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- Communiqué de presse -
Bretagne, schéma régional du tourisme
Qu'il serait plaisant de visiter le site du Conseil régional et de se sentir apaisé au lieu d'éprouver une répulsion à l'endroit de toutes les manifestations d'une politique tutélaire qui amollit les esprits, paralyse les volontés et prétend tout diriger en n'agissant sur rien. Quand
Par Jean Yves Quiguer pour Mouvement fédéraliste de Bretagne le 27/09/07 23:30

Qu'il serait plaisant de visiter le site du Conseil régional et de se sentir apaisé au lieu d'éprouver une répulsion à l'endroit de toutes les manifestations d'une politique tutélaire qui amollit les esprits, paralyse les volontés et prétend tout diriger en n'agissant sur rien.

Quand le Conseil régional parle, la Bretagne tousse

Le Président de la région connaît la fertilité de la Bretagne, mais là comme ailleurs, quand on y sème des fonctionnaires, on y récolte des impôts. Et, depuis la Breizh Touch, le biniou est devenu un instrument de dépense publique ; un de plus. Quand la Bretagne ne trouve pas mieux pour affirmer sa différence que de copier par mimétisme cette pratique française douloureuse de la dépense publique, elle ne s'honore pas.

On apprend que la Bretagne vient d'adopter son premier schéma régional du tourisme.

Ses objectifs affichés sont de renouveler le modèle de développement touristique en l'inscrivant dans une démarche durable et en réorganisant l'ensemble de son réseau d'acteurs pour mieux fédérer les énergies.

C'est un procédé de rhétorique administrative qui ne veut rien dire puisqu'il est impossible de formuler le contraire. Qui écrirait qu'il faut désorganiser l'ensemble du réseau d'acteurs pour mieux diviser et isoler les énergies ?

Ce qui inquiète est cet amalgame produit à dessein entre le tourisme et les vacances. Il n'y a pas, ou si peu, de touristes en Bretagne. Il n'y a guère que des vacanciers.

Le temps des vacances est un temps libéré par un ordonnateur unique qui produit une concentration maximale en juillet et en août et quelques semaines en hiver.

On sait que les vacanciers en Bretagne sont majoritairement originaires de Bretagne et un peu du Grand Ouest. On peut parler d'économie présentielle, mais quel est le gain pour la Bretagne quand un rennais passe ses vacances à Saint Malo ou à Damgan ?

Quand le rennais est touriste à Saint Malo, ou le briochin touriste au Val-André toute l'économie touristique régionale se vide de sens. Et il ne suffit pas de voir quelques anglais sur une route départementale pour en conclure que la Bretagne attire les Britanniques. 87% des Britanniques qui partent en vacances utilisent l'avion comme moyen de transport. La Bretagne ne capte pas ces flux.

Les vacances, c'est le temps de la saisonnalité.

Le tourisme, c'est une industrie des quatre saisons.

Comment parler d'économie touristique quand les acteurs sont en hibernation 8 mois sur 12 et les capacités d'accueil en catalepsie volontaire ?

Les conséquences sont désastreuses : - Résignation à un chômage technique périodique - Fragilité des métiers dévalorisés par le temps partiel - Sous-exploitation des structures - Allongement insensé du retour sur investissements - Inflation foncière et immobilière par l'accroissement des résidences secondaires - Consommation d'espace exagérée et atteinte à la biodiversité pour les mêmes raisons - Médiocrité des chiffres d'affaires

La confusion des vacances avec le tourisme favorise les institutions en ménageant les personnels et elle satisfait un certain nombre d'acteurs pour lesquels il s'agit de faire de l'argent pendant la saison et être libre le reste de l'année.

Il est inutile et coûteux d'investir dans une extension des capacités d'accueil qui seront sous-exploitées tant que l'exploitation du facteur temps n'est pas pris en compte.

A PROPOS DES VACANCES

La France est le seul pays d'Europe où le calendrier des vacances scolaires est décidé autoritairement et applicable en tous lieux. Ce décret assigne la date de la grand-messe des départs et des fréquentations, avec sa cohorte d'accidents, de bouchons, de temps perdu, de pollution et de capacités d'accueil contraintes à signifier qu'elles sont complètes. Le zonage est une fausse bonne solution.

Seul le fédéralisme permettrait d'éclater ce cadre contraignant et économiquement destructeur. Chaque région devrait pouvoir décider de son calendrier, en fonction de sa géographie, de son climat, de ses pratiques et de ses désirs. La haute-saison (peak season) pourrait alors durer 4 mois. La pré-saison (shoulder-season) serait renforcée. Il n'est pas non plus inutile d'éveiller les esprits des visiteurs retraités pour qu'ils comprennent qu'ils n'ont pas forcément besoin de calquer leurs pratiques sur celles des parents d'élèves.

Et c'est précisément ce qui se passe dans le tourisme. Les tour-operators qui travaillent avec des clientèles originaires des pays de l'Europe du nord n'ont pas ces contraintes temporelles.

