Les mains sales
Il fallut longtemps pour comprendre l'origine de l'une des plus tragiques des maladies nosocomiales : la fièvre puerpérale, cette septicémie des accouchées.
Cette forme particulière de septicémie touchait dans une effroyable proportion les femmes hospitalisées pour leurs couches, qui se trouvaient infectées par un streptocoque, véhiculé par le personnel des maternités, le matériel médical , et les linges. A cette époque, on ignorait presque tout des maladies microbiennes, jusqu'à l'existence de « microbes ».
Le médecin qui remarqua que les femmes accouchant chez elles ou même dans la rue survivaient bien plus souvent, fut combattu par ses pairs, qui s'estimaient blessés dans leur dignité doctorale.
Il fut même obligé de démissionner, sans abandonner sa quête de vérité, à une époque où Pasteur n'avait pas encore fait ses découvertes bactériologiques.
La médecine tentait même d'expliquer la fréquence de ces mortelles fièvres puerpérales par la honte des « filles mères », qui affaiblissait leur organisme.
Il en va de même, à ce jour, avec la fièvre procédurale.
Jamais nos nouveaux intouchables n'admettront que les destinées des enfants et des parents en difficulté seraient nettement adoucies et respectées si leurs serres s'ouvraient, si la capture illégale de ces gens en difficulté venait à cesser, s'ils laissaient les gens se séparer librement.
Jamais le lobby noir n'acceptera de présenter ses excuses pour les dizaines de milliers de pères jetés dans la rue, la folie et même la mort par la faute de leurs captures, de leurs absurdes besoins de business au mépris des lois civilisées, de leur lutte intestine contre la création d'outils sociaux novateurs afin d'épauler les parents en difficulté, sans jugements de valeurs, sans discrimination fondée sur le sexe, sans instauration d'un malsain rapport de pouvoir entre eux, principal facteur de contre-éducation et d'instauration de valeurs immorales pour notre enfance.
Bien au contraire, plutôt que de reconnaître ces évidences, chacune de leurs interventions n'a d'autre but que de vanter leurs intromission abusive dans cette problématique. Ceux qui les critiquent sont des malades, des gens à exclure, des complophobes ou des paranoïaques anarchistes. Et, du moins pour ceux qui peuvent encore s'exprimer, ils démontrent par leur folles théories contre la « justice » qu'ils ont bien mérité le sort parental qui leur fut réservé.
Mais en réalité, ce mécanisme du bouc émissaire, du retournement de la faute, peut trouver d'autres support que la quête de vérité du docteur Sellem Weiss, qui fut même accusé dans ces années 1850 de se tromper parce qu'il était étranger.
L'inquisition dite « sainte », les « travaux » du docteur Goebbels, les théories racistes développées pour les besoins de la colonisation, firent appel à de telles ficelles grossières après coup, terroristes durant les oppressions considérées.
Il aura fallu l'obstination d'un médecin pour que les parturientes ne soient plus culpabilisées de tomber malades, et soient bien plus souvent épargnées par le simple fait de se laver les mains avant de les accoucher et de les examiner.
Bien se laver les mains pour aborder un couple en difficulté consiste à lui éviter de se présenter dans le milieu conflictuel le plus contagieux qui soit : le tribunal.
L'obstination de milliers de pères courage en Europe, le mépris asséné à des millions d'autres qui n'eurent pas la force de résister, pourront-ils contribuer à abolir cette forme inouïe de violence institutionnelle, de traitement parental absurde, et de capture mercantile par une caste d'intouchables dont le cynisme rivalise avec l'irresponsabilité ?
Peut-être. En tous cas, eux aussi s'en laveront les mains.
Mais comme il ne s'agit pas d'un problème infectieux, mais bien d'un problème éthique, déontologique et moral, avec une écrasante culpabilité judiciaire à jamais niée, elles resteront sales.