le personnel communal à Lorient. Une page est en train de se tourner et il faudra bien que, demain, ses revendications soient entendues et que des négociations s'ouvrent. Quelle que soit la majorité qui sortira des urnes, la prochaine équipe municipale devra impulser une nouvelle dynamique au dialogue social interne. Car visiblement, il y a urgence.
Pierrick le Feuvre
* Les prénoms ont été volontairement changés.
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