A PROPOS DU TOURISME

Le tourisme mondial se porte bien mais un grain de sable pourrait enrayer la belle machine… Pour la période 2002-2050, le poids des transports aériens dans le réchauffement climatique devrait passer de 3.5% à environ 10%. Quand le Conseil régional évoque le tourisme durable, on croit rêver. Le tourisme, qu'il soit de masse ou alternatif, est tout sauf un ingrédient du développement durable. La première composante de l'acte touristique est le transport. Il ne faut pas considérer le touriste comme étant déjà-là. Le transport, son coût, ses effets négatifs, la pollution qu'il génère, sont des paramètres qu'il convient de considérer avant même d'envisager un déplacement possible. L'Association Flight Pledge prône la limitation des déplacements en avion, notamment les vols de loisirs pour de courtes distances et des courts séjours, rendus récurrents depuis l'avènement du low cost et qui sont aujourd'hui une tendance forte. Elle collecte les signatures de personnes s'engageant dans ce sens sur son site internet. Ces signatures doivent permettre de faire pression sur l'Union européenne afin qu'elle augmente les taxes sur les carburants des avions et doivent aussi faire prendre conscience que le transport aérien génère des taux considérables de gaz à effet de serre et contribue de façon exponentielle au réchauffement climatique. De plus, la croissance du trafic aérien exige un développement croissant des infrastructures aéroportuaires, ce qui implique une emprise plus grande sur les sols, une pollution sonore non maîtrisée et un encombrement accru de l'espace aérien, avec tous les risques que cela représente. ( (voir le site) La réflexion du Conseil régional évite le véritable questionnement sur la nature même du tourisme et son évolution sous les contraintes qui l'enserrent. On a moins besoin de Comité Régional du Tourisme, de Comités Départementaux du Tourisme, de Pays d'Accueil touristiques, en un mot moins besoin de dépenses publiques, que d'acteurs efficaces sur le terrain qui ne demandent rien d'autre que d'être libres pour agir et se développer. Car ce sont ces derniers qui sont les professionnels, et non les agents publics, source de taxes et autres impôts, qui amaigrissent les chiffres d'affaires jusqu'à obérer les comptabilités.

TOURISME ET VACANCES

Contrairement aux propos péremptoires qui déclarent que le tourisme est intelligent et que les vacances ne seraient qu'affligeantes (pour ne pas bronzer idiot) il convient de souligner que le tourisme n'est que la prolongation de la division du travail et qu'il s'inscrit dans l'ordre de la production. Le tourisme relève du temps plein qui s'oppose au vide des vacances. Les vacances sont d'abord la vacance, le vide. Non seulement l'absence de l'entreprise, de la contrainte, mais aussi l'absence des valeurs imposées. On peut certes, remplir le temps des vacances en faisant du tourisme, mais c'est accepter d'être assigné à cette fonction de remplissage du temps. Et en analysant les nouvelles tendances, on s'aperçoit qu'un « trend » très puissant est celui du « slow » . Les nouveaux touristes veulent aller lentement, vivre lentement, se laisser vivre. Ils ne sont plus des consommateurs gogo parce que l'acte de consommation n'est plus prioritaire. Ils sont profondément des vacanciers au sens étymologique du terme.

QUEL TOURISME

Transformer une friche industrielle en en faisant un musée pour utiliser la nostalgie est tout sauf du développement. Le développement est toujours un regard porté vers l'avenir, parce que c'est un regard responsable qui engage les générations à venir. Dans nostalgie, il y a algie. La linéarité de l'histoire s'est courbée et forme un pli que le tourisme habite. L'homme a été nomade, puis sédentaire (assis). Il se redécouvre et se lève, se met en mouvement pour habiter le monde. Habiter dans le sens que lui confère Heidegger : être. L'habitation est la manière dont nous sommes sur terre. Le tourisme est une façon d'apprendre à habiter. Il invite à sortir du logement qui enferme les habitudes, pour penser une présence dans le monde, par-delà les clôtures et les horizons immédiats. Par l'ouverture, la rencontre et le dialogue, la découverte et le partage, le tourisme est une des modalités de l'être de l'habitation.

S'EMANCIPER DU CARCAN DE LA SAISON

Le tourisme breton privilégie le littoral. C'est le gisement touristique de la Bretagne et il faut être lucide : le tourisme rural en Bretagne est une vue de l'esprit. Tréguier, qui aurait pu être Sarlat, n'est pas Sarlat. Il existe cependant des techniques pour attirer des touristes en dehors de l'été. Il est possible de créer des activités indoor et d'utiliser la nature pour ce qu'elle est. A vouloir vendre la mer et ses plages, on aura beaucoup de mal à attirer les touristes qui vont en Floride ou dans les Caraïbes. On nous dira qu'en Bretagne, en dehors de la haute-saison, il fait du vent, il pleut. Il pleut aussi en Irlande et le tourisme y est fort développé grâce à Barry Maybury qui a su identifier les atouts de son pays.

Des exemples qui exploitent le vent au lieu de le subir : - Le cerf-volant a grandement évolué et ses types sont très variés: cerf-volant de une à quatre lignes, cerf-volant de traction, acrobatique, dirigeable, statique, combattant, etc. - La planche à voile ou windsurf est constituée d'un flotteur propulsé par une voile. Elle se pratique aussi bien en eau calme que sur des plans d'eau agités, voire dans les vagues. - Le kitesurf, planche de surf tractée par un cerf-volant, se pratique également sur l'eau et attire de plus en plus d'adeptes des sports de glisse. - Le char à voile (ou char à cerf-volant ou kite buggy) est un sport de vitesse composé d'un petit engin sur roue propulsé par une voile qui peut atteindre des vitesses de l'ordre de 80 km/h. On le pratique en général sur de grandes plages. - Le mountainboard, genre de skateboard tout-terrain, permet un certain nombre de figures de sauts dérivés du kitesurf. - Le parapente et le delta-plane ont besoin d'abord d'altitude, mais également de vent pour faire durer la descente et pour se déplacer.

Plusieurs rassemblements sont organisés pour la pratique de ces sports, tant sous la forme de festivals que de compétitions.

Sortons de l'idée que l'activité touristique est une activité tertiaire de services et réfléchissons sur ce processus de transformation de matières premières en produits. Les ressources forment la matière première du tourisme. L'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) distingue deux concepts : 1° Le patrimoine touristique : « L'ensemble potentiel connu ou inconnu des biens matériels ou immatériels à la disposition de l'homme et qui peuvent être utilisés, au moyen d'un processus de transformation, pour la satisfaction de ses besoins touristiques » . 2) Les ressources touristiques : « Tous les biens et services qui, par l'intermédiaire de l'activité de l'homme et des moyens dont il dispose, rendent possible l'activité touristique et donnent satisfaction à la demande » . La ressource peut être naturelle ou artificielle. Les chutes du Niagara sont naturelles, EuroDisney est artificiel. La Bretagne est riche de gisements touristiques existants, en dehors de la mer et de son patrimoine bâti et culturel. Il suffit de la regarder avec un regard nouveau. Et elle est aussi riche de gisements à créer. Mais ne comptons pas sur la Région pour soutenir les idées nouvelles. Elle ne trouvera pas mieux que de les taxer quand ça ne sera pas de les empêcher de naître. Et elle ne soutiendra que des projets locaux au parfum politique qui lui correspond. Ainsi les socialistes au pouvoir régional peuvent soutenir l'extension du port de plaisance de Saint Cast. C'est une ineptie. En Bretagne, la plupart des plaisanciers vivent à moins de deux heures du port d'attache. L'activité de plaisance s'inscrit dans un bassin avec des routes et des flux déterminés. Saint Cast n'a pas la capacité de générer de nouveaux flux. Ce que Saint Cast prendra sur les flux existants, d'autres ports le perdront. Ils ne sont sans doute pas sous le contrôle des socialistes. Quand on sait qu'il faut 100 anneaux de plus pour créer un emploi à plein temps, on comprend mieux pourquoi cette extension de garage à bateaux n'a aucun sens. On a un schéma touristique régional, non pensé, qui décline une litanie de verbes que l'on trouve dans tous les textes de planification collectiviste : Inciter, aider, harmoniser, simplifier, mettre en cohérence, finaliser…….. La première simplification serait de faire l'économie de ce schéma/plan et de simplement proposer de soutenir les bonnes initiatives sans jouer les inspecteurs ni les contrôleurs d'un pouvoir toujours contraignant et contrariant. La première simplification est de laisser les citoyens disposés de leur libre arbitre , de leur faculté de penser, de sentir et d'agir par eux-mêmes. Ces interventions du pouvoir régional qui infantilisent les citoyens on un effet boomerang. « Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire » . A. de Tocqueville Le tourisme est avant tout rencontre et dialogue. Il n'existe que dans la positivité des acteurs. Il faut donc le provoquer avant de le promouvoir.

Le 25 septembre 2007 Jean-Yves QUIGER

Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne

Voir aussi sur le même sujet :
Cet article a fait l'objet de 1953 lectures.
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne plaide et milite pour l'adoption d'une architecture fédérale en Bretagne, en France et en Europe. Membre de l'Union des Mouvements Fédéralistes (UMF), il défend le concept de fédéralisme contractuel dans le cadre des institutions et celui du fédéralisme intégral dans le cadre de la société. LE MFB n'adhère pas à l'idée d'une fédération d'états-nations qui n'est qu'une forme de confédération conduisant aux mêmes échecs que l'actuel état-nation dont nous allons prochainement porter le deuil. C'est ce qui justifie un fédéralisme inspiré de la doctrine contractualiste en opposition avec la doctrine étatiste. Ce qui est bon pour le tout, l'est aussi pour les parties. Il ne saurait exister de fédéralisme européen sans un fédéralisme local, d
